La question de la surdouance des Éthiopiens en Israël se situe à l’intersection de plusieurs thématiques socioculturelles et historiques.
Elle soulève des questions sur l’intégration, l’éducation et la société.
Pour bien comprendre ce sujet, il est crucial de fournir un contexte historique, d’examiner les conditions sociales actuelles, et d’aborder la manière dont ces facteurs influencent la reconnaissance et le développement des surdoués au sein de cette communauté.
Contexte historique
Les Juifs éthiopiens, ou Beta Israël, ont une histoire ancienne en Éthiopie et une relation complexe avec le judaïsme mondial.
La plupart des Beta Israël ont immigré en Israël au cours de deux grandes vagues : l’opération Moïse en 1984 et l’opération Salomon en 1991, cherchant à échapper aux conflits civils et à la famine en Éthiopie.
Bien que leur immigration ait été motivée par un désir de retrouver leur patrie spirituelle, ils ont été confrontés à des défis importants.
Défis d’intégration
Malgré leur patrimoine juif, les Juifs éthiopiens ont été perçus comme « différents » par la société israélienne. Ils ont fait face à des barrières linguistiques et culturelles, et ont souvent été marginalisés sur le plan économique et social. Ces défis ont influencé leur intégration dans le système éducatif israélien.
Les tests standardisés traditionnels utilisés pour identifier les surdoués peuvent ne pas être adaptés aux Juifs éthiopiens en raison de facteurs culturels, linguistiques et socio-économiques. Cependant, malgré ces obstacles, plusieurs facteurs expliquent pourquoi un nombre notable de jeunes Éthiopiens en Israël sont perçus comme surdoués.
La recherche sur les capacités cognitives des Juifs éthiopiens, notamment en ce qui concerne le développement de la mémoire à travers les études religieuses, montre que cette communauté possède des pratiques culturelles et religieuses uniques qui pourraient influencer leurs capacités cognitives.
Les Juifs éthiopiens, ou Beta Israël, ont maintenu une tradition juive qui diverge de la tradition rabbinique majoritaire en Israël.Cette divergence comprend des conceptions différentes de concepts clés tels que la repentance et l’expiation, ce qui pourrait influencer la manière dont ils structurent la pensée et la mémoire
Par ailleurs, les traditions éducatives de Beta Israël en Éthiopie, et leur continuation en Israël, incluent souvent une forte composante de mémorisation des écritures et des pratiques religieuses.
Cela pourrait potentiellement contribuer à développer des capacités de mémoire exceptionnelles chez les individus éduqués dans cette tradition.
Il est également important de noter que la socialisation dans la communauté de Beta Israël en Israël est marquée par la performance de coutumes et rituels culturels qui établissent une tradition et un récit collectif ethnique.
Ces pratiques pourraient également jouer un rôle dans le renforcement de la mémoire collective et individuelle, car elles nécessitent une connaissance approfondie et souvent répétée de détails spécifiques liés à ces coutumes et rituels.
Facteurs explicatifs :
- Capacités Cognitives Intrinsèques : Les traditions éducatives et religieuses de la communauté Beta Israël mettent l’accent sur la mémorisation et la connaissance approfondie des textes sacrés.
Cela peut contribuer au développement des compétences cognitives de haut niveau, y compris la mémoire, la pensée critique et la résolution de problèmes. - Rituels Culturels : Les rituels, festivals et pratiques tels que le Sigd renforce l’identité et la mémoire collective de la communauté. Ces rituels nécessitent souvent une mémorisation et une connaissance approfondie de leurs origines historiques et religieuses, favorisant le développement de compétences intellectuelles spécifiques.
- Soutien Communautaire : Malgré les défis d’intégration, la communauté éthiopienne en Israël maintient un soutien familial et communautaire fort, motivant les jeunes à poursuivre des études et des carrières ambitieuses.
- Initiatives Éducatives Spécifiques : Israël a mis en place des programmes et des initiatives éducatives visant à repérer et encourager les élèves talentueux, y compris ceux issus de groupes minoritaires. Ces programmes offrent un environnement favorable permettant aux jeunes Éthiopiens doués de briller.
Si les pratiques éducatives et religieuses uniques des Juifs éthiopiens pourraient bien jouer un rôle dans le développement de capacités cognitives spécifiques, y compris la mémoire, des études plus approfondies seraient nécessaires pour quantifier et mieux comprendre ces influences sur les capacités intellectuelles de manière plus générale
Israël accorde une grande importance à la détection des élèves surdoués, mettant en place un système qui identifie les enfants doués dès le plus jeune âge.
Des tests standardisés sont administrés généralement en deuxième année scolaire pour déterminer leur admissibilité à des programmes spéciaux. Ces programmes, qui commencent dès l’école primaire, offrent un curriculum enrichi et des cours de haut niveau aux étudiants identifiés.
En plus des tests nationaux, d’autres méthodes d’évaluation sont employées, comme des évaluations comportementales par les enseignants, des observations en classe, et parfois des recommandations des parents.
Les écoles spéciales, programmes parascolaires et initiatives à but non lucratif sont mis en place pour assurer que les étudiants surdoués bénéficient d’un environnement stimulant leur permettant d’exploiter pleinement leur potentiel.
Cette approche vise à inclure des élèves issus de différentes origines sociales, y compris les Juifs éthiopiens, pour s’assurer que personne ne soit exclu en raison de biais culturels ou économiques.
La sourdouance et l’armée israélienne
Il existe un lien entre la recherche des surdoués en Israël et le service militaire obligatoire.
Le système éducatif israélien vise à identifier les élèves surdoués dès le plus jeune âge, non seulement pour soutenir leur développement académique, mais aussi pour les orienter vers des rôles spécialisés dans les forces de défense israéliennes (FDI).
Le service militaire étant obligatoire pour les citoyens israéliens, le pays s’efforce d’utiliser le plein potentiel de ces individus.
Dans les FDI, les soldats surdoués sont souvent recrutés dans des unités d’élite spécialisées, notamment en cyberdéfense, renseignement, technologie et recherche.
Des programmes tels que « Talpiot » ou « 8200 » exploitent les compétences des jeunes talents pour développer des solutions technologiques de pointe et soutenir la défense du pays.
De plus, ces programmes offrent des formations avancées, permettant aux jeunes recrues de se préparer pour des carrières ultérieures dans la technologie et les affaires après leur service militaire.
Ainsi, la détection précoce des élèves doués est en partie liée à la nécessité de tirer partie de leurs compétences lors de leur service militaire obligatoire.
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