Israël-Asie : diplomatie en marche

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Prabowo Subianto, président de l’Indonésie

Israël-Asie : diplomatie en marche

Alors que les yeux du monde restent rivés sur les tensions au Moyen-Orient, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s’apprête à discuter à Washington d’une stratégie diplomatique plus large. En plus des dossiers brûlants comme la guerre à Gaza et la libération des otages, le dirigeant israélien ambitionne de faire avancer un accord global de normalisation avec plusieurs pays, dont deux nations influentes d’Asie du Sud-Est : l’Indonésie et la Malaisie.

L’Indonésie : une porte semi-ouverte
L’Indonésie, pays musulman le plus peuplé au monde avec plus de 230 millions de citoyens, n’entretient à ce jour aucune relation diplomatique officielle avec Israël. Toutefois, sa politique étrangère repose sur une forme de neutralité et d’indépendance, qui pourrait permettre une certaine flexibilité. Le pays affiche une orientation laïque, modérée et non-alignée, ce qui le distingue dans le paysage géopolitique musulman.

Le Dr Giora Eliraz, chercheur à l’Institut Truman et au Forum pour la réflexion régionale, estime que malgré une ligne politique officiellement conditionnée à la création d’un État palestinien, des ouvertures sont possibles. Le président élu indonésien, Prabowo Subianto, s’est dit prêt à envisager un rapprochement si Israël reconnaît un État palestinien. Selon Eliraz, Prabowo est « pragmatique » et conscient des bénéfices potentiels d’une implication accrue de l’Indonésie dans les affaires du Moyen-Orient.

Israël et l’Indonésie ont déjà des échanges économiques indirects. Des hommes d’affaires israéliens opèrent dans le pays, et certains Indonésiens visitent Israël à titre personnel ou professionnel. Le climat social indonésien, contrairement à d’autres pays de la région, ne montre pas de signes marqués d’antisémitisme, ce qui pourrait faciliter un rapprochement diplomatique progressif.

Un tel accord avec Jakarta représenterait une percée géopolitique majeure pour Israël, ouvrant les portes d’un vaste espace musulman jusque-là hermétique. Sur le plan économique, les retombées pourraient être significatives, compte tenu de la taille du marché indonésien et de son statut de membre du G20, promis à un rôle mondial croissant.

La Malaisie : un horizon plus lointain
À l’inverse, la situation avec la Malaisie est bien plus complexe. Ce pays de 34 millions d’habitants, également musulman majoritaire, adopte une ligne diplomatique résolument hostile à Israël. Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim a multiplié les déclarations critiques envers l’État hébreu, notamment après les événements du 7 octobre, qu’il a refusé de condamner, exprimant au contraire un soutien explicite au Hamas.

Cette rhétorique s’inscrit dans une politique étrangère qui maintient des liens avec l’Iran et affiche une solidarité constante avec la cause palestinienne. La Malaisie, contrairement à l’Indonésie, semble peu concernée par une dynamique de normalisation, même indirecte. Le climat politique intérieur, peu favorable à Israël, et l’absence de pression diplomatique significative, notamment des États-Unis, limitent également les perspectives d’évolution.

Selon Eliraz, aucun canal de discussion sérieux n’existe actuellement entre les deux pays, et aucune initiative de rapprochement n’est à l’ordre du jour. Toutefois, une déclaration inhabituelle d’Anwar Ibrahim à CNN a attiré l’attention : il y reconnaissait le droit d’Israël à exister et à se défendre. Bien que marginale dans le discours politique malaisien, cette position pourrait refléter une inflexion dans une partie de l’opinion publique.

Malgré cela, les analystes restent prudents. Le Premier ministre malaisien, tout comme ses prédécesseurs, considère la reconnaissance d’un État palestinien comme une condition incontournable à toute normalisation. Et contrairement à l’Indonésie, la Malaisie n’a pas d’intérêt économique ou stratégique majeur à établir des liens directs avec Israël.

Une dynamique influencée par Riyad
Un élément commun pourrait toutefois peser sur les choix diplomatiques des deux pays : l’Arabie saoudite. Si Riyad choisissait de normaliser ses relations avec Israël en contrepartie d’un engagement partiel en faveur des Palestiniens, cette initiative pourrait servir de modèle pour d’autres pays musulmans modérés, y compris l’Indonésie. La Malaisie, plus radicale sur ce sujet, serait sans doute plus difficile à convaincre.

Netanyahou espère que ce contexte régional mouvant et les ambitions croissantes de certaines puissances asiatiques permettront de « briser le mur de la haine », selon son entourage. La feuille de route est encore floue, mais les signaux venant de Jakarta laissent entrevoir un possible virage diplomatique, à condition que les équilibres symboliques et politiques soient respectés.

Pour l’heure, seule l’Indonésie apparaît comme une candidate sérieuse à un futur rapprochement, tandis que la Malaisie reste en retrait, prisonnière de ses postures idéologiques et de ses alliances traditionnelles.

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