Israël après Gaza : vers une reconstruction complexe

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Israël après Gaza : vers une reconstruction complexe

Alors que les célébrations de Souccot se termine, Israël semble s’acheminer vers un tournant possible dans le conflit de Gaza. Plus que de savoir si la guerre prendra fin, c’est désormais la question du comment qui structure les débats au sein de l’État hébreu. Deux années de combats ont laissé des cicatrices profondes — économiques, sociales, psychologiques — et nombre de législateurs réfléchissent déjà au jour d’après : reconstruction, cohésion nationale et redéfinition de l’identité d’Israël.

Depuis plusieurs semaines, des médiateurs américains œuvrent à un cessez-le-feu acceptable pour les deux camps, ouvrant une fenêtre diplomatique. Dans ce contexte, les parlementaires israéliens, de tous bords, sont consultés pour anticiper les priorités d’après-guerre. Qu’ils défendent la droite religieuse, le Likoud ou les partis plus modérés, tous s’accordent sur un point : la guerre a profondément transformé le paysage intérieur, et la sortie de conflit ne sera pas une simple transition.

Pour Zvi Sukkot, représentant du sionisme religieux à la Knesset, la question centrale est la sécurité. Il rejette toute illusion de retour à la vie normale avant que les menaces — qu’elles soient en Judée-Samarie, dans les villes arabes ou aux frontières — soient neutralisées. Selon lui, c’est une assise sécuritaire forte qui permettra ensuite la résilience économique et sociale. « L’économie se redresse lorsque les menaces diminuent », affirme-t-il, estimant que la dissuasion prime sur le retour rapide à une normalité illusoire.

Dans le bloc du Likoud, Amit Halevi adopte un point de vue complémentaire : l’après-guerre doit s’accompagner d’un réalignement budgétaire et d’une relance économique structurée. Il souligne que les dépenses militaires ont absorbé une part toujours croissante du budget, creusant le déficit et fragilisant les finances publiques. Pour lui, le redressement passe par la réduction des gaspillages, la promotion des investissements dans l’innovation, les infrastructures, et le dynamisme productif. Mais ce rebond est intrinsèquement lié à une issue claire sur Gaza : s’il n’y a pas de victoire définitive, l’enjeu sera toujours un fardeau financier.

Enfin, la députée Efrat Rayten, issue des partis démocrates, insiste davantage sur l’être humain : les soldats, les familles, les civils marqués par le traumatisme. Elle plaide pour un plan national de soutien psychologique, pour des programmes de réinsertion des réservistes, pour une réforme de l’enseignement supérieur adaptée aux jeunes dont les études ont été interrompues. Pour elle, la légitimité d’Israël repose autant sur la force militaire que sur sa capacité à guérir son peuple.

Ces positions divergentes révèlent une difficulté centrale : créer un consensus sur l’ordre des priorités. Quand Sukkot place la sécurité au sommet, Rayten rappelle que des citoyens épuisés psychiquement ne pourront pas rebondir même si les frontières sont sécurisées. Halevi, lui, cherche l’équilibre entre viabilité économique et pragmatisme stratégique.

Dans le même temps, le plan de reconstruction de l’État hébreu sera scruté par la communauté internationale. La réaction diplomatique dépendra non seulement du niveau d’aide offert mais aussi de la cohérence d’une stratégie claire de défense, de justice et de respect des relations avec les voisins. Parallèlement, Israël devra gérer ses relations internes : les divergences narratives, les divisions politiques et les attentes du public sont autant d’obstacles à surmonter.

La renaissance d’Israël, après Gaza, ne ressemblera pas à un retour en arrière. Il faudra redéfinir la « normalité » dans un pays qui a changé par la guerre. Le défi est double : restaurer les capacités de l’État — infrastructures, finances, sécurité — tout en recomposant le lien social, en réaffirmant les valeurs nationales et en soignant les blessures du corps collectif.

Le futur d’Israël dépendra de sa capacité à combiner force et résilience. En priorité, l’État doit garantir la sécurité de ses citoyens, rétablir l’économie et mobiliser des réformes indispensables. Mais il doit aussi soigner les âmes meurtries, reconstruire la confiance entre gouvernants et gouvernés, et se présenter au monde avec une vision renouvelée : celle d’une nation forte, unie et tournée vers la paix durable tout en restant ferme face aux menaces. Israël a montré durant cette guerre qu’il ne plierait pas ; maintenant, il doit prouver qu’il peut aussi se relever à la hauteur de ses principes.

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