L’Iran face à ses défis en Syrie : une confession inattendue d’un général de haut rang
Dans un discours rare et sans filtre, le général iranien Esbaati a admis la défaite stratégique de l’Iran en Syrie, marquant un contraste frappant avec la communication officielle du régime. Ses propos, révélés par des médias iraniens et analysés par le New York Times, offrent un aperçu inédit des tensions internes au sein de la stratégie régionale de Téhéran.
Une défaite significative
Le général Esbaati a décrit la chute du régime de Bachar al-Assad comme une lourde perte pour l’Iran, qui soutenait son allié syrien depuis plus d’une décennie. Il a reconnu que cette défaite était « très dure » et a souligné que les relations entre l’Iran et le président syrien s’étaient détériorées bien avant cet événement. Selon lui, Assad avait résisté aux demandes iraniennes d’ouvrir un front contre Israël depuis le territoire syrien, malgré des plans détaillés présentés par Téhéran.
Le général a également accusé la Russie, considérée comme un allié de premier plan, d’avoir induit l’Iran en erreur en affirmant que des avions militaires russes bombardaient les rebelles syriens, alors qu’en réalité ils larguaient des bombes sur des zones ouvertes. Il a également déclaré qu’au cours de l’année écoulée, lorsqu’Israël a attaqué des cibles iraniennes en Syrie, la Russie a « éteint les radars », permettant ainsi ces attaques.
Une stratégie mise en question
La déclaration d’Esbaati a surpris en Iran, non seulement par son ton critique, mais aussi par son contenu. Elle contraste fortement avec la ligne officielle, qui minimise les pertes en Syrie et prône une posture de résistance. Pour Mehdi Rahmati, analyste politique basé à Téhéran, ces aveux reflètent un désarroi stratégique et une volonté de s’adresser directement au public, contournant les filtres habituels du régime.
Le général a tenté de rassurer en évoquant les capacités de l’Iran à activer ses réseaux régionaux et internationaux. Cependant, il a admis que la situation actuelle rendait difficile toute attaque directe contre Israël ou les États-Unis, en raison des limitations technologiques des missiles iraniens face aux systèmes de défense avancés américains.
Une comparaison troublante avec la situation iranienne
Dans son discours, Esbaati a tracé des parallèles entre la chute d’Assad et les défis internes auxquels l’Iran fait face, notamment la corruption, l’oppression politique et les difficultés économiques. Ces propos, inhabituels pour un haut gradé, semblent souligner un climat d’inquiétude croissante au sein des élites iraniennes.
Tensions régionales et avenir incertain
Malgré ces déclarations, l’Iran reste engagé dans une politique de résistance et de projection d’influence au Moyen-Orient. Cependant, la perte de son allié syrien affaiblit sa position stratégique, tout en exacerbant les divisions internes sur la meilleure voie à suivre.
Le discours du général Esbaati illustre les défis complexes auxquels Téhéran est confronté, pris entre la nécessité de préserver ses intérêts régionaux et les limites imposées par la réalité militaire et diplomatique. Dans ce contexte, les prochains mois seront cruciaux pour déterminer si l’Iran pourra surmonter ces revers et réinventer sa stratégie régionale.
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