Impasse au sommet israélien
Malgré l’élargissement de sa coalition, le gouvernement de Benjamin Netanyahou semble paralysé, incapable de trancher sur des dossiers majeurs qui engagent tant l’avenir d’Israël que son image internationale. À l’ouverture de la session d’été de la Knesset, une série de tensions internes et d’enjeux géopolitiques explosifs viennent assombrir la stabilité apparente du pouvoir en place.
Sur le plan intérieur, la question brûlante de l’exemption de service militaire pour les jeunes Haredim (ultra-orthodoxes) s’invite en priorité. Si l’adoption récente du budget aurait pu consolider la majorité, elle n’a pas suffi à calmer les revendications des partis religieux. Ces derniers exigent une législation claire et immédiate, sans compromis, pour maintenir l’exemption à laquelle ils tiennent, et menacent de ne plus se contenter de solutions transitoires.
La Haute Cour de justice est également intervenue cette semaine en émettant un ordre conditionnel, demandant au gouvernement de justifier l’absence d’application des ordres de conscription aux Haredim. Cette intervention judiciaire alimente les tensions dans une coalition déjà fragmentée, notamment parmi ceux qui militent pour une réforme profonde du système judiciaire.
En effet, plusieurs figures influentes du gouvernement, à commencer par le ministre de la Justice Yariv Levin, ont récemment renouvelé leur volonté de relancer la réforme judiciaire controversée. Parmi les projets, figure la modification du statut du Médiateur, dans une volonté assumée de remodeler les institutions. Levin, fidèle à sa ligne, a affirmé qu’il ne renoncerait pas à cette « lutte » contre un appareil judiciaire qu’il juge trop puissant : « Celui qui est déterminé gagne », a-t-il martelé cette semaine.
Dans ce climat de divisions internes, la guerre en cours à Gaza vient ajouter une complexité majeure. L’absence de perspective concrète dans les négociations avec le Hamas et le refus catégorique de l’exécutif israélien de mettre un terme au conflit maintiennent une pression constante. Cette position rigide suscite des critiques, y compris de la part de l’allié américain Donald Trump. Ce dernier a récemment exhorté Netanyahou à permettre l’entrée de l’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne, insistant sur l’importance de garantir nourriture et médicaments à la population civile.
Mais ici encore, le Premier ministre israélien reste silencieux, pris entre les exigences de Trump et les positions radicales de ministres comme Itamar Ben-Gvir ou Bezalel Smotrich, favorables à l’imposition d’un contrôle militaire total sur Gaza. Une telle mesure, bien que non déclarée officiellement, impliquerait une prise en charge par l’armée des aspects civils, dont la distribution de l’aide humanitaire. Le chef d’état-major Eyal Zamir, lui, se montre réticent à cette idée, mettant en avant les limites opérationnelles de l’armée dans un tel rôle.
À l’échelle régionale, la diplomatie est également à l’arrêt. Alors qu’un rapprochement historique entre Israël et l’Arabie saoudite semblait à portée, aucun progrès n’a été enregistré. Mohammed ben Salmane espérait obtenir, par l’intermédiaire de Trump, un accord global incluant des garanties de défense américaines et un feu vert à un programme nucléaire civil. Mais la situation à Gaza freine toute avancée.
Le contexte international est d’autant plus tendu que les discussions américano-iraniennes sur le nucléaire reprennent, avec en toile de fond l’inquiétude saoudienne face à une éventuelle attaque régionale. Riyad redoute de devenir la cible d’une riposte iranienne si une action militaire venait à être engagée contre Téhéran. Dans ce jeu d’équilibres, Israël se retrouve marginalisé, ni associé aux négociations, ni en mesure d’influencer le cours des événements.
Jforum.fr
Similaire
La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.
La source de cet article se trouve sur ce site