Impossible de la rater en arrivant à Mulhouse. La tour de l’Europe trône en plein centre-ville. Le bâtiment, assez impressionnant quoique désuet, culmine à plus de cent mètres de haut, flèche comprise. L’endroit idéal pour un appartement avec vue ? Oui… et à tout petit prix en plus ! « On peut trouver un 100 m² à moins de 40.000 euros, ça fait bien moins de 1.000 le m² », détaille David Balin, le chef de l’agence locale Guy Hoquet.
A cet emplacement-là, le tarif paraît incroyable. La faute à des charges plombantes (« 400 à 650 euros par mois »), qui refroidissent nombre d’éventuels acheteurs, mais pas que. Avec un prix médian de 1.140 euros le m², la ville du Haut-Rhin fait figure d’exception dans la région. « Elle est la mal-aimée au cœur de l’Alsace », assure Emmanuelle Suarez, adjointe au maire notamment en charge de l’attractivité.
Les raisons en sont multiples. Son passé industriel, une Seconde Guerre mondiale qui ne l’épargne pas ou encore l’ombre de la très touristique Colmar à une quarantaine de kilomètres au nord. « C’est sûr qu’ici, il n’y a pas les colombages et le vignoble », sourit Olivier Fritsch, notaire sur place depuis plus d’une décennie.
Les Mulhousiens changent d’avis sur leur ville
Lui, comme d’autres, le dit néanmoins : la métropole de 220.000 habitants, agglomération comprise, s’est nettement « améliorée » ces dernières années. « Ça a commencé par la piétonnisation du centre dans les années Bockel [1989-2010] et l’arrivée du tram en 2007. De larges travaux de rénovation urbaine ont été menés et l’offre commerciale redynamisée », retrace Emmanuelle Suarez en citant encore bien d’autres chantiers. Qui aurait, à croire l’élue, « permis aux Mulhousiens de voir petit à petit leur ville autrement ».
« Si je n’aimais pas, je n’y serais pas resté, confirme maître Fritsch. A mon sens, c’est devenu une ville charmante avec des bâtiments hétéroclites. Il y a toutes les infrastructures nécessaires pour le sport, une belle offre culturelle et elle est très bien reliée. On peut être à Paris en trois heures avec le train et l’aéroport est à trente minutes. Sans oublier que la Suisse et l’Allemagne sont à deux pas. »
Mais alors, pourquoi les prix de l’immobilier ne suivent pas ? « Ça reste un grand mystère », avoue le notaire. « On vient de très loin. La ville a longtemps manqué d’attractivité mais ça vient. Elle est en devenir », assure l’agent immobilier… venu justement s’installer pour ça. Car il sentait que son commerce pourrait être florissant.
Coteaux, Bourtzwiller, Drouot…
« Aujourd’hui, vous me donnez 80 studios à louer l’été, j’y arriverai en août ! Et quand on en rentre un, on le vend dans la journée. On n’a même pas besoin d’être bon pour faire des affaires tellement les produits sont magnifiques », détaille encore David Balin en présentant Mulhouse comme « le bon endroit pour investir ». « Si vous achetez 30.000 euros votre 1 pièce et que vous le louez 300 euros, ça fait du 10 % de taux de rentabilité ».
Un de ses confrères, David Rebouché, appuie. « Aujourd’hui, on est sûr d’arriver entre 8 à 10 %. De toute façon, en dessous, ce n’est plus rentable. » Mais ce conseiller indépendant nuance. « Il y a cinq, six ans, on pouvait acheter trois appartements avec un seul crédit. Aujourd’hui, avec les taux plus élevés, les nouvelles contraintes et les banques qui freinent, c’est beaucoup plus compliqué. Les jeunes avec des petits revenus ne peuvent par exemple plus se lancer car on leur demande 15 à 20 % d’apport personnel. Le portefeuille d’investisseurs a baissé. »
D’autres restent. La clientèle étrangère proche (allemande, suisse) mais aussi française. « De Strasbourg, Paris, Bâle, Munich, etc. Ils viennent chercher de la rentabilité car dans leur ville, ce n’est plus possible de faire autre chose que du patrimonial », reprend David Balin. Plusieurs quartiers sont alors souvent visés : Coteaux, Bourtzwiller, Drouot… Mais certainement pas le Rebberg, beaucoup plus chic.
« De plus en plus attractif »
« Ici, on va jusqu’à 5.000 euros le m² », estime Anne-France Desjardins, qui codirige l’agence Afim Immobilier. « Je suis arrivée de mon 16e arrondissement [à Paris] il y a une vingtaine d’années et j’ai tout de suite trouvé le coin top. On est sur une colline avec beaucoup de verdure et à seulement cinq minutes de la ville. C’est très agréable à vivre. » Les maisons de maître n’y sont pas rares et côtoient d’autres élégantes constructions. « Beaucoup sont achetés par des personnes qui travaillent en Suisse ou exercent des professions libérales », complète son mari, Renaud Roche, conscient que l’endroit demeure à part à Mulhouse.
« Nous ne sommes pas encore sous le feu des projecteurs », conclut l’adjointe au maire Emmanuelle Suarez. « Mais on met petit à petit tous nos atouts en valeur et on est de plus en plus attractif. Mulhouse est la ville où tout est possible. » Bonnes affaires immobilières comprises.
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