Deux approches contradictoires au sein de la direction houthie.
Une source politique yéménite, bien informée des discussions internes au sein de l’organisation, souligne qu’il ne s’agit ni d’une rébellion ni d’une tentative de renversement du pouvoir en place. Cependant, selon cette source, il est clair que les Houthis ne présentent plus une position unifiée quant à leur dépendance continue envers l’Iran . Deux courants distincts se dessinent : le « courant indépendant », composé principalement de jeunes responsables influents sur le terrain, et le « courant de la connexion totale », qui rassemble les responsables idéologiques et culturels de l’organisation.
Le « Mouvement indépendantiste » estime que les Houthis sont désormais capables de gérer eux-mêmes leur sécurité et leurs décisions militaires, sans l’aval de l’Iran. Selon des sources citées dans le rapport, des figures importantes de ce mouvement perçoivent l’Iran comme une puissance affaiblie, notamment en raison de la perte de sa marge de manœuvre en Syrie et du net recul de sa présence au Liban et dans la bande de Gaza. D’autres sources affirment que l’Iran a subi de lourdes pertes de la part d’Israël ces dernières années et que les sanctions imposées à son encontre le fragilisent sur les plans politique et économique.
Téhéran maintient son soutien, mais les relations ont évolué.
Malgré les tensions croissantes, des sources bien informées soulignent que les liens entre les Houthis et l’Iran ne sont ni rompus ni considérablement affaiblis. L’Iran continue d’apporter un soutien financier et militaire important à l’organisation, mais la nature de la relation a changé : au lieu d’une obéissance aveugle aux directives de Téhéran, les relations actuelles s’apparentent davantage à des négociations, influencées par des considérations politiques, des intérêts économiques et des appréciations divergentes de la situation entre les différentes factions de l’organisation.
D’après le rapport, plusieurs attaques récentes menées par les Houthis contre des navires internationaux en mer Rouge ont été perpétrées sans coordination totale avec l’Iran, malgré les tentatives de Téhéran pour apaiser la situation et éviter une riposte américaine directe. Les sources ajoutent que de hauts responsables houthis se sont rendus à Port-Soudan après une concertation directe entre de hauts responsables des Gardiens de la révolution et l’armée soudanaise, preuve supplémentaire que Téhéran tire toujours les ficelles.

L’économie de guerre et les ambitions régionales.
Selon les sources citées dans le rapport, trois raisons principales expliquent la scission : premièrement, l’affaiblissement de l’Iran sur la scène régionale suite à la perte de zones d’activité et aux attaques contre ses installations ; deuxièmement, l’indépendance économique croissante des Houthis – principalement due au contrôle des ressources d’Al-Hudaydah, des douanes et du carburant – leur confère un pouvoir économique inédit ; troisièmement, les ambitions régionales de l’organisation se sont considérablement accrues depuis qu’elle contrôle le détroit de Bab el-Mandeb et les voies maritimes internationales. Le contrôle de ces points de passage stratégiques amène certains dirigeants à considérer les Houthis comme une puissance régionale à part entière, et non plus comme une simple extension de l’Iran.
D’après ce rapport, les Houthis se trouvent à la croisée des chemins : certains cherchent à continuer de s’appuyer sur l’Iran comme principal garant de leur sécurité et de leur survie, tandis que d’autres voient dans son affaiblissement une occasion unique de s’affirmer comme une force indépendante, influente sur les plans politique, militaire et économique au Moyen-Orient. Reste à savoir quelle voie choisiront les rebelles yéménites.
JForum.Fr
La source de cet article se trouve sur ce site

