Hommage au Rav Meir Nissim Mazuz zatsal

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Hommage au Rav Meir Nissim Mazuz zatsal

Un dernier hommage empreint de sobriété et de foi prophétique

À Bnei Brak, une foule nombreuse s’est réunie pour accompagner le rabbin Meir Mazuz, zatsal, à sa dernière demeure. Décédé à l’âge de 80 ans, ce grand sage du judaïsme a souhaité que ses funérailles se déroulent sans éloge funèbre. Ce choix, fidèle à son humilité, n’a pas empêché les figures religieuses majeures d’Israël de prononcer des paroles d’encouragement, de recueillement et de réveil spirituel lors de la cérémonie.

Le cortège funèbre s’est élancé dimanche à 13h30 depuis le Beit Midrash de la yeshiva « Kiss Rachamim », où le rabbin enseignait. Il a ensuite poursuivi son chemin vers le cimetière de Ponevezh, situé rue Hazon Ish, dans la ville ultra-orthodoxe de Bnei Brak. Pour assurer le bon déroulement de l’événement, les autorités ont pris des mesures exceptionnelles : les axes routiers principaux ont été progressivement fermés dès 10h00, et le public a été appelé à ne pas se rendre sur place s’il ne participait pas aux obsèques.

La police a également mis en garde contre les comportements à risque, comme grimper sur des bâtiments, des arbres ou des véhicules, rappelant les enjeux de sécurité en raison de l’importante affluence attendue. Il a été fortement déconseillé de venir avec des enfants, et les automobilistes ont été invités à privilégier les transports en commun. Les véhicules abandonnés ou stationnés sur les voies interdites étaient promis à la fourrière.

Ce climat solennel a été à la hauteur de la figure spirituelle qu’était le rabbin Mazuz. Mais au-delà du cérémonial, ce départ a ravivé un message prophétique que le rabbin avait formulé au sujet de l’histoire récente du peuple juif et de son lien avec les Écritures.

Une interprétation prophétique du Livre de Daniel
À l’approche du Yom HaShoah (Jour du Souvenir de la Shoah) et de Yom HaAtzmaout (Jour de l’Indépendance), le souvenir d’un commentaire singulier du rabbin Mazuz sur le Livre de Daniel a resurgi avec force. Ce commentaire offre une perspective religieuse profonde sur les épreuves du peuple juif au XXe siècle, et en particulier sur l’enchaînement entre la tragédie de l’Holocauste et la naissance de l’État d’Israël.

Le rabbin s’était penché sur un passage du chapitre 12 du Livre de Daniel. Le verset 1 évoque un temps de détresse inédit, interprété par lui comme une référence directe à la Shoah : « Ce sera un temps de détresse, tel qu’il n’y en a point eu depuis que les nations existent. » Pour le rabbin Mazuz, cette description correspond parfaitement à la période de souffrances extrêmes traversée par le peuple juif durant la Seconde Guerre mondiale.

Mais plus loin, au verset 12 du même chapitre, le texte laisse place à une lueur d’espérance : « Heureux celui qui attendra et parviendra jusqu’aux mille trois cent trente-cinq jours. » Le rabbin Mazuz proposait une lecture originale de ce chiffre énigmatique. Contrairement aux exégètes qui y voient des années symboliques, il suggérait d’y voir un décompte précis en jours, débutant à Roch Hachana 5705 (correspondant à la fin de la Shoa en 1944 dans le calendrier grégorien).

Selon la compréhension du Rav, 1 335 jours devraient être comptés à partir de Roch Hachana de 1944 , car selon la croyance juive, des décrets du ciel sont pris à Roch Hachana, y compris des décisions telles que la fin de l’Holocauste. Même si l’Holocauste a effectivement pris fin le 26 Iyar 1944, la décision de le faire a été prise, selon la croyance, déjà à Roch Hachana de cette année-là.

Ainsi, lorsque l’on compte 1 335 jours à partir de Roch Hachana 5755, on arrive – précisément – ​​au 5 Iyar 5758 : le jour de la création de l’État d’Israël. Un grand miracle, précisément chronométré, qui est reconnu par de nombreux croyants comme une allusion divine au début de la rédemption.

Selon cette compréhension, 1 335 jours après Roch Hachana 1944 mène exactement au 5 Iyar 5708 – soit le jour de la proclamation de l’indépendance de l’État d’Israël en mai 1948. Une correspondance étonnante, que le rabbin interprétait comme un signe céleste : après les ténèbres de l’extermination, une rédemption naissait, marquant le début d’un renouveau national.

Cette lecture a marqué nombre de ses fidèles. Elle illustre la manière dont le rabbin Mazuz reliait constamment l’actualité à la tradition biblique, en y décelant des messages d’encouragement et de foi. En pleine période de deuil, ce rappel de ses enseignements apporte un éclairage supplémentaire sur sa vision du monde et du destin juif.

Un héritage entre humilité, érudition et vision
Tout au long de sa vie, le rabbin Meir Mazuz s’est distingué par son érudition rigoureuse, son humilité exemplaire et sa fidélité à la tradition sépharade. Chef spirituel reconnu, il a influencé des générations d’élèves, notamment au sein de la yeshiva « Kiss Rachamim » qu’il dirigeait. Sa discrétion dans la vie publique contrastait avec la profondeur de ses discours, toujours enracinés dans les textes sacrés.

Ses funérailles, empreintes de simplicité, ont été à l’image de son existence : silencieuses mais d’une grande portée. En refusant les éloges funèbres, il a voulu rester fidèle à ses principes jusqu’au dernier moment. Mais c’est précisément dans ce silence qu’ont résonné le plus fort les paroles de ses enseignements, à commencer par cette lecture si particulière du Livre de Daniel, qui continue d’inspirer.

Alors que le peuple juif s’apprête à commémorer son histoire récente, le souvenir du rabbin Mazuz, lui, s’ancre comme une boussole spirituelle. Son regard tourné vers les Écritures et sa foi dans une rédemption divine continue d’accompagner les siens, même après son départ.

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