Hiloula de Rachel; Des milliers de fidèles piégés
Tempête de Ferveur à Bethléem : le Tombeau de Rachel Sous Pression
Le 11 Heshvan, jour où la tradition juive pleure la perte de Rahel Imenou, a transformé un sanctuaire paisible en un vortex de dévotion débordante. Situé aux abords de Bethléem, ce lieu saint – où la matriarche, épouse bien-aimée de Jacob, rendit l’âme lors de l’accouchement de Benjamin –, attire annuellement des cohortes de fidèles en quête de bénédictions pour la famille et la nation. Cette année 5786, la commémoration a franchi un seuil critique : une marée humaine inattendue a submergé le site, forçant les autorités à une réponse musclée qui a laissé des milliers sur le carreau, exposant les failles d’une logistique tendue par les réalités sécuritaires d’Israël.

Dès la nuit de samedi, l’élan spirituel a pris des proportions épiques. Des caravanes de priants – mères en fichus blancs, enfants serrant des bougies, rabbins entonnant des lamentations – ont afflué depuis Jérusalem et les implantations environnantes. Le tombeau, un modeste mausolée ocre surmonté d’un dôme turquoise, rénové en 1995 pour résister aux intempéries bibliques, est devenu un aimant irrésistible. Les femmes, traditionnellement gardiennes de cette hiloula, y déposent des vœux écrits sur des rubans, invoquant les paroles de Jérémie : « Une voix se fait entendre à Rama, des lamentations, des pleurs amers : Rahel pleure ses enfants. » Mais l’enthousiasme a viré à l’asphyxie : plus de 25 000 âmes, selon des comptages officieux, ont convergé, surpassant les prévisions de 15 000.
La police, déployée en force pour encadrer ce flux dans un contexte de tensions en Cisjordanie – où 600 incidents violents ont été recensés depuis Rosh Hashana –, n’a pas hésité. Dès l’aube, les accès routiers ont été scellés, stoppant net les navettes gratuites parties du stade Teddy de Jérusalem. Ces bus renforcés, censés évacuer les foules en douceur, se sont retrouvés cloués au sol : interdiction d’approcher le périmètre, par crainte de surcharge. « On a attendu des heures, immobiles, sans eau ni ombre ; certains ont craqué et marché jusqu’à Jérusalem », confie un participant, ingénieur de Goush Etzion, évoquant un exode pédestre de plusieurs kilomètres sous un soleil d’automne impitoyable.
Les organisateurs, souvent issus de mouvements religieux comme les Filles de Zion, déplorent une cascade d’erreurs. « L’afflux a doublé nos attentes ; les autocars étaient trop peu nombreux, et le timing a explosé », admet un coordinateur, pointant un manque de renforts anticipés. Le ministère des Transports, piqué au vif, contre-attaque : « Aucune pénurie de véhicules ; c’est la police qui a bloqué les flux, sabotant l’opération. » Pour eux, la gestion des axes – ces routes sinueuses bordées de checkpoints – relève des forces de l’ordre, pas d’une flotte théoriquement surabondante.
La police de Jérusalem, elle, campe sur ses positions avec une fermeté héritée des drames passés. « Le site était à son plafond de sécurité ; on évite un Meron bis », assène un commandant, rappelant la nuit fatale de 2021 où 45 pèlerins perdirent la vie dans une bousculade au tombeau du rabbin Shimon bar Yohaï. « Des agités ont forcé les barrières, semant le désordre ; nos unités ont dû intervenir pour contenir, fermant partiellement l’accès. La vie humaine passe avant tout. » Cette doctrine, affinée par une commission d’enquête nationale post-Meron qui a imposé des protocoles anti-foules – scanners thermiques, limites capacitives –, illustre une priorité inflexible dans un pays où la liberté de culte rime avec vigilance accrue.
Cette hiloula, ancrée dans un rituel remontant au Moyen Âge où des processions juives défiaient les persécutions, gagne en symbolisme en 2025. Avec les échos du conflit à Gaza et les patrouilles renforcées autour de Bethléem – ville à 80 % palestinienne mais ceinturée par des enclaves juives –, le site incarne une bulle de résilience. Des célébrités comme la chanteuse Noa ont partagé des selfies priants, amplifiant l’appel via les réseaux. Pourtant, le fiasco logistique soulève des débats : faut-il plus de bus high-tech, ou des drones pour surveiller les flux ?
Malgré les grincements, des lueurs d’espoir percent : des volontaires ont formé des chaînes humaines pour distribuer des repas casher, et les prières ont culminé en un chœur unifié sous les étoiles. Cette épreuve, loin de décourager, renforce le lien viscéral à Rahel, gardienne des portes de la Terre promise.
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