Guerre Israël – Hamas : Qui est Yahya Sinouar, chef de l’organisation terroriste, dont la maison est encerclée ?

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Aujourd’hui, Yahya Sinouar est « un mort en sursis » pour Israël. Le chef du Hamas, 61 ans, est l’architecte du 7 octobre. Ce jour-là, des centaines de commandos ont fondu sur des kibboutz, des bases militaires et une rave-party en Israël qui a vécu sa pire attaque contre des civils depuis sa création en 1948. Mais qui est Yahya Sinouar ? Quel a été son parcours ? 20 Minutes se penche sur la silhouette de cet homme, qui n’est pas apparu en public depuis octobre. 

Le chemin vers le Hamas

En 1987, la première Intifada (le soulèvement contre l’occupation israélienne) éclate dans un camp de réfugiés du nord de la bande de Gaza. L’enfant, né à Khan Younès, un camp du sud du territoire, rejoint le Hamas tout juste fondé.

A 25 ans, il dirige déjà l’Organisation du djihad et de la prédication, l’unité de renseignement du Hamas qui punit les « collaborateurs », ces Palestiniens châtiés pour intelligence avec l’ennemi israélien. En 1988, il fonde Majd, le service de sécurité intérieure du Hamas.

Le leader emprisonné

Incarcéré en 1989, il s’impose en leader des prisonniers et passe 23 ans dans les geôles israéliennes. Condamné plusieurs fois à la perpétuité, il sort en 2011 avec un millier de détenus libérés par Israël, en échange du soldat Gilad Shalit, otage du Hamas pendant cinq ans. Aujourd’hui encore, le traumatisme demeure dans la société et l’appareil d’Etat israéliens.

Yahya Sinouar voit Israël éliminer ses mentors, dont le cheikh Ahmed Yassine et Salah Chehadé, fondateur des brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, dont il passe pour le bras droit. Placé sur la liste américaine des « terroristes internationaux », il fait l’objet de multiples tentatives d’assassinat. Il est finalement élu chef du Hamas en 2017, à Gaza.

Une stratégie « radicale »

Yahya Sinouar impulse une stratégie « radicale sur le plan militaire et pragmatique en politique », décrypte Leïla Seurat. « Il ne prône pas la force pour la force, mais la force pour amener (les Israéliens) aux négociations ». Le 7 octobre, « c’est sa stratégie, c’est lui qui a monté l’opération » probablement pendant un an ou deux, explique Leïla Seurat, chercheuse au Centre arabe de recherches et d’études politiques (CAREP) à Paris.

Il « a imposé son tempo pour changer le rapport de force sur le terrain et a pris tout le monde par surprise ». Sur le plan politique, il prône une direction palestinienne unie pour tous les Territoires occupés : la bande de Gaza, actuellement tenue par le Hamas au sud, la Cisjordanie, dont le Fatah de Mahmoud Abbas tient des pans entiers au nord, et Jérusalem-Est. L’année de son élection à la tête du Hamas, le mouvement accepte le principe d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967, mais conserve comme but ultime la « libération » de tout le territoire de la Palestine de 1948, incluant le territoire israélien actuel.

Un homme qui « prend des décisions dans le plus grand calme »

L’homme ascétique à la chevelure blanche, mais aux sourcils fournis toujours très noirs, n’est pas apparu en public depuis octobre. « C’est l’homme de sécurité par excellence » qui, avec un « charisme de leader », « prend des décisions dans le plus grand calme », affirmait Abou Abdallah, un ex-codétenu du Hamas, au moment où Yahya Sinouar en prenait la tête en 2017.

Les médias israéliens ont publié des extraits des interrogatoires de celui qu’ils considèrent à présent comme « le visage du diable ». Il y raconte notamment avoir enlevé un traître. « Nous l’avons amené au cimetière de Khan Younès (…), je l’ai mis dans une tombe et je l’ai étranglé avec un keffieh (…). J’étais sûr qu’il savait qu’il méritait de mourir ».

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