Guerre Israël – Hamas, et après ? Le scénario d’un conflit qui s’éternise

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Comment imaginer le « jour d’après », alors que la guerre fait rage à Gaza, que les bombes pleuvent sur le sud de cette étroite bande de terre et que l’espoir de nouvelles libérations d’otages s’éloigne avec la fin de la trêve ? Il y aura pourtant un lendemain, même si aucune des deux parties n’est encore en mesure de l’envisager. Certes, il est difficile d’imaginer ce qu’il va se passer dans les prochaines semaines, tant le brouillard de la guerre obscurcit l’horizon. Mais l’exercice n’en est pas moins utile pour se projeter. Voici cinq scénarios qui nous semblent probables, à plus ou moins longue échéance. Ils suggèrent le pire, mais explorent aussi des perspectives porteuses d’espoir. D’une gouvernance internationale à la solution à deux États, voici le champ des possibles. Premier scénario de notre dossier spécial : celui d’une guerre qui s’éternise.

Ce scénario envisagé par plusieurs experts n’est pas à l’avantage d’Israël : après plusieurs mois d’opération, les forces de l’Etat hébreu ne parviennent pas à remplir leur objectif « d’éradication du Hamas ». Malgré l’incontestable supériorité de leur armée, les soldats de Tsahal n’ont d’autre choix que de continuer à livrer une longue et éreintante bataille dans les ruines et tunnels parsemant l’enclave palestinienne, où résistent, encore, une partie des combattants du groupe terroriste.

« C’est un scénario très crédible, jauge Hugh Lovatt, spécialiste du Moyen-Orient au think tank European Council on Foreign Relations. Il verrait la poursuite des hostilités sur de longs mois, durant lesquels l’armée israélienne échouerait à détruire complètement le Hamas. »

Une telle prolongation du conflit ne serait pas sans risques. Le premier d’entre eux : voir grimper en flèche le nombre de pertes parmi les soldats israéliens comme chez les civils palestiniens, dans un environnement urbain où ils sont aussi vulnérables qu’omniprésents. Après deux mois de guerre, leur nombre de ces derniers aurait déjà franchi la barre des 17 000 victimes, dont des milliers de femmes et d’enfants, selon l’estimation du ministère de la Santé du Hamas.

« Le temps long joue contre Israël, pointe le général Nicolas Richoux, ancien commandant de la 7e brigade blindée. Plus il y aura de victimes civiles, plus la légitimité de son opération sera remise en cause sur la scène internationale. » Côté Israélien, l’armée a reconnu, le 5 décembre, la mort de plus de 80 soldats.

La pression s’est d’ores et déjà accrue sur l’Etat hébreu. Début décembre, même l’allié américain, par la voix de son secrétaire à la Défense Lloyd Austin, l’a mis en garde sur les conditions de sa victoire sur le terrain. « Dans ce type de combat, le centre de gravité, c’est la population civile. Si vous la poussez dans les bras de l’ennemi, vous remplacez une victoire tactique par une défaite stratégique », a martelé le chef du Pentagone, au lendemain de la fin de la trêve.

Se pose aussi, en creux, la question du coût financier pour Israël de poursuivre son offensive dans la durée, alors que 360 000 réservistes ont été mobilisés dans les jours qui ont suivi le massacre du 7 octobre. « Israël ne veut pas d’une guerre d’usure, résume Frédérique Schillo, historienne, coauteure de La guerre du Kippour n’aura pas lieu (ArchiPoche, 2023). Toute une population de jeunes a été mobilisée et cela pèse sur l’économie. » Ce qu’un conflit prolongé ne fera qu’aggraver.

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