Guerre Israël-Hamas : Entre mobilisation acharnée et équilibre familial, la double vie des proches d’otages

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Leurs mots, prononcés dans un anglais assuré, dépeignent la crue réalité du drame qui se joue. Yamit Ashkenazi, Ido Shamriz et Liran Berman n’ont pas besoin d’être dans la même pièce pour prononcer les mêmes, inlassablement depuis deux mois. A l’évocation de leur situation, ces trentenaires oscillent entre « l’espoir » toujours, « la tristesse » souvent, et « l’épuisement » lancinant. Ses trois trentenaires israéliens sont liés depuis les attaques du Hamas le 7 octobre.

Non concernés par la première vague de libération d’otages, trois de leurs proches, enlevés par le mouvement islamiste palestinien dans le kibboutz de Kfar Aza, figurent parmi les 138 personnes toujours détenues à Gaza : Doron Steinbrecher, la petite sœur de Yamit, Alon Shamriz, le petit frère d’Ido et Gali et Zev Berman, les frères jumeaux de Liran. Trois histoires pour un seul drame, qui a poussé ces familles à arpenter l’Europe pour alerter et demander de l’aide.

La difficile articulation entre vie de famille et combat pour la libération

A quelques centaines de mètres de l’arc de Triomphe, après un passage à Bruxelles la veille, cette délégation se livre à nouveau en tentant de dompter le « rollercoaster » émotionnel, et en conjuguant leur engagement avec une vie familiale bouleversée. « En ce moment, je ne suis pas le meilleur père, ni le meilleur mari, enchaîne Liran Berman, père de deux enfants de 4 et un an, après un furtif soupir. Je ne suis pas souvent disponible. Je fais tout ce que je peux pour parler de mes frères et obtenir leur libération. ».

Etre un parent « fort » pour ses deux enfants de 6 et 3 ans, c’est aussi l’objectif de Yamit Ashkenazi, pas prête à se « laisser aller à ses états d’âme » malgré sa vie coupée en deux, entre le combat pour sa sœur cadette et ses enfants. « Comment pouvez-vous expliquer à des enfants que leur tante a été kidnappée ? Ça nous a pris du temps de trouver les mots », détaille la mère de famille de 34 ans.

« S’ils nous posent des questions, on répond »

Pour Ido Shamriz, l’approche a été différente. Ses deux petites filles sont âgées de 2 ans pour l’une, de dix mois pour l’autre. Alors, le jeune père de famille n’a pas tenté de s’embarquer dans des grandes explications. « Elles ne peuvent pas comprendre mais elles savent que leur oncle est parti, puisqu’elles ne le voient pas, confie-t-il. Mais l’autre fois, on a marché à Tel-Aviv, et elles ont vu un panneau avec la tête d’Alon. La grande s’est approchée, comme pour l’embrasser. »

« Mon aîné de 4 ans comprend que quelque chose ne va pas, mais on ne veut pas lui mettre la pression, précise Liran Berman, 36 ans. S’il nous posent des questions, on répond, mais on ne veut pas qu’il apprenne une nouvelle qui le gêne ou le blesse ».

« Comme le soleil, nous nous léverons à nouveau », s’est tatouée Yamit Ashkenazi en hommage à sa soeur, otage du Hamas. Elle s’est promis de compléter ce tatouage à sa libération. – Octave Odola

D’autant que leur progéniture doit déjà digérer le traumatisme du jour de l’attaque. Enfermée dans une salle de secours avec ses deux petits pendant 21 heures, Yamit Ashkenazi s’est fixée pour mission de « faire face » et de ne pas être submergée, pour eux. Et, quand les mauvaises pensées l’assaillent, Yamit découvre son bras gauche. Un soleil amputé de quelques rayons est tatoué à l’encre noire sur sa peau. Ça lui donne du « courage » et de l’espoir ». Elle s’est juré de le compléter au retour de sa sœur. « Je sais que je vais le terminer » martèle-t-elle.

Entre chaque réponse, les soupirs et les silences disent parfois plus que les mots. Mais, même après plus de soixante jours sans nouvelles, la simple évocation de leurs proches et de leurs passions leur fait décocher un large sourire.

Les deux jumeaux sont fous de foot et « abonnés de longue date » dans les tribunes du Maccabi Tel-Aviv, comme Alon, à qui le club a dédié « une fresque murale ». Doron est passionnée par les animaux. C’est aussi cela qu’ils veulent transmettre à leurs interlocuteurs. « Certains jours, on est remplis d’espoir, d’autres on est totalement abattus, mais il faut essayer de voir les choses positivement », conclut Ido Shamriz. C’est aussi ce message que la délégation de familles d’otages compte transmettre à Strasbourg, la dernière étape de leur tournée européenne, dimanche.

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