Israël mène une guerre sur plusieurs fronts, notamment contre le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban, qui a fait 771 morts et 4.500 blessés parmi ses soldats. Et plus d’un an après le début de la guerre contre le Hamas à Gaza, l’armée, qui compte quelque 170.000 soldats, est à la peine.
Selon celle qui se surnomme Tsahal pour faire face au manque d’hommes environ 300.000 réservistes ont été rappelés, dont 18,3 % étaient pourtant dispensés, ayant plus de 40 ans. Les périodes de réserve ont également été allongées et certains réservistes protestent contre ces mesures qui les privent d’une vie de famille, parfois pendant plus de six mois consécutifs.
« Les concessions sont devenues trop importantes »
« Nous sommes en train de couler », a ainsi affirmé sur Facebook Ariel Seri-Levy dans un message partagé des milliers de fois sur les réseaux sociaux. Le jeune homme a été appelé quatre fois depuis l’attaque du 7-Octobre et dénonce ceux qui veulent qu’Israël « reste au Liban et à Gaza ». « Il faut terminer cette guerre car nous n’avons plus de soldats », avance celui qui croit toujours à l’importance de servir son pays mais estime que « les concessions sont devenues trop importantes ».
Un autre réserviste, père de deux enfants, qui a demandé à conserver l’anonymat a confié à l’AFP « qu’à la fatigue physique et l’épuisement moral, s’ajoute le fait d’avoir perdu [s] on travail ». En effet, de nombreux indépendants ont mis la clé sous la porte à cause de la guerre, même si l’Etat assure une rente minimale pour les réservistes. « Le collectif est toujours au-dessus de l’individuel mais le prix est trop élevé pour ma famille », conclut-il, précisant avoir passé presque six mois à Gaza depuis douze mois.
66.000 hommes bénéficient d’une exemption
La conscription des juifs ultra-orthodoxes, qui sont en partie dispensés de service militaire, est au cœur du débat public. Ils représentent environ 14 % de la population juive d’Israël, selon l’Institut israélien pour la démocratie (IDI), soit près de 1,3 million de personnes. Environ 66.000 hommes en âge de servir bénéficient de cette exemption car ils se consacrent à l’étude des textes sacrés du judaïsme, selon l’armée en vertu d’une règle instaurée à la création d’Israël en 1948. Mais en juin, la Cour suprême a ordonné la conscription des étudiants des yechivot (écoles talmudiques), estimant que le gouvernement n’avait pas le droit de les dispenser « en l’absence d’un cadre légal adéquat ».
Les partis politiques ultra-orthodoxes, membres clés de la coalition du Premier ministre Benyamin Netanyahou, ont exigé du gouvernement une loi pérennisant cette exemption avant le vote crucial du budget de l’Etat à la fin de l’année. Une lettre ouverte, signée cette fois-ci par plus de 2.000 femmes de réservistes du courant sioniste-religieux qui concilie vie religieuse et participation à l’armée, demande « d’alléger le poids de ceux qui servent ».
Six hommes dispensés de réserve mais qui s’étaient portés volontaire sont morts au combat entre le 22 et le 28 octobre, dont un père de dix enfants. David Zenou, rabbin de 52 ans, a, lui, été plus de 250 jours sous l’uniforme cette année, dont plusieurs semaines au Liban comme combattant. Selon ce père de sept filles six fois grand-père, « c’est un mérite de servir » un pays et « mais surtout, n’oublions pas que c’est la guerre et que nous manquons de soldats ».
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