Elle a un rôle « irremplaçable » dans la catastrophe humanitaire à Gaza pour les uns, c’est une complice du terrorisme pour les autres. L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens vient de voir ses activités interdites, ce lundi, par le parlement israélien. Israël considère aujourd’hui l’Unrwa comme une agence biaisée, anti-israélienne et infiltrée par les membres du mouvement islamiste Hamas. 20 Minutes fait le point alors que la Knesset a approuvé l’interdiction de l’agence onusienne par 92 voix contre 10, malgré l’opposition des Etats-Unis et la mise en garde du Conseil de sécurité de l’ONU. Cette loi prendra effet 90 jours après son adoption.
C’est quoi l’Unrwa ?
L’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa) fournit depuis plus de sept décennies une aide et une assistance indispensables aux réfugiés palestiniens, que ce soit à Gaza en guerre, en Cisjordanie occupée, au Liban, en Syrie ou en Jordanie. L’agence a été créée en décembre 1949 par l’Assemblée générale des Nations unies dans le sillage du premier conflit israélo-arabe, peu après la création d’Israël en mai 1948. L’Unrwa avait alors pour mission d’aider quelque 750.000 Palestiniens expulsés pendant la guerre le temps de trouver une solution durable. Mais en l’absence de règlement du conflit israélo-palestinien, l’Unrwa a vu son mandat renouvelé pour poursuivre sa mission.
Quelle est sa mission au quotidien ?
Elle est « une bouée de sauvetage » pour des millions de personnes, a résumé récemment le Suisse Philippe Lazzarini, vieux routier de l’humanitaire qui dirige l’agence depuis 2020. En effet, depuis la création de l’Unrwa, le nombre de réfugiés a lui été multiplié par huit pour atteindre actuellement presque six millions de personnes protégées par ce statut très spécifique de réfugié palestinien, lié au premier exode. Les descendants en bénéficient également.
Ainsi, l’Unrwa est devenue unique en son genre : elle est le principal fournisseur de services publics de base (éducation, santé et services sociaux). C’est aussi un important employeur de la population dont elle a la charge avec plus de 30.000 employés, principalement des réfugiés palestiniens et un petit nombre de personnel international. L’organisation compte 58 camps de réfugiés officiels et gère plus de 700 écoles pour plus de 540.000 élèves.
Elle gère également 141 établissements de soins de santé primaires, avec près de sept millions de visites de patients chaque année, et fournit une aide alimentaire et en espèces à quelque 1,8 million de personnes.
Quel est son rôle à Gaza ?
Dans la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas depuis 2007, la situation humanitaire était déjà critique avant le début de la guerre entre Israël et le Hamas en octobre, avec plus de 80 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté. Mais, depuis le 7-Octobre, la situation humanitaire est devenue catastrophique à cause des bombardements incessants de l’armée israélienne et des combats au sol. « Au milieu de tous ces bouleversements, l’Unrwa est plus que jamais indispensable. L’Unrwa est plus que jamais irremplaçable », a clamé le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.
L’agence emploie aujourd’hui quelque 13.000 personnes à Gaza et compte au moins 223 membres du personnel tués dans la guerre.
Pourquoi l’Unrwa est-elle la bête noire d’Israël ?
L’Unrwa est depuis longtemps dans le collimateur d’Israël et de ses soutiens qui accusent les écoles de l’agence d’enseigner la haine d’Israël. Depuis le 7-Octobre, les accusations se sont intensifiées. L’agence est accusée de servir de couverture aux Hamas et Israël a accusé une douzaine de ses employés d’avoir été impliqués directement dans les attaques. Plusieurs enquêtes ont souligné des « problèmes liés à la neutralité » à l’Unrwa et déterminé que neuf employés « pourraient avoir été impliqués » dans l’attaque du 7-Octobre. Israël l’accuse aussi d’employer des centaines de membres du Hamas, y compris de la branche militaire.
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Ces soupçons ont poussé de très nombreux pays donateurs à suspendre leur financement en pleine guerre avant de finalement la reprendre pour la plupart, mais pas les États-Unis, ce qui laisse l’Unrwa dans une grande précarité financière. Selon son patron, elle devrait pouvoir trouver les 80 millions de dollars qui lui manquent d’ici la fin 2024, en particulier grâce à la générosité sans précédent du grand public. Mais l’avenir reste incertain.
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