C’est un ouvrage explosif. D’après Le Figaro, le livre d’un journaliste enquêteur du New York Times [dont l’auteur et la date de parution n’ont pas été révélés] dévoile les coulisses du début de la guerre en Ukraine. Et notamment comment l’agence de renseignement américaine a préparé Kiev avant l’invasion russe de février 2022. Il assure notamment que Washington a mobilisé toutes les ressources américaines pour surveiller Moscou, du FBI au Cybercommand dirigé par le général Paul Nakasone, en passant par les satellites du Pentagone et la coordination d’Avril Haines, alors directrice du renseignement national.
« Nous savions réellement ce que préparait la Russie » grâce à « une collecte vraiment excellente », résume Linda Weissgold, directrice de l’analyse du renseignement à la CIA. Le président Joe Biden, la vice-présidente Kamala Harris, et les secrétaires Blinken et Austin étaient informés de la situation. Les informations recueillies ont montré que Poutine prévoyait d’envahir quand l’hiver serait venu et préparait l’armée russe à une intervention rapide. « Nous comprenions ce que pensait la direction russe et l’emploi qu’elle comptait faire de ces forces », explique l’ancien secrétaire d’Etat Antony Blinken.
Un échange d’informations vital
Fort de ces informations, William Burns, directeur de la CIA, s’est rendu à Kiev pour rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky le 12 janvier 2022. La CIA a partagé ses données pour permettre aux Ukrainiens de préparer leurs défenses. La reconstruction des services de renseignement ukrainiens, supervisée depuis Langley par la CIA, incluait l’extraction des agents prorusses, la formation paramilitaire, le tir longue distance, la guerre antichar et le camouflage. Le général Valeriy Kondratiuk, directeur du service de renseignement militaire ukrainien (HUR), a dirigé cette nouvelle force, formée en étroite coordination avec les officiers de la Ground Branch de la CIA.
Selon Tom Sylvester, ancien agent puis directeur adjoint des opérations de la CIA repris par Le Figaro, cette coopération a été décisive : « Si vous me demandez quels sont les deux principaux facteurs qui ont permis aux Ukrainiens de résister aux Russes, ils tiennent pour une part aux décisions prises en 2014 d’investir et d’entraîner les forces locales, et pour l’autre, à la décision de partager le renseignement ».
Un esprit revanchard
La CIA est ainsi devenue l’une des meilleures défenses de l’Ukraine face aux forces russes. Et cette haine ne s’est probablement pas atténuée depuis. Selon William Burns, le président russe nourrit depuis vingt ans un ressentiment profond contre la CIA, qu’il accuse d’avoir contribué à la chute de l’Empire soviétique et soutenu les soulèvements dans les anciens États sous contrôle du Kremlin, notamment l’Ukraine.
L’ancien patron de la CIA décrit Poutine comme un apôtre de la revanche, obsédé par l’Ukraine qu’il considère non pas comme un pays indépendant, mais comme une partie intégrante de la Russie depuis mille ans. Convaincu que son devoir est de reprendre ce territoire, il cherche à restaurer la Russie dans sa dimension impériale. Un objectif jusqu’ici loin d’être atteint.
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