Guerre en Ukraine : Donbass, Crimée, « Novorossia »… Quels territoires revendiquent Kiev et Moscou ?

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Lardées de barbelés, noyées sous les flots ou en garde alternée… Quelle que soit leur apparence, les frontières sont au cœur de bon nombre de conflits entre Etats voisins. Et après trois ans et demi de guerre en Ukraine, la question de ces pointillés qui déterminent à qui appartient quoi reste au cœur des négociations (quasi inexistantes) entre Kiev et Moscou. Vendredi, Donald Trump a pressé son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky de céder à la Russie la région du Donbass (aujourd’hui disputée sur le plan militaire), selon des médias américains.

A la sortie de cette entrevue mouvementée, le président des Etats-Unis a toutefois appelé les belligérants à « s’arrêter immédiatement à la ligne de front » actuelle. Les atermoiements du président américain – qui aurait assumé, alors que Volodymyr Zelensky lui montrait les cartes du front, « ne même pas savoir où ça se trouve » – donnent l’occasion de s’interroger sur cette question territoriale. Que veut l’Ukraine ? Et la Russie ? Ce découpage est-il vraiment au cœur du conflit ?

Que veut l’Ukraine ?

C’est probablement la question la moins complexe. « L’Ukraine entend conserver ou reprendre la totalité de son territoire, dont les frontières sont légales, légitimes et internationalement reconnues », résume Jean-Sylvestre Mongrenier, directeur de recherche à l’Institut Thomas More. Kiev a perdu environ un cinquième de son territoire depuis l’invasion russe du pays, en février 2022.

Il faut ajouter à cela la question de la Crimée, envahie et annexée illégalement par la Russie en 2014, que Kiev continue à revendiquer. Il y a toutefois peu de chances que ce territoire soit rendu aux Ukrainiens, tant « sa position géographique et son rôle géostratégique sont importants dans la géopolitique de la Mer Noire », note l’expert.

Les négociateurs ukrainiens sont toutefois près à un cessez-le-feu sur la ligne de front actuelle et alors qu’une grande partie du Donbass est sous contrôle russe.

Carte des zones contrôlées par les forces russes en Ukraine et zones d'opérations ukrainiennes sur le sol russe, au 27 avril 2025.
Carte des zones contrôlées par les forces russes en Ukraine et zones d’opérations ukrainiennes sur le sol russe, au 27 avril 2025. - AFP / Valentin RAKOVSKY

Que veut la Russie ?

Officiellement, le Kremlin a les yeux rivés sur le Donbass, cette partie de l’Ukraine située sur le flanc est du pays et où les russophones sont majoritaires. Désormais, la Russie en contrôle environ 88 %, incluant presque l’entièreté de l’oblast de Lougansk et près des trois quarts de celui de Donetsk, où les combats restent féroces.

En réalité, Vladimir Poutine lorgne particulièrement sur la « Novorossia », ce territoire ukrainien inspiré des conquêtes de Catherine II au XVIIIe siècle. Il englobe le Donbass, mais aussi tout le sud de l’Ukraine, ce qui permettrait à la Russie de reprendre le contrôle de la mer Noire, où Kiev est aujourd’hui maître.

Infographie de l'AFP datant de 2015 et montrant déjà le concept de Novorossia ou Nouvelle Russie.
Infographie de l’AFP datant de 2015 et montrant déjà le concept de Novorossia ou Nouvelle Russie.  - AFP

Jean-Sylvestre Mongrenier va plus loin : « En vérité, la Russie veut s’emparer d’une manière ou d’une autre de toute l’Ukraine : conquérir par les armes ou obtenir par la diplomatie les terres à l’est du Dniepr, ainsi qu’un « pont terrestre » de la mer d’Azov jusqu’à Odessa [et] réduire la partie ouest de l’Ukraine au niveau d’un « Etat-croupion », privé d’ouverture sur la mer Noire, satellisé par Moscou. »

Le conflit peut-il vraiment se résoudre par un échange de territoire ?

Contrairement à ce qu’espère le président des Etats-Unis, c’est très peu probable. « Donald Trump semble penser, à tort dans ce cas, que la guerre d’Ukraine pourrait être réglée par un compromis territorial, […] mais les enjeux sont bien plus vastes. Il serait faux de penser que c’est un obscur litige territorial, sur un lointain théâtre exotique », lance Jean-Sylvestre Mongrenier.

Notre dossier sur la guerre en Ukraine

Le Kremlin ne supporte pas la souveraineté de l’Ukraine et aspire à le transformer en Etat fantoche, contrôlé depuis Moscou. « L’Ukraine n’a pas de raison d’être en tant qu’Etat national aux yeux du Kremlin, abonde le chercheur. Pour les impérialistes russes, les Ukrainiens sont des « petits Russes » qui doivent être vaincus, mis au pas, réintégrés dans l’Empire russe ou satellisés. »

En parallèle, la guerre en Ukraine permet à Vladimir Poutine de remodeler en partie les équilibres mondiaux. La Russie se rapproche de la Chine et s’emploie à diviser les Etats-Unis et l’Union européenne afin de mieux remettre en question l’hégémonie occidentale. Des enjeux qui dépassent donc bien largement celui des territoires.

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