Groupes armés anti-Hamas : la contestation s’intensifie à Gaza
Depuis plusieurs mois, Gaza voit émerger de petits groupes armés anti-Hamas, dont le rôle reste toutefois limité malgré leur visibilité croissante. Ces formations semblent jouer un double jeu : contester l’autorité du Hamas tout en bénéficiant, de façon directe ou indirecte, du soutien d’acteurs extérieurs.
Les médias du Golfe, en particulier aux Émirats arabes unis, relaient de plus en plus ce phénomène. Selon eux, un consensus local, régional et international se développe autour de l’idée que le Hamas ne doit pas être partie prenante d’une solution post-conflit à Gaza. Des rapports indiquent qu’au moins un de ces groupes armés dispose d’un appui israélien, notamment comme point d’ancrage face aux positions du Hamas.
L’idée d’utiliser les tribus et les clans comme levier contre le Hamas remonte aux jours qui ont immédiatement suivi le 7 octobre 2023. Cependant, à ce jour, ces milices restent de faible ampleur et n’ont pas réussi à exercer un pouvoir effectif sur l’ensemble du territoire : le Hamas continue à dominer la vie quotidienne des près de deux millions de Palestiniens vivant à Gaza. Par ailleurs, près de 500 000 personnes ont été contraintes de quitter la ville de Gaza à cause de l’offensive israélienne récente.
Parmi les figures mises en avant, Yasser Abu Shabab est cité comme l’un des chefs anti-Hamas les plus visibles. D’origine tribale bédouine, il aurait établi une base dans une partie du sud-est de Gaza, dans une zone partiellement contrôlée par les Forces de défense israéliennes.Il est décrit comme un « homme fort tribal ». Un autre chef qui gagne en visibilité est Husam al-Astal, ancien responsable de la sécurité palestinienne, condamné à mort par le Hamas pour sa supposée responsabilité dans l’assassinat d’un haut responsable du Hamas avec l’aide d’Israël.
Un nouveau groupe armé se revendiquant anti-Hamas est la « Force de frappe antiterroriste » , annoncée fin août. Selon ses déclarations, ce groupe se présente comme une alternative au Hamas, motivé par le désir de protéger la population civile des exactions et du terrorisme imputés à ce dernier. Toutefois, il n’existe pas de preuves publiques robustes que ces milices aient réussi à contester réellement la puissance militaire ou politique du Hamas, qui maintient un effectif estimé à plusieurs milliers de combattants dans la ville de Gaza.
Ces groupes semblent majoritairement tribaux, ce qui limite leur champ d’action territorial. Leur survie et influence semblent très dépendantes du soutien israélien, non seulement en matériel mais aussi en termes stratégiques ou logistiques. Mais cette dépendance pose un risque : elle pourrait aliéner les populations locales, déjà lourdement affectées par le conflit, si ces milices sont perçues comme des supplétifs ou « collaborateurs ».
Par ailleurs, aucun plan clair ne semble en cours pour remplacer le Hamas ou établir une autorité de transition crédible et acceptée par la population. La ville de Rafah a été évoquée comme refuge pour les déplacés, mais les infrastructures nécessaires manquent, de même qu’une feuille de route politique stable pour les forces non-Hamas.
Alors que l’armée israélienne affiche un engagement intense contre le Hamas depuis des mois, la perspective que ces petits groupes armés puissent réellement combler le vide de pouvoir reste incertaine. Leur montée en puissance pourrait dépendre moins de leur nombre que de leur capacité à gagner la confiance de la population, à obtenir un soutien logistique durable, et à définir un leadership clair et unifié — trois éléments aujourd’hui largement absents.
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