Gérald Darmanin, Alexandre Bompard et un absent… Edouard Philippe, son anniversaire très politique

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Réunis ce soir-là, dans un appartement parisien, les amis d’Edouard Philippe, convives habitués à se croiser, une fois par an, bière à la main. Dans ce monde politique instable, leurs retrouvailles comme un rituel, à une date qui, rarement, varie : le 28 novembre, jour de naissance de l’hôte. Tant pis si cette année, le 28 tombe un mardi. Qui a dit qu’il fallait attendre le vendredi pour célébrer son anniversaire ? Peut-être les voisins qui dans un immeuble haussmannien ont peu de chance d’échapper au bruit que produisent cinquante paires de pieds qui foulent le parquet, mais on a bien le droit, de temps en temps, de “mettre le bolobo”, comme dirait l’autre. Pas question de réserver la bamboche aux chiffres ronds. 53 ans, c’est l’âge de Milan Kundera – l’un des auteurs favoris du fêté – quand il achève l’écriture de L’Insoutenable légèreté de l’être, son chef-d’œuvre. L’âge de tous les possibles, en somme. Des lieux qui disent, le livre au drôle de titre de l’ancien Premier ministre, paru un mois avant ses 53 ans, a conquis 18 000 lecteurs. Donné lieu à une tournée littéraire. Dévoilé un pan intime de sa vie. Sans rien dissiper du mystère qui auréole sa stratégie.

Qu’importe leur impatience, les invités savent que le questionner ou – pire – le presser ne l’inciterait qu’à reculer. Vain, également, de compter sur le discours prononcé entre deux cadeaux déballés. Pas de discours, pas de grand déballage. Soudain, comprenant que les présents resteront ainsi entassés et empaquetés jusqu’à leur départ, un participant s’inquiète : “Edouard va-t-il savoir que mon cadeau est mon cadeau… ?”

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Qu’ils le connaissent depuis l’ENA, tels Benoît Ribadeau-Dumas, depuis le conseil d’Etat tel Frédéric Mion et Marc Guillaume, ou depuis l’UMP, tel Pierre-Yves Bournazel, les voici tous mus en convives dociles, contraints de l’épier et de s’épier pour espérer glaner des indices sur sa volonté. Cette assemblée dit beaucoup de lui, et de ce qu’il fera demain. Il en va de même de la composition des boissons, se remémorent ceux qui, en novembre 2016, trempèrent leurs lèvres dans des verres plus remplis qu’à l’ordinaire. La veille des festivités, Alain Juppé, le mentor et vainqueur longtemps imaginé, échouait à la primaire. “Il avait fallu charger la Corona”, reconnaît l’un des fêtards. Pour l’édition 2023 : pas de drame ni d’entrave. Edouard Philippe est libre, plus libre que jamais, délesté de Matignon et déterminé à regarder l’horizon(s) avec le calme qui le caractérise.

A l’heure de déguster leur part de quiche faite maison, ceux qui chaque automne sont de la partie observent Guillaume Gallienne serrant la main d’un nouvel arrivant. Le comédien sait-il que Laurent Marcangeli s’appelle Laurent Marcangeli et a pour lourde tâche de présider le groupe Horizons à l’Assemblée nationale ? Surprise, voici Gérald Darmanin, fraîchement libéré par la commission des Lois de l’Assemblée devant laquelle il présentait son projet de loi immigration. Enfin, de quoi cancaner ! Entre Edouard Philippe et lui, les relations sont… “stables !”, s’empresse d’assurer leur complice Thierry Solère à un curieux qui les observe de l’autre côté de la pièce. Mais régulièrement mouvementées, ambitions divergentes obligent. “[Edouard] en a-t-il envie ?” a osé, quelques semaines plus tôt, le ministre de l’Intérieur dans Le Parisien. Ce n’est certainement pas lui qui affirmerait, comme Laurent Fabius : ”L’envie, c’est pour le chocolat.” Darmanin, longtemps à l’école sarkozienne de la conquête virile, en conserve une foi dans la méthode. Vouloir c’est pouvoir. Mais 2027 est dans trois ans et demi, il est trop tôt pour se déchirer. Alors, trinquons !

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Heureusement que le joyeux acolyte, Gilles Boyer, est retenu ailleurs aujourd’hui. Il aurait sans doute eu du mal à ne pas persifler que “Gérald, Sébastien [Lecornu] et Thierry ont dissuadé des élus de rejoindre Horizons, et l’ont fait avec professionnalisme, détermination, zèle, car tout ce qu’ils font, ils le font à fond”. Qu’on aurait ri !

Pour l’heure, dans ce salon parisien, c’est l’effarement qui saisit le locataire de Beauvau quand il entend le PDG Alexandre Bompard relater les conséquences des appels au boycott lancés contre Carrefour depuis que la société détenant des magasins franchisés en Israël a annoncé qu’elle fournirait des rations alimentaires aux soldats israéliens. “Tu peux faire de la géopolitique rien qu’en regardant dans quel pays le boycott est effectif”, conclut en substance le chef d’entreprise.

Mais l’heure est venue de monter le son de l’enceinte bluetooth pour mieux profiter des tubes de Dire Straits. Rieur et décontracté, Edouard Philippe bat la mesure avec la main. Encore un instant, monsieur le bourreau.

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