La résistance américaine a-t-elle été levée ? Après des jours d’intenses querelles diplomatiques, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté vendredi une résolution appelant à l’acheminement « à grande échelle » de l’aide humanitaire à Gaza.
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Si les membres du conseil ont pris plus d’une semaine à voter au prix de nombreuses moutures moins évoluées que la première proposition, c’était surtout pour « garantir que les États-Unis ne bloqueraient pas le texte », observe le New York Times.
La menace du véto américain
Le texte appelle ainsi à « créer les conditions d’une cessation durable des hostilités » pour la sécurité du convoi humanitaire. Mais il n’est pas clairement fait mention d’un appel au cessez-le-feu. Face à l’insistance des États-Unis donc, la résolution n’exige pas de trêve immédiate. Elle appelle plutôt à « des pauses et des couloirs humanitaires urgents et prolongés » de durée et de lieu non précisés, « pour permettre un accès humanitaire complet, rapide, sûr et sans entrave ».
Dans le détail, le Conseil exige désormais que « les parties au conflit autorisent et facilitent le recours à l’ensemble des voies d’accès et de circulation disponibles dans toute la bande de Gaza », notamment la mise en service intégrale et rapide de points de passage tels que celui de Karam Abou Salem (Kerem Shalom, en hébreu), en vue de l’acheminement de l’aide humanitaire.
« Les États-Unis restent l’allié indéfectible d’Israël, malgré les critiques croissantes concernant ses opérations militaires et les attaques présumées aveugles contre les civils palestiniens », souligne le journal américain Foreign Policy. En outre, le média rapporte également que les États-Unis « ont travaillé en étroite collaboration avec les Émirats arabes unis, qui ont été les premiers à soumettre le projet de résolution, et avec l’Égypte, pour parvenir à un compromis ».
La résolution a finalement été adoptée à 13 voix, contre deux abstentions, dont les Etats-Unis et la Russie. « Un cessez-le-feu humanitaire est le seul moyen […] de mettre fin au cauchemar » à Gaza, a répété le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, s’en prenant directement à Israël dont l’offensive est « le vrai problème » pour l’acheminement de l’aide à Gaza.
L’abstention russe
Alors que les habitants de la bande de Gaza, pilonnée par les forces israéliennes en représailles à l’attaque sanglante et sans précédent du Hamas du 7 octobre, sont désormais menacés par la famine, « l’échec à appeler à un cessez-le-feu […] est incompréhensible et tout à fait cruel », a dénoncé Sally Abi-Khalil, de l’ONG Oxfam. De nombreuses autres ONG ont critiqué le texte. Médecins sans frontières (MSF) estime ainsi que la résolution « a été édulcorée au point que son impact sur la vie des civils à Gaza sera quasi nul », tandis qu’Amnesty International juge « honteux » que Washington ait brandi la menace d’un veto pour « affaiblir » le contenu du texte.
« C’est un moment tragique pour le Conseil », a fustigé l’ambassadeur russe Vassili Nebenzia, dénonçant le « chantage » américain. Plus tôt dans la semaine, un amendement déposé par les Russes proposait un appel à une « suspension urgente des hostilités ». Mais il a été bloqué par les Etats-Unis, recueillant 10 voix en faveur et 4 abstentions.
Les résolutions du Conseil sont censées avoir une valeur juridique contraignante. Mais cela n’empêche pas certains États concernés de ne pas les respecter. « Nous savons que ce n’est pas un texte parfait, nous savons que seul un cessez-le-feu mettra un terme aux souffrances », a commenté l’ambassadrice des Émirats Lana Zaki Nusseibeh, à l’origine du texte.
Mais il « répond par l’action à la situation humanitaire désespérée du peuple palestinien ». C’est la deuxième fois seulement qu’il parvient à se mettre d’accord sur un texte. Sa résolution précédente du 15 novembre appelait à des « pauses humanitaires ». Cinq autres textes ont été rejetés en deux mois, dont deux en raison de vétos américains, le dernier le 8 décembre.
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