C’est l’une des missions de sauvetage les plus inhabituelles de la guerre. Son nom ? « ConOps-Gaza ». Un convoi de véhicules a entrepris mardi dernier la récupération, dans le nord de la bande de Gaza, d’environ 180 millions de shekels en espèces, soit l’équivalent d’un peu moins de 50 millions de dollars, rapporte ce vendredi 8 décembre le Financial Times.
Les quelque 900 000 billets, pesant près d’une tonne, suffisaient à remplir un petit conteneur maritime. Ils étaient conservés dans deux succursales de la Banque de Palestine, toutes deux basées dans certaines des zones les plus dévastées de l’enclave assiégée, note le quotidien britannique.
Inquiets d’une pénurie croissante de liquidités dans le sud de Gaza, où la majorité des 2,3 millions d’habitants de l’enclave a fui et où sont désormais basés la plupart des bénéficiaires de l’aide humanitaire, les responsables de la Banque de Palestine ont vu dans la trêve temporaire d’une semaine entre Israël et le Hamas une chance de récupérer cette somme. Dans le sud de Gaza, en effet, les autorités palestiniennes déploient des efforts pour maintenir le flux d’argent liquide face aux bombardements intenses d’Israël.
Seulement six distributeurs de billets opérationnels
Cette opération particulière a nécessité une planification approfondie : le soutien de l’ONU, l’autorisation d’Israël et une sécurité très élaborée. « C’était certainement un convoi inhabituel. Surréaliste, mais nécessaire », a déclaré auprès du quotidien britannique une personne impliquée dans la logistique.
Le personnel de la banque a conduit des voitures privées vers les succursales fermées, a retiré l’argent des coffres et a réapprovisionné les distributeurs automatiques de billets pour les faire fonctionner. « Nous avons fait cela dans des distributeurs automatiques et des succursales situés dans des zones relativement sûres », a raconté un responsable de la Banque de Palestine, soulignant que seuls six distributeurs automatiques de billets de la Bank of Palestine fonctionnaient dans le sud et le centre de Gaza.
Pour tenter d’éviter l’effondrement de l’économie, les banques ont mis en place diverses mesures, comme la prolongation de la validité des cartes bancaires sur le point d’expirer. Pendant la trêve, certaines succursales bancaires du sud de Gaza ont aussi rouvert pour offrir des services d’urgence. L’accès à l’argent liquide, dont l’économie de Gaza est tributaire, dépend cependant de l’électricité et d’Internet. Les distributeurs automatiques de billets ne fonctionnent donc pas pendant les fréquentes coupures de courant.
Des habitants confrontés à une flambée des prix
Par ailleurs, l’inflation fait rage dans la bande de Gaza. Les produits de base comme le lait en poudre, la farine, le sel et la levure sont extrêmement rares et leurs prix ont grimpé en flèche. Le lait frais a quant à lui disparu. Le prix des œufs a triplé, celui de la farine a décuplé et le prix du paquet de fromage fondu est passé de 3 à 10 shekels, soit de 0,75 à 2,50 euros, avant de disparaître complètement du marché, détaille le Financial Times.
En outre, l’Autorité palestinienne a été contrainte de réduire les salaires des fonctionnaires, ne versant que deux semaines de salaire depuis le début de la guerre déclenchée par l’attaque du Hamas, le 7 octobre. Même avant le conflit, l’économie de Gaza était unique : 81 % de la population était considérée comme pauvre et dépendait de l’aide internationale, selon les chiffres de l’ONU.
Interrogée par le Financial Times, Om Saher Khalil, 52 ans, une mère de sept enfants déplacés du nord de Gaza vers Rafah, dans le Sud, affirme n’avoir rien reçu de l’Autorité palestinienne depuis le début de la guerre. « Nous n’avons aucune allocation, déplore-t-elle. Nous vivons de l’aide que les gens nous apportent. On a froid, on ne mange jamais assez… De quelle vie s’agit-il ? »
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