C’est non. Encore. Le Conseil de sécurité de l’Onu s’est de nouveau heurté jeudi au véto américain sur le dossier de Gaza. Washington a bloqué une résolution qui appelait à un cessez-le-feu « immédiat, inconditionnel et permanent » ainsi qu’à la levée des restrictions empêchant l’arrivée de l’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne.
Le texte, qui réclamait également la libération immédiate et sans condition des otages, a recueilli le soutien de 14 des 15 membres du Conseil. Mardi, une commission d’enquête internationale indépendante, mais ne parlant pas au nom de l’Onu, avait tout de même franchi un cap en accusant Israël de mener à Gaza un « génocide » visant à « détruire » le peuple palestinien.
« Un moment sombre pour ce Conseil »
Ce nouveau blocage a suscité de vives réactions. C’est « un moment sombre pour ce Conseil », a déclaré l’ambassadeur du Pakistan, Asim Iftikhar Ahmad, en appelant à la conscience collective face aux souffrances des civils. « Les pleurs des enfants devraient nous percer le cœur, l’angoisse des mères devrait secouer notre conscience », a-t-il insisté.
Son homologue algérien, Amar Bendjama, s’est quant à lui adressé directement à la population de Gaza : « Pardonnez-nous parce que ce Conseil n’a pas pu sauver vos enfants. Pardonnez-nous parce que le monde parle des droits mais nie les vôtres, à vous Palestiniens ».
Un texte digne d’une « capitulation »
Cette résolution était en préparation depuis fin août, après que l’Onu a officiellement reconnu l’existence d’une famine à Gaza. La première version du texte portait uniquement sur l’accès humanitaire, mais plusieurs pays, dont la France, le Royaume-Uni et la Russie, avaient exprimé des doutes sur l’efficacité d’un texte jugé trop limité et voué, de toute façon, à être rejeté par les États-Unis. Le projet final, rejeté jeudi, combinait donc plusieurs volets : aide humanitaire, cessez-le-feu et libération des otages.
Washington a justifié son véto en affirmant que la résolution « échoue à reconnaître la réalité sur le terrain » et en soulignant l’absence de condamnation explicite du Hamas. Pour l’ambassadeur israélien Danny Danon, ce texte ne relevait pas de la diplomatie mais d’une « capitulation ».
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Une « génération risque d’être perdue »
Avant le vote, l’ambassadrice danoise Christina Markus Lassen a expliqué que cette démarche visait à envoyer « le message que le Conseil de sécurité ne tourne pas le dos à des civils qui meurent de faim, aux otages et à l’exigence d’un cessez-le-feu ». Elle a averti qu’« une génération risque d’être perdue, pas seulement à cause de la guerre mais aussi de la faim et du désespoir ».
Israël subit une pression internationale croissante pour mettre fin au conflit déclenché après l’attaque du Hamas sur son territoire, le 7 octobre 2023. La question sera au centre des débats du sommet annuel de l’Onu, qui se tiendra la semaine prochaine à New York.
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