Gaby Lévy. Lauterbourg septembre1939, février 1944, mai 2025…

Gaby Lévy.
Lauterbourg septembre1939, février 1944, mai 2025…

Stolperstein

Lauterbourg, septembre 1939.

Gaby Lévy, tu descends la dernière, entrouvres la porte, embrasses du regard la choule vide, hier encore bruissante des appels à la Tora, de la voix puissante de ton père lisant la paracha, des amen sonores des fidèles, caresses des yeux l’almemor désert, l’aron haqodech clos, les travées de bois solitaires. Toute vie s’est évaporée, laissant en creux son empreinte nostalgique sur le silence oppressant, le vide vainqueur, l’absence triomphante.

Saint Priest Thaurion, février 1944.

Gaby Lévy, tu dévales l’escalier. Trop tard. La nasse s’est refermée sur toi. Les gestapistes, méthodiques, implacables, cueillent un à un, maison après maison, les Juifs, fruits mûrs pour la mort, qu’ils jettent, pêle-mêle, dans leurs filets. Tu es embarquée en chemise de nuit, incarcérée à la prison de Limoges, transférée à Drancy, déportée vers l’est, abattue enfin, en janvier 1945, au cours de la marche de la mort.

Lauterbourg, mai 2025.

Gaby Lévy, tu es, enfin, « rentrée chez toi”. Voici que, devant le pauvre seuil orphelin de la synagogue envolée dans les flammes, voici que devant l’arbre de la cour, resté debout contre vents et marées, contre fer et feu, devant son tronc robuste et rugueux, sous lequel tes sœurs et toi veniez jouer, sous lequel ton père, mon grand-père, avait enterré ses couteaux de chkhita avant de prendre le chemin de l’exil, voici que brille un pavé…
Passants, il vous invite à « trébucher », à recueillir les bribes et les échos d’une vie jadis jaillissante et cruellement brisée, celle d’une jeune fille de 24 ans, une Juive.

Source: Meta

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