IsraelValley souhaite présenter un entrepreneur exceptionnel admiré en Israël. Il est franco-libanais. C’est la première fois en 15 ans que IsraelValley présente un entrepreneur ayant des liens avec le Liban.
Lauréat du palmarès 30 Under 30 de Forbes France, Joseph Choueifaty continue de tracer sa route dans l’univers de la finance à impact. À la tête de Goodvest, la fintech qu’il a cofondée à 23 ans, il vise désormais le milliard d’euros sous gestion d’ici ses 30 ans.
Créée pour offrir une alternative aux produits d’épargne traditionnels, Goodvest propose une assurance-vie 100 % responsable, alignée avec l’Accord de Paris. Deux ans après sa sélection, la start-up connaît une croissance fulgurante, avec près de 200 millions d’euros d’encours sous gestion en 2024.
Forbes France : Où en êtes-vous aujourd’hui depuis votre sélection 30 Under 30 ? Votre projet existe-t-il toujours ?
Joseph Choueifaty : Goodvest, que j’ai créé, s’est beaucoup développé. Nous sommes passés de quelques millions sous gestion en 2022 à près de 200 millions aujourd’hui. Je suis toujours CEO, et l’activité se développe très bien.
Que retenez-vous de votre parcours entrepreneurial jusqu’ici ?
J. C. : Ce n’est pas un long fleuve tranquille, mais je n’ai jamais eu à faire de réductions de coûts, et l’activité reste en forte croissance. Ce que je retiens surtout, c’est que ce n’est pas un sprint, mais un marathon. Il faut sans cesse s’adapter à un environnement économique, géopolitique et technologique qui évolue très vite.
Une réussite dont vous êtes fier ?
J. C. : Avoir créé le leader de l’investissement responsable à 23 ans, et gérer aujourd’hui 200 millions d’euros. Mon objectif est d’atteindre 1 milliard d’euros sous gestion d’ici mes 30 ans.
Une difficulté ou un échec marquant ?
J. C. : Notre première levée de fonds, en 2022, a failli échouer. Un de nos investisseurs s’est désisté à la dernière minute. Heureusement, nous avons pu en trouver d’autres rapidement – et, au final, ils étaient encore plus pertinents pour notre projet.
Un conseil que vous auriez aimé recevoir au début ?
J. C. : Passer un maximum de temps sur les recrutements. C’est la qualité de l’équipe qui fait la réussite d’une boîte.
Comment voyez-vous l’évolution de votre secteur depuis votre lancement ?
J. C. : Le secteur de l’investissement responsable est toujours en forte croissance, surtout auprès des particuliers. Le secteur du “wealth” progresse également : de plus en plus de gens veulent reprendre en main leur argent, tout en tenant compte de leurs valeurs dans leur stratégie d’investissement.
Votre regard sur l’écosystème startup aujourd’hui ?
J. C. : C’est dans un environnement incertain comme celui d’aujourd’hui qu’on crée les futurs leaders. L’incertitude n’est pas un obstacle, c’est une opportunité.
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LE PLUS. « Ma famille est d’origine franco-libanaise. Je m’inspire donc souvent du Liban, même si je n’y ai pas grandi. Mais voici pourquoi tout entrepreneur peut s’en inspirer :
📍 15 ans de guerre civile (1975-1990) – mais un secteur bancaire qui renaît et fait de Beyrouth un hub financier du Moyen-Orient.
📍 Une crise économique historique depuis 2019 – une monnaie qui perd plus de 90 % de sa valeur, mais une population qui s’adapte : passage au troc, retour à l’agriculture, adoption massive des cryptomonnaies pour contourner l’effondrement du système bancaire.
📍 Explosion du port de Beyrouth en 2020 – l’une des plus grandes explosions non nucléaires de l’histoire, détruisant des quartiers entiers. Moins de 24h après, des milliers de bénévoles nettoyaient déjà les rues, sans attendre l’aide de l’État.
🇱🇧 Le Liban enseigne une chose essentielle : l’entrepreneur qui attend des conditions parfaites ne crée jamais rien.
Les Libanais n’ont jamais eu ce luxe. Ils avancent malgré l’incertitude, trouvent des solutions dans le chaos et transforment chaque crise en opportunité.
💡 Ingéniosité, flexibilité et pragmatisme.
🟥 Les coupures d’électricité ? Certains entrepreneurs ont lancé des systèmes d’énergie solaire pour palier les pannes.
⬜️ L’effondrement du système bancaire ? Des startups ont émergé avec des solutions de paiement alternatives.
🟩 Des pénuries de produits essentiels ? Des circuits courts se sont développés, boostant l’économie locale.
Cette mentalité m’inspire au quotidien.
Lancer une startup dans un secteur aussi réglementé que la finance durable, c’est naviguer dans l’incertitude. Nous avons dû convaincre, pivoter, contourner des blocages, et toujours avancer.
Comme le Liban, nous avons appris à ne pas compter sur des conditions idéales, mais à les créer.
💯 Résilience. Adaptabilité. Créativité. Des principes libanais… mais aussi les piliers d’un bon entrepreneur.