Face à la guerre ; La communauté juive va-t-elle rester unie ?

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Face à la guerre ; La communauté juive va-t-elle rester unie ?

Les divisions internes de la communauté juive face aux tensions actuelles

Au fil de l’histoire, le peuple juif a souvent dû faire face à des menaces extérieures, mais aussi à des divergences internes. Ces fractures ressurgissent aujourd’hui avec une intensité particulière, dans un climat marqué par la guerre à Gaza, la montée des manifestations pro-palestiniennes et l’essor de figures politiques critiques envers Israël dans des capitales occidentales comme New York.

À Athènes, à Londres, mais surtout aux États-Unis — qui abritent la plus grande communauté juive hors d’Israël — les débats se cristallisent. Une partie des Juifs américains s’associe à des mouvements progressistes tels que « Jewish Voice for Peace » ou « If Not Now », qui se présentent comme favorables à une paix durable mais dont les slogans appellent parfois à la fin de l’État d’Israël. Ces positions suscitent un vif malaise chez d’autres membres de la communauté, qui y voient une forme d’alignement avec les détracteurs les plus virulents d’Israël.

La question n’est pas seulement idéologique : elle touche à l’identité et au rapport au pouvoir. Historiquement, une aspiration profonde à l’intégration et à la reconnaissance a marqué les Juifs de la diaspora. Le désir de montrer sa loyauté aux pays d’accueil, et d’éviter d’apparaître comme un groupe à part, explique en partie la propension de certains à s’allier aux courants dominants, y compris lorsque ceux-ci critiquent Israël.

À New York, la candidature de Zohran Mamdani, député de l’aile gauche démocrate et ouvertement pro-palestinien, illustre ces tensions. Les sondages indiquent qu’il bénéficierait d’un soutien significatif d’électeurs juifs, malgré ses prises de position jugées hostiles par une grande partie de la communauté israélienne. Le phénomène interpelle : pourquoi voter pour un responsable qui appelle à « mondialiser l’Intifada » ? Pour ses partisans juifs, il ne s’agit pas d’un reniement identitaire mais d’un engagement au nom de valeurs universelles comme la justice sociale et la défense des droits humains.

Ce débat traverse aussi Israël. Ces dernières semaines, plus de 80 rabbins orthodoxes ont signé une lettre critiquant la politique humanitaire du gouvernement israélien à Gaza, rappelant que la tradition juive impose de protéger la vie de tous les êtres humains. D’autres y voient une faiblesse dangereuse, arguant que des concessions trop généreuses peuvent encourager les ennemis d’Israël. La polémique reflète une tension permanente : faut-il privilégier la solidarité inconditionnelle avec son propre peuple, ou maintenir des principes moraux universels même en temps de guerre ?

Les textes bibliques et talmudiques sont souvent invoqués pour justifier l’une ou l’autre position. Certains citent l’ordre donné à Israël d’éradiquer Amalek, symbole du mal absolu menaçant l’existence du peuple juif. D’autres insistent sur l’obligation d’éviter la cruauté et de préserver la dignité humaine, même en situation de conflit. Cette double référence montre combien la tradition juive elle-même peut nourrir des interprétations divergentes, selon les époques et les sensibilités.

La division n’est pas nouvelle, mais elle prend une dimension préoccupante dans un contexte international tendu. Les actes antisémites se multiplient en Europe et aux États-Unis, les Israéliens sont pris pour cibles à l’étranger, et la guerre à Gaza continue de polariser l’opinion mondiale. Dans ce climat, le manque d’unité au sein de la communauté juive est perçu par certains comme une faiblesse supplémentaire, alors que d’autres considèrent qu’il s’agit au contraire d’un signe de vitalité démocratique et de diversité interne.

Au-delà des divergences, une interrogation centrale demeure : jusqu’où peut-on aller dans la critique interne sans affaiblir son propre camp face à l’hostilité extérieure ? L’histoire récente — de l’Holocauste à la création de l’État d’Israël — rappelle que les divisions trop profondes peuvent fragiliser la survie d’une nation. Mais elle montre aussi que le débat et l’autocritique font partie intégrante de l’expérience juive, tant religieuse que politique.

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