L’élection de Zohran Mamdani à la mairie de New York marque un moment historique pour la métropole américaine. A 34 ans, ce démocrate socialiste devient le premier maire musulman de la ville et le plus jeune élu depuis plus d’un siècle. Mais alors qu’il prendra ses fonctions le 1er janvier, un sondage révèle un revers inattendu : des centaines de milliers de New-Yorkais envisageraient de quitter la ville à cause de sa victoire.
Selon un sondage J.L. Partners cité par de nombreux médias américains, près de 9 % des 8,4 millions d’habitants de la ville – soit environ 765.000 personnes – affirment vouloir « définitivement partir ». Environ 2,1 millions de résidents, déclarent qu’ils « y songent sérieusement ». Le chiffre évoque ce que certains commentateurs qualifient déjà de « plus grand exode urbain de l’histoire américaine ».
Vers un séisme économique ?
Le sondeur James Johnson, cité par le New York Post, avertit que si les intentions des personnes interrogées se concrétisent, l’impact économique serait « sismique ». En effet, ce sondage montre que les New-Yorkais âgés de 50 à 64 ans sont les plus enclins à envisager un départ, tout comme les habitants de Staten Island, les électeurs blancs et les foyers gagnant plus de 250.000 dollars par an.
Outre les habitants, plusieurs grandes entreprises de Wall Street ont déjà accéléré leur implantation ailleurs, et notamment à Dallas au Texas. Goldman Sachs y construit un campus de 80.000 m2 à 500 millions de dollars, tandis que JPMorgan Chase emploie désormais 31.000 personnes au Texas, contre 24.000 à New York. Cité par le New York Post, Drew McKnight, codirigeant de Fortress Investment Group, estime que Dallas attire les financiers grâce à sa fiscalité avantageuse, sa rapidité administrative et sa qualité de vie supérieure. Par ailleurs, l’Etat a interdit les taxes sur les transactions financières et compte désormais plus d’emplois dans la finance que New York.
Un programme qui divise profondément
Issu du courant socialiste démocratique, Zohran Mamdani propose un programme radicalement différent de ses prédécesseurs. Il souhaite rendre les bus gratuits, construire 200.000 logements abordables sur dix ans, porter le salaire minimum à 30 dollars de l’heure d’ici 2030, créer un système universel de garde d’enfants et instaurer des supermarchés publics. Pour financer ces mesures, il prévoit d’alourdir la fiscalité des grandes entreprises et des ménages les plus riches. Ces propositions enthousiasment une partie de la gauche new-yorkaise mais inquiètent de nombreux résidents et investisseurs.
Dans une interview à Fox News Digital, Isaac Toledano, PDG du groupe immobilier BH à Miami, explique que son entreprise a signé plus de 100 millions de dollars de contrats avec des acheteurs venus de New York au cours des derniers mois, soit le double de l’année précédente. Selon lui, « l’élection a accéléré les décisions d’achat », car beaucoup craignent « une hausse des taxes et une baisse de la qualité de vie ». Il observe que les acquéreurs new-yorkais sont désormais « plus agressifs », prêts à investir rapidement pour sécuriser une résidence dans un Etat perçu comme plus stable.
De nombreux New-Yorkais sont déjà partis
La chaîne locale KPIC rappelle qu’entre 2018 et 2022, plus de 150.000 New-Yorkais avaient déjà quitté la ville pour la Floride, emportant avec eux 14 milliards de dollars de revenus selon la Citizens Budget Commission. Le World’s Wealthiest Cities Report 2025 de Henley & Partners souligne par ailleurs que Miami et West Palm Beach ont surpassé New York en matière de croissance du nombre de millionnaires sur la dernière décennie, soit 112 % pour West Palm, 94 % pour Miami, contre seulement 40 % pour New York.
Alors que Zohran Mamdani a remporté l’élection, la ville s’apprête à donc entrer dans une ère de profonds bouleversements, voire d’incertitudes. Si ses partisans y voient l’occasion de bâtir une New York plus équitable, ses détracteurs redoutent une fuite des capitaux et des talents sans précédent. Entre enthousiasme et exode, la « ville qui ne dort jamais » va accueillir un maire qui divise autant qu’il incarne le changement.
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