Est-ce que le régime Syrien va perdre Alep ?

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Un rebelle dirigé par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham se tient à l’arrière d’un véhicule à al-Rashideen, dans la province d’Alep, en Syrie, le 29 novembre 2024.

Est-ce que le régime Syrien va perdre Alep ?

Alep : Une nouvelle bataille décisive pour le régime syrien et ses alliés

La ville d’Alep, symbole stratégique du nord de la Syrie, est à nouveau au centre des tensions. Le régime de Bachar al-Assad, affaibli par des années de guerre et par un soutien iranien en perte de vitesse, fait face à une offensive majeure des groupes rebelles dirigés par Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Cette situation met en lumière les dynamiques complexes entre la Syrie, l’Iran, la Russie et Israël, tout en redistribuant les cartes dans la région.

Les récents succès militaires du HTS rappellent la vulnérabilité croissante du régime syrien. Depuis 2011, le gouvernement de Bachar al-Assad a survécu grâce à l’appui crucial de l’Iran, du Hezbollah et de la Russie. Cependant, l’affaiblissement du Hezbollah, en partie dû aux frappes israéliennes, et l’attention de Moscou détournée par la guerre en Ukraine, laissent Damas isolée. Le HTS, autrefois affilié à Al-Qaïda, a gagné en autonomie et contrôle aujourd’hui des zones clés dans le nord de la Syrie, menaçant directement Alep.

L’Iran, considéré comme le pilier du régime syrien, voit ses ambitions compromises. La mort de figures clés comme Qassem Soleimani et Abu Mahdi al-Muhandis a affaibli la coordination des forces pro-iraniennes. Par ailleurs, les milices soutenues par l’Iran, telles que Kataib Hezbollah et Asaib Ahl al-Haq, pourraient être mobilisées pour défendre Alep, mais leur efficacité reste incertaine.

La Russie, quant à elle, est confrontée à un dilemme stratégique. Engagée dans le conflit ukrainien, elle peine à maintenir sa présence militaire en Syrie. Les attaques des rebelles mettent en lumière l’incapacité de Moscou à protéger pleinement le régime d’Assad. Pour Daniel Rakov, expert au JISS, cette situation est embarrassante pour la Russie, car elle fragilise son image de puissance influente au Moyen-Orient.

Selon Rakov, la déstabilisation d’Alep pourrait bénéficier à Israël en affaiblissant davantage l’Iran et le Hezbollah. Le régime d’Assad, préoccupé par sa survie, pourrait relâcher son soutien à ses alliés libanais. Cela offrirait à Israël une plus grande liberté d’action pour cibler les infrastructures iraniennes en Syrie. Toutefois, cette instabilité pourrait également ouvrir la porte à d’autres menaces, notamment de la part de l’État islamique ou des forces kurdes.

La perte éventuelle d’Alep serait un coup dur pour le régime syrien, tant sur le plan stratégique que symbolique. Elle pourrait marquer le début d’une reconfiguration du pouvoir en Syrie et au-delà. La situation reste fluide, mais les répercussions pourraient se faire sentir bien au-delà des frontières syriennes, influençant les relations entre grandes puissances et acteurs régionaux.

Dans ce contexte incertain, les alliances se redessinent, et le futur de la Syrie semble plus que jamais dépendre des jeux d’influence entre l’Iran, la Russie, Israël et les groupes rebelles. Alep, à nouveau au cœur des affrontements, pourrait devenir le théâtre d’un tournant majeur dans le conflit syrien.

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