SPECIAL ISRAELVALLEY. « Le renseignement exige le dialogue ». L’Ex Amiral Rogers (1) estime que le 7 octobre n’a pas seulement été une tragédie israélienne, mais aussi une leçon universelle sur les limites des réseaux de renseignement et l’importance de l’humilité professionnelle.
« Dans le renseignement », explique-t-il, « il ne faut jamais croire que l’on a une connaissance parfaite. On peut avoir une grande confiance en soi, mais il ne faut pas croire tout savoir. C’est là que l’échec commence. »
Concernant les rapports a posteriori d’avertissements prétendument ignorés, comme ceux du sous-officier de l’unité 8200, Rogers note qu’aux États-Unis et à la NSA, « il existe des procédures qui permettent à un analyste de dire : « J’ai l’impression de ne pas être écouté. » »
Il souligne cependant que « les véritables professionnels du renseignement doivent opérer dans le dialogue, même avec ceux qui ne sont pas d’accord avec eux. »
Mais, ajoute-t-il, ce problème n'est pas propre à Israël.
« Aux États-Unis aussi, j'ai rencontré des situations où
le président lui-même me disait : "Mike, je ne vois pas
les choses comme vous." Cela arrive. Mais j'ai toujours
essayé de comprendre pourquoi. Que voit-il que je ne vois pas ?
Qu'est-ce qui me manque ? »
Il ajoute que le problème est devenu encore plus grave
à l'ère des fausses nouvelles, de la désinformation et
des réseaux sociaux. « Aujourd'hui, il est très difficile
de savoir ce qui est réel. Lorsque les services de renseignement
s'appuient sur des sources ouvertes – journalisme, réseaux, médias –,
une grande partie des informations sont fausses ou biaisées. O
n se demande alors : "Qui croire ? Que se passe-t-il réellement ?"
C'est un dilemme auquel de nombreux pays sont confrontés. »
(1)
Pendant 37 ans, l’amiral (à la retraite) Michael S. Rogers a servi au sein des services de sécurité américains, occupant notamment des postes de direction comme directeur de l’Agence de sécurité nationale (NSA) et commandant du Cyber Command de l’armée américaine. Il a servi sous deux présidents très différents dans leurs politiques et leurs personnalités, Barack Obama et Donald Trump, et a eu accès aux secrets les plus secrets de la plus grande puissance mondiale.
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