Alarme en Espagne : l’antisémitisme atteint des niveaux records en 2024 et s’infiltre dans toutes les sphères de la société.
par Yolanda Diaz
L’Observatoire de l’antisémitisme documente une augmentation de 321 % des incidents, provoquée par la guerre à Gaza et l’hostilité sociale et politique croissante envers les Juifs.
Une année marquée par la haine
L’Espagne a connu une augmentation inquiétante de l’antisémitisme en 2024, avec 193 incidents enregistrés, le nombre le plus élevé depuis le début des enregistrements modernes.
Selon le rapport annuel de l’Observatoire de l’antisémitisme – composé de la Fédération des communautés juives d’Espagne (FCJE) et du Mouvement contre l’intolérance (MCI) – l’augmentation de 321 % par rapport à 2023 a coïncidé avec l’escalade du conflit entre Israël et le Hamas, notamment après l’attaque du 7 octobre 2023.
Les données montrent une pénétration généralisée de l’antisémitisme dans tous les domaines : politique, éducation, médias, culture, sport et numérique.
La situation a généré un climat d’insécurité sans précédent au sein de la communauté juive espagnole, qui fait état d’un sentiment croissant de vulnérabilité et de stigmatisation.
Antisionisme déguisé et discours de haine
Le rapport dénonce les formes plus subtiles du discours antisémite actuel, souvent camouflées sous le couvert de l’antisionisme, qui finissent par justifier ou banaliser la haine envers les Juifs. Ce discours est présent dans les universités, les médias et les parlements.
Parmi les cas les plus notables figure une vidéo institutionnelle de la deuxième vice-présidente du gouvernement, Yolanda Díaz, dans laquelle elle prônait la rupture des relations avec Israël et utilisait le slogan « La Palestine sera libre du fleuve à la mer », considéré comme antisémite par les organisations internationales.
En outre, certains secteurs politiques ont proposé des mesures telles qu’un embargo total sur les armes contre Israël, la suspension de l’accord UE-Israël, la reconnaissance du soi-disant État palestinien et le soutien aux poursuites judiciaires contre le gouvernement israélien devant les tribunaux internationaux.
Les réseaux sociaux : épicentre de la haine
L’Observatoire espagnol sur le racisme et la xénophobie (Oberaxe) a recensé 99 publications antisémites sur les réseaux sociaux. Facebook est la plateforme ayant enregistré le plus d’incidents, suivie de Twitter (anciennement Twitter), Instagram, TikTok et YouTube. Seuls 43 % des contenus ont été supprimés.
Les messages détectés déshumanisent (33%), glorifient les agresseurs (32%), ou présentent les juifs comme une menace (24%). 21% incitent directement à la violence et 4% promeuvent l’expulsion de la communauté juive d’Espagne.
Agressions physiques et vandalisme
Au-delà de l’environnement numérique, des agressions physiques, des menaces, des graffitis et des actes de vandalisme contre des synagogues, des cimetières et des commerces casher ont également été recensés. Dans le domaine éducatif, des boycotts, des annulations d’accords avec des universités israéliennes et du harcèlement d’étudiants et d’enseignants juifs ont été constatés.
Dans l’espace public, les manifestations se sont multipliées, scandant des slogans appelant à l’abolition de l’État d’Israël, accompagnés de symboles d’organisations terroristes, selon l’Union européenne. Des actes de vandalisme contre des monuments commémoratifs juifs et des représentations culturelles à connotation antisémite ont également été signalés.
Réactions et manque de politiques efficaces
Bien que des initiatives éducatives et des campagnes de sensibilisation aient été développées par des organisations de la société civile et des entités telles que le Centre Sefarad-Israël, le rapport déplore l’inaction des institutions publiques.
« La réponse institutionnelle a été insuffisante », prévient María Royo, directrice de la communication de la FCJE. Selon elle, il manque des mesures efficaces de prévention, de poursuites judiciaires et de promotion de la mémoire historique.
Le risque de normaliser la haine
Le rapport conclut que l’antisémitisme en Espagne n’est pas un phénomène isolé, mais plutôt le symptôme d’une société qui n’a pas développé suffisamment de mécanismes démocratiques pour y faire face. Le Plan national contre l’antisémitisme, approuvé en 2023, n’a pas encore réussi à endiguer cette tendance dangereuse.
La communauté juive, quant à elle, se sent de plus en plus menacée. Nombre d’entre eux choisissent de cacher leur identité religieuse ou culturelle dans l’espace public. D’autres sont victimes de campagnes de harcèlement simplement parce qu’ils défendent Israël ou dénoncent l’antisémitisme.
Source: www.aurora-israel.co.il/
JForum.fr
Des manifestants scandent des slogans lors d’un rassemblement pro-palestinien à la Puerta del Sol, dans le centre-ville de Madrid, en Espagne, le 21 octobre 2023. (Crédit : Manu Fernandez/AP)
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