Entre attentes et réalité : ce que Netanyahou a obtenu de Trump à Mar-a-Lago

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Ma’ariv – Anna Barsky

Lors de sa rencontre avec Trump, Netanyahou a reçu un soutien diplomatique face à l’Iran et un ancrage de principe pour le démantèlement du Hamas, mais des écarts significatifs subsistent quant aux priorités à Gaza et à l’identité des acteurs qui y seront présents.

Le chemin vers le sommet de Floride était pavé de prévisions sombres. Soyons honnêtes : cette méfiance n’est pas née de rien, mais s’appuyait sur une série de déclarations publiques de hauts responsables de l’administration et de Trump lui-même, parallèlement à une situation complexe sur le terrain.

Netanyahou, selon les estimations, est arrivé affaibli : sans équipe de préparation solide, dépendant de Trump sur les plans politique et diplomatique, et exposé au risque d’être entraîné dans une succession de petites étapes semblant raisonnables individuellement — jusqu’à ce qu’il s’avère que la réalité découverte dans la pièce (à l’entrée luxueuse) n’était pas aussi confortable que l’espérait le bureau du Premier ministre, mais restait loin du scénario où les règles du jeu sont réécrites par-dessus sa tête.

Une écoute attentive des propos de Trump à l’ouverture de la réunion, mise en perspective avec le contexte précédent, dessine un tableau bien plus complexe. Il ne s’agit ni d’un revirement total, ni d’une capitulation, mais plutôt d’un mélange inconfortable de réussites concrètes, de divergences de principe et d’une vaste zone grise où tout reste ouvert.

Le démantèlement du Hamas : un point d’accord

Commençons par là où l’inquiétude israélienne s’est avérée moins fondée que prévu : la question du Hamas et de sa démilitarisation. Face à l’idée que Washington privilégierait la reconstruction civile au détriment de la démilitarisation sécuritaire, Trump a déclaré simplement — et l’a même répété — qu’il « doit y avoir un désarmement » et que c’est l’un des sujets centraux dont lui et Netanyahou allaient discuter.

Il ne s’agit pas d’un engagement sur un calendrier ni d’un plan opérationnel, mais ce n’est pas non plus une simple déclaration protocolaire. Elle reflète une position de principe claire : le démantèlement du Hamas reste au cœur du débat et n’est pas relégué à la marge. En ce sens, Israël ne s’est pas retrouvé isolé sur le principe.

Les zones de friction : calendrier et acteurs régionaux

C’est ici que s’ouvre la zone intermédiaire. Presque dans le même souffle, Trump a précisé que la reconstruction de Gaza « commencerait assez bientôt », notant que les États-Unis s’occupent déjà de mesures civiles et sanitaires.

En d’autres termes, même si le désarmement du Hamas est défini comme un objectif, la reconstruction n’attend pas son achèvement. C’est un fossé profond — non pas sur ce qui doit arriver, mais sur l’ordre des priorités et le rythme. Pour Netanyahou, c’est un point de friction potentiel ; pour le président américain, c’est une combinaison de pression internationale et d’une volonté d’afficher un mouvement vers l’avant.

Le désaccord le plus vif est apparu sur la question de la Turquie. Trump n’a pas exclu une présence turque à Gaza, la décrivant même comme une idée qui pourrait être « bonne », tout en soulignant qu’il en parlerait avec Netanyahou. Ce n’est pas une décision actée, mais c’est un signal clair. Sur ce point, les craintes israéliennes n’étaient pas infondées : Washington est ouvert à une implication que Jérusalem juge problématique, voire dangereuse.

Le front iranien et le soutien politique

En revanche, sur le dossier iranien, Netanyahou a obtenu de Trump bien plus que ce qui semblait être sur la table. Le président américain ne s’est pas contenté de menaces générales, mais a formulé une position d’une clarté rare : si l’Iran poursuit son programme de missiles balistiques et son nucléaire, il y aura un soutien pour une frappe, ajoutant même explicitement : « Sinon — nous le ferons immédiatement ». C’est une déclaration qui offre à Israël un vent arrière diplomatique majeur.

De plus, sur le plan personnel et politique, Netanyahou a obtenu tout ce qu’il souhaitait : des superlatifs, une présentation comme un leader indispensable à la sécurité d’Israël, et un soutien public inhabituel à un appel à la grâce. Cependant, une réserve s’impose : il s’agit d’une réussite d’image évidente qui crée des titres, mais ne change pas les règles institutionnelles en Israël. C’est une accolade politique, pas un acte d’État.

Conclusion

Le bilan est complexe — comme toujours avec ce président américain imprévisible. Netanyahou n’est pas tombé dans un piège à Mar-a-Lago, mais il n’en est pas non plus sorti avec des accords scellés sur Gaza.

Il a obtenu un soutien américain fort face à l’Iran et une validation de l’importance du démantèlement du Hamas. En revanche, des divergences fondamentales subsistent sur les priorités à Gaza et sur les acteurs qui y entreront.

Peut-être la conclusion la plus importante : les estimations d’une rupture profonde étaient exagérées, mais l’euphorie serait tout aussi dangereuse. Trump et Netanyahou parlent le même langage émotionnel et stratégique global, mais le traduisent différemment dans les détails. Au Moyen-Orient, ce sont les détails qui déterminent si un sommet est une réussite ou simplement le point de départ d’une longue dispute.

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