Enquête sur… la revue K (pas Kountrass, bien entendu)

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A quelques heures de Yom Kippour, nous sommes submergés d’appels aux dons, comme chaque année. Yeshivot, œuvres caritatives et associations en tout genre se bousculent au portillon pour recevoir nos Kapparot. Parmi tous les appels reçus par email, téléphone ou SMS, un message a retenu mon attention en particulier. Celui de, ainsi libellé : « Faites un don à la revue K. Les Juifs, l’Europe, le XXI siècle... » Il faut avouer que cela sonne bien… Plus prestigieux que l’association israélite du val d’Oise au nom de rabbi Pinto (que son mérite nous protège !) Alors je suis allé voir de quoi il retourne et qui est cette qui vient elle aussi schnorrer quelques euros avant Kippour. Et je n’ai pas été déçu !

« K. est une revue sur Internet fondée par des universitaires et des journalistes venant des quatre coins de l’Europe. Sa vocation est de documenter et analyser la situation actuelle des Juifs européens au moyen de reportages, d’essais, d’entretiens, mais aussi de contributions qui reviendront sur la longue histoire du fait juif en Europe. La revue diffuse également des tribunes réactives selon l’actualité aussi bien que des textes littéraires qui, par le moyen de la fiction, rendent compte de la réalité qui nous préoccupe ».

Ça c’est la vitrine… La “longue histoire du fait juif”, ça ne vous dit peut-être pas grand-chose, alors j’ai enquêté pour vous. « Notre volonté est de créer un média journalistique exigeante et ouvert, intelligent et pédagogique, de réflexion et d’intervention, loin de la culture du clash qui privilégie les polémiques et les crispations idéologiques, la revue est un point de ralliement » poursuit la promo, sans  doute rédigée par des experts en communication diplômés de l’ESSEC. (Ils ont quand même laissé passer une fôte d’orthographe… A moins que ce soit de l’écriture inclusive ?)

Pour comprendre ce que signifiait un « média journalistique exigeante et ouvert, intelligent et pédagogique » (sic), je n’ai pas eu besoin de chercher longtemps. Je suis tombé presqu’immédiatement sur . Le titre de son article était, il faut dire, attirant et presque racoleur : « Ébranler Netanyahou« … Wouah ! Si Nasrallah, Sinwar et Khamenei réunis n’ont pas réussi à ébranler notre Premier ministre, véritable , qu’est-ce que madame Benchimol de la a trouvé pour y parvenir ?

J’ai dû ouvrir mon dictionnaire pour comprendre tout l’article qui est parsemé de mots pour Scrabble… Qu’on en juge : « Mais la famille, qui était pourtant sociologiquement censée être un safe-space pour Benjamin Netanyahou puisque l’on parle d’une famille haredit séfarade de Jérusalem, forte de l’infini courage que peut procurer une tristesse absolue et le fait de n’avoir plus rien à perdre, s’est autorisée un moment de ce que Foucault appelait la parrhèsia, le courage de la vérité » (Il s’agit de la description de la visite de Netanyahou à la famille endeuillée de l’otage Oren Danino). C’est là que j’ai compris, après avoir cherché le mot parrhèsia dans un dictionnaire, que Mme Benchimol n’aimait pas du tout M. Netanyahou.

Elle écrivait encore ces lignes significatives de sa détestation :  “En plein dans la dérive paranoïaque propre à l’homme de pouvoir qui s’y accroche comme un noyé à sa dernière bouffée d’oxygène, il s’assure d’être face à des soutiens avant de se montrer. » Après avoir lu 3 fois la phrase sur « l’usage foucaldien du concept antique de parrhèsia, pratique verbale d’un individu libre qui noue une vérité existentielle à une parole, en dépit de certains usages, en opposition avec certaines hiérarchies« , j’ai fini par comprendre que Mme Benchimol ne parlait pas de Jean-Pierre Foucault, mais d’un autre Foucauld, apparemment plus fameux encore, puisqu’elle s’y réfère sans cesse !

Plus loin, Mme Benchimol allait jusqu’à dire carrément que Bibi était un imbécile, de manière à peine voilée : « La langue de Netanyahou, comme celle d’un Trump, est éminemment pauvre : elle use de ce qu’on appelle les spins, et la répétition de slogans simplets« . Dans la suite de son article (éminemment bien écrit !), Mme Benchimol évoquait « la réponse d’Ulysse au discours de Thersite contre Agamemnon dans le chant II de l’Iliade« . Et juste ensuite, « Sarah Netanyahou qui a tenté, tant bien que mal, de se mettre dans les chaussures d’Ulysse en réinstallant un pouvoir ébranlé ».

Là, j’avoue ne pas avoir tout compris, le rapport entre les chaussures d’Ulysse et l’épouse de notre Premier ministre étant sans doute inaccessible à ma cervelle indigente de « bibiste ». En conclusion de son article, Mme Benchimol établit une intéressante comparaison (un peu excessive, non?) entre la répression politique dans l’ex-URSS et en Israël aujourd’hui, écrivant : « Le cas israélien est intéressant à cet égard puisque le chef prend soin de sous-traiter et déléguer à d’autres la violence de la répression orientée contre les citoyens ». J’avoue ne pas avoir suivi l’auteur dans les méandres et circonvolutions de sa pensée hautement inspirée et truffée de références littéraires, qui m’ont rappelé mes années lycéennes, déjà lointaines. Mais j’ai tout de même compris que pour écrire dans la , il faut détester Nétanyahou, sa femme, leurs enfants et son gouvernement.

Toute réflexion faite, je n’offrirai donc pas mes Kapparoth à la . D’ailleurs il semble qu’elle n’ait pas besoin de ma modeste obole, puisqu’elle est « soutenue » par une pléiade de fondations, dont la Fondation Rothschild, la Fondation pour la mémoire de la Shoah et la « Heinrich Böll Stiftung », et j’en passe ! (Est-ce que leur détestation de Netanyahou les a aidés à obtenir tous ces souteneurs soutiens prestigieux ? Je laisse mes lecteurs perspicaces répondre à cette question naïve…). Et avec tout cela, ils ont encore le toupet de venir « schnorrer » dans les chaumières, à la veille de Kippour. Que D’ leur pardonne leur aveuglement et leurs péchés, avec ceux de tout Israël ! Gmar Tov !

Pierre Lurçat

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