Vivre d’amour et d’eau fraîche sur une île rien qu’à soi, isolé du monde et loin de ses tumultes. Qui n’a jamais rêvé de s’acheter une île pour se la couler douce les pieds dans l’eau ? Cela tombe bien car deux cailloux paradisiaques cherchent actuellement de nouveaux propriétaires en Bretagne. Une situation assez inédite car les îles privées à vendre sont très rares sur le marché. « Il y a peut-être une ou deux transactions par an et encore cela dépend des années », reconnaît Peter Bos, conseiller immobilier de l’agence Sotheby’s International Realty en Bretagne.
L’agent connaît bien ce marché « de niche » où les perles à vendre en France sont essentiellement concentrées dans le golfe du Morbihan et dans l’archipel de Bréhat sur la sublime côte de granit rose (Côtes-d’Armor). L’an dernier, c’est lui qui avait négocié la vente dans l’estuaire du Trieux de l’îlot Roc’h ar Hon, acquis par un acheteur français qui en a fait sa résidence secondaire. Peter Bos a cette fois dans son luxueux catalogue l’île Lavrec, mise en vente depuis quelques semaines au prix de 2,310 millions d’euros.
Une clientèle pas bling-bling et en quête de discrétion
Pour cette modique somme, le futur propriétaire s’offrira un petit coin de paradis de presque six hectares en face de l’île de Bréhat, accessible à pied à marée basse. Un lieu chargé d’histoire aussi car c’est ici que le moine Budoc, venu de Grande Bretagne, aurait construit au Ve siècle le premier monastère de la Bretagne armoricaine, dont il ne reste aujourd’hui que quelques ruines. « C’est un endroit magique qui appartient depuis 2017 à un entrepreneur belge qui souhaite aujourd’hui la vendre », indique le conseiller immobilier.
Plusieurs acheteurs potentiels se sont déjà montrés intéressés pour racheter l’île Lavrec. Des clients qui n’ont bien sûr pas de problèmes d’argent pour lâcher une telle somme. Mais nous sommes ici en Bretagne et pas aux Maldives ou aux Bahamas. Aucune chance donc de voir l’île rachetée par Johnny Deep, Jeff Bezos ou Rihanna. « Pour les îles bretonnes, la clientèle est essentiellement européenne et principalement française », indique Roselyne Bothorel, directrice de l’agence immobilière Demeures du littoral. « Ce sont souvent des entrepreneurs amoureux de la mer et de la Bretagne et qui viennent chercher ici la discrétion », ajoute Peter Bos.
Aucune construction nouvelle autorisée
Parmi les heureux propriétaires d’îles en Bretagne, on peut ainsi citer les familles Bolloré et Mulliez ou Pierre Kosciusko-Morizet, fondateur de PriceMinister et frère de l’ex-ministre, qui a racheté l’île des Rimains, située au large de Cancale, en 2012. Depuis mai, l’île de Fandouillec dans la ria d’Etel (Morbihan) cherche également son Robinson. Ce havre de paix de 3,6 hectares est mis en vente 2,782 millions d’euros à la fois chez Sotheby’s International Realty et Demeures du littoral. « Un lieu magnifique et rare au cœur d’une nature préservée où vous pourrez vous ressourcer », indique l’annonce, qui précise que l’île abrite « une charmante maison en pierres d’environ 140 m² dotée de tout le confort avec l’eau et l’électricité du continent. »
Un petit bout de paradis certes mais qui n’a donc rien du grand luxe. « On n’est jamais dans l’ostentatoire sur les îles bretonnes », souligne Frédéric Dubois, expert immobilier indépendant installé à Vannes qui intervient régulièrement pour estimer la valeur d’une île. Impossible d’ailleurs pour un acheteur d’ériger une villa ou de creuser une piscine sur son caillou tant la réglementation est stricte, comme partout sur le littoral, et toute nouvelle construction interdite.
« Ce rêve d’acheter une île existera toujours »
Sur l’île Lavrec, le futur propriétaire devra quant à lui sortir le chéquier pour rénover entièrement la maison de 150 m² avant de s’y installer. « Il ne reste actuellement que les murs mais un projet de rénovation a d’ores et déjà été fait par le propriétaire actuel », précise Peter Bos. On est donc loin de la vie de pacha sur certaines îles où le confort est des plus rudimentaires. « La vie insulaire induit également énormément de contraintes et rares sont ceux qui habitent leur île à l’année », indique Frédéric Dubois.
Autant d’éléments qui expliquent pourquoi certaines îles restent parfois en vente plusieurs mois. « Juste après le Covid, elles auraient pu partir du jour au lendemain mais plus maintenant, les acheteurs sont plus réfléchis », assure Roselyne Bothorel. Si le marché de l’immobilier s’est un peu calmé, Peter Bos n’a aucun doute sur le fait que ces deux îles trouvent preneurs. « Ce rêve d’acheter une île existera toujours et les occasions sont rares, estime-t-il. Mais comme tout rêve, cela a un prix. » Un rêve de millionnaire donc.
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