EN DIRECT Crues et inondations : « Ces épisodes sont appelés à se répéter », prévient la ministre dans une commune sinistrée…

Il rejoint les départements des Landes, des Pyrénées-Atlantiques, du Gard et des Bouches-du-Rhône également placés en vigilance orange crues par Météo France

«Nous allons passer dans la partie de reconnaissance des difficultés donc la partie catastrophe naturelle, la gestion des assurances, (et) évidemment, la mobilisation des fonds pour les biens qui ne sont pas assurés et pour lesquels nous avons la possibilité d’intervenir en solidarité », a-t-elle poursuivi.

La ministre a estimé que « pour la reconstruction », il faudrait « se poser la question de « comment nous rehaussons notre niveau de jeu » pour ne plus nous retrouver dans ces situations-là ».

Les épisodes tels que les inondations qui ont touché le Centre-Est de la France « vont être appelés à se répéter », a prévenu ce vendredi la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, lors d’un déplacement à Chavanay (Loire). « On le voit, ces épisodes, ils vont être appelés à se répéter. Et donc, il faut que, collectivement, on ajuste notre niveau de jeu », a-t-elle déclaré à la presse, après avoir rencontré des élus de ce bourg de plus de 2.500 habitants très touché par les inondations.

« C’est donc un épisode inédit par son ampleur et qui est sans doute une expression du dérèglement climatique », a-t-elle ajouté.

Les « 600 mm qui sont tombés à certains endroits, c’est l’équivalent des précipitations de toute une année sur Paris », a indiqué la ministre.

A Limony, commune complètement inondée jeudi, les rues sont encore jonchées de troncs arrachés, de tas de bois et de boue marron. Des engins de chantier y sont à pied d’oeuvre pour dégager l’asphalte. Des habitants se déplacent avec des brouettes. Des pompiers pompent l’eau dans les sous-sols des maisons inondées.

Samuel Sage, 54 ans, a lui aussi subi de plein fouet la montée de la rivière qui coule le long d’un de ses murets. « Dans le jardin, on n’avait même plus pied », relate-t-il.

L’eau est arrivée à mi-hauteur de son habitation, charriant la Twingo rouge de son voisin qui est venue « défoncer le portail et s’est posée-là », dit l’homme en désignant le véhicule désormais englué dans la boue. Sa cave est encore immergée, et « ça remonte par capillarité » vers le rez-de chaussée, s’inquiète-t-il.

Le barrage de Grangent, dans la Loire, a ouvert les vannes dans la nuit pour délester le fleuve gonflé par les pluies. Les images et le débit sont spectaculaires.

Météo-France vient de réviser sa carte des vigilances. Il ne reste plus que cinq départements en orange : les Pyrénées-Atlantiques (pour crues et vagues-submersion), les Landes (crues), le Gard (crues), le Vaucluse (crues) et la Loire (crues et orages).

Il est pour l’instant prévu qu’ils le restent demain, samedi.

30.000 éclairs et coups de jus, selon Keraunos, l’Observatoire français des orages et des tornades.

Quelque 4.000 foyers sont encore privés d’électricité, selon un bilan d’Enedis à la mi-journée.

Et, à la veille des vacances de la Toussaint, les établissements scolaires n’ont pas ouvert en Ardèche, dans 52 communes du Rhône et 39 dans la Loire.

En Essonne, déjà théâtre d’inondations la semaine dernière, les flots enflent aussi et certains axes routiers sont coupés, indique la préfecture sur les réseaux sociaux.

Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, est arrivée à Chavanay, dans la Loire, avant de poursuivre sa visite en Ardèche. Cet événement « inédit par son ampleur est sans doute une expression du dérèglement climatique », a-t-elle commenté. « Ces épisodes vont être appelés à se répéter et il faut qu’on ajuste notre niveau de jeu », a-t-elle ajouté.

Selon les calculs de Météo-France toujours, le jeudi 17 octobre 2024, la France a connu sa vingtième journée la plus pluvieuse depuis le début des mesures en 1959 avec 19,2 mm enregistrés en moyenne sur le pays. Il s’agit aussi « de la troisième journée la plus pluvieuse pour un mois d’octobre », derrière le 28 octobre 1990 (25,7 mm) et le 2 octobre 2020 (23,2 mm).

Du jamais vu « de mémoire d’homme » effectivement. « En Ardèche, l’épisode d’hier est bien le plus intense jamais enregistré sur deux jours depuis le début du XXe siècle, avec 627 mm relevés. Il est encore plus intense que l’épisode des 20 et 21 septembre 1980, avec 579 mm enregistrés en 48 heures. Sur l’est de la Haute-Loire, les précipitations ont atteint des valeurs inédites pour un mois d’octobre, avec 189 mm de pluie en une journée », indique Météo-France.

Météo-France commence à débriefer cet épisode exceptionnel.

Il est tombé en soixante heures :

– 694 mm à Mayres (Ardèche), soit plus de 2 mois de pluie, ce qui est une valeur inédite tous mois confondus ;

– 686 mm à Loubaresse (Ardèche), soit plus de 2 mois de pluie, ce qui est aussi une valeur inédite tous mois confondus.

– 132 mm à Annonay (Ardèche), soit un mois de pluie.

Et en vingt-quatre heures :

– 289 mm à Le Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire)

– 191 mm à Saint-Sauveur-en-rue (Loire), soit plus d’un mois de pluie

– 129 mm au Mornant (Rhône), soit plus d’un mois de pluie.

– 91 mm à Lyon Tête d’Or (Rhône), soit moins d’un mois de pluie.

Un millier de personnes ont été évacuées et 25, qui se trouvaient en grande difficulté, hélitreuillées par les pompiers. Une partie a passé la nuit dans des centres d’hébergement ouverts par les autorités. C’est le cas d’Achille, un Congolais de 57 ans. Il a été hébergé dans le gymnase d’une école à Grigny, au sud de Lyon. « Ils se sont organisés pour nous donner des petits lits, des couvertures thermiques, de l’eau, des chips, tout ce qui peut amuser la bouche », raconte à l’AFP ce demandeur d’asile qui préfère taire son nom. La veille, il avait dû quitter son foyer, menacé par la montée de la rivière Gier. « Les pompiers sont venus nous chercher sur leurs bateaux de fortune, avec leurs pagaies ».

Michel Barnier assure que la « priorité » serait accordée au rétablissement du trafic routier et ferroviaire entre Saint-Etienne et Lyon. Il confirme aussi que la ministre de la Transition écologique et de l’Energie, Agnès Pannier-Runacher, et le ministre délégué à la Sécurité, Nicolas Daragon, se rendront « aujourd’hui même en Ardèche et dans la Loire ».

Dans la ville ardéchoise d’Annonay, traversée par deux rivières et dont le centre-ville a été brusquement inondé jeudi, « la décrue a commencé dès hier après-midi. Il n’y a pas de nouveau dégâts, les agents des services déblayent le bois et la boue » dans les rues, a déclaré à l’AFP Mathieu Jouet, chargé de communication à la mairie.

Les passants marchent prudemment sur les amas de boue laissés par la crue. Balais à la main, les commerçants de la place des Cordeliers repoussent la boue sur la route, tandis qu’une tractopelle nettoie la chaussée. Dans les boutiques, les commerçants s’affairent pour trier ce qui peut encore être sauvé. « C’est comme ça, ça s’est passé, on fait avec », témoigne avec fatalisme la gérante d’un magasin. « Maintenant on va nettoyer et on va reprendre ».

Jérôme Odouard a lui « tout perdu » dans son atelier de bijoux. « Les caves sont sous l’eau on attend la pompe, après il faudra vider la boue […] Là, faut tout refaire. J’ai tout monté moi-même ça fait dix ans, on va recommencer », dit-il, dépité.

Près de 3.000 pompiers restent mobilisés ce vendredi, en plus des forces de l’ordre. Un hélicoptère de la gendarmerie doit aussi effectuer une reconnaissance au-dessus des zones sinistrées pour évaluer les dégâts.

Il ne reste plus que dix départements placés en vigilance orange par Météo-France : la Loire, les Landes, les Pyrénées-Atlantiques, le Gers, le Tarn-et-Garonne, le Tarn, la Haute-Garonne, l’Ariège, le Gard et le Vaucluse.

Cet épisode « pluvieux nécessitant un suivi particulier du fait de son intensité et de sa durée », va toucher vendredi matin encore « une grande partie de l’ex-région Midi-Pyrénées, en progressant lentement vers le sud », précise l’agence météo, prédisant « une perte d’intensité en cours d’après-midi ».

Les sapeurs-pompiers et l’ensemble des services de secours ont effectué 2.300 interventions qui ont permis de « sauver des vies », a relevé le Premier ministre Michel Barnier ce vendredi, assurant que la France n’avait pas connu « d’épisode cévenol d’une telle violence depuis quarante ans ».

Le chef du gouvernement a appelé les pays de l’Union européenne à anticiper et à préparer « ensemble » ces crises climatiques, à l’issue d’une visite du Centre opérationnel de gestion interministérielle des crises, aux côtés du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.

Pas la peine d’attendre le TER sous la pluie. La SNCF indique que les trains régionaux ne circulent toujours pas sur les axes ️Toulouse/Rodez, Toulouse/Mazamet, Rodez/Brive, Montauban/Brive et Toulouse/Aurillac. Et sur les autres lignes, « des ralentissements sont à prévoir ».