En 2025, les investisseurs ont renoué avec la confiance dans l’économie israélienne.

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La guerre Israël-Iran a confirmé un phénomène propre à l’économie israélienne : la déconnexion entre l’économie réelle et la finance est devenue une réalité qui finit par rogner le niveau de vie des Israéliens.

L’économie réelle et l’économie financière sont deux aspects distincts mais liés d’une économie : l’économie réelle englobe la production, la distribution et la consommation de biens et services, tandis que l’économie financière concerne les marchés financiers et les transactions d’actifs.

Dans une économie moderne comme Israël, la finance a un rôle déterminant dans l’essor de l’économie réelle dont elle contribue au financement.

Economie en zigzag

Ces dernières années, la succession de conflits armés a eu une conséquence inattendue sur l’économie d’Israël : la déconnexion entre l’économie réelle et l’économie financière, l’une ne se portant pas très bien, l’autre continuant de prospérer.

Après la « Guerre des Douze Jours » contre l’Iran, l’économie réelle d’Israël va plutôt mal : la paralysie de l’activité et les dégâts matériels coûteront environ 20 milliards de shekels, soit une perte de 1% du PIB israélien.

De même, la guerre à Gaza, qui dure depuis bientôt deux ans, a entraîné une baisse de la production nationale, de la consommation et des investissements ; 2023 et 2024 ont été deux années consécutives avec une production par habitant négative (respectivement -0,3% et -0,4%).

Quant à la reprise de l’activité observée au premier trimestre 2025, elle sera freinée par la guerre en Iran. Bref, un zigzag économique qui coûte cher aux Israéliens, consommateurs et producteurs.

Confiance retrouvée

Si la guerre en Iran a impacté négativement l’économie réelle, elle semble avoir eu des retombées très positives sur la finance : durant les douze jours de guerre, l’indice boursier de Tel Aviv TA125 a fait un bond de 8% et le shekel s’est renforcé de 4% face au dollar.

Curieusement, c’est le phénomène inverse qui avait eu lieu durant la première semaine de la guerre à Gaza après le 7 octobre : l’indice TA125 avait perdu 9% de sa valeur et le shekel s’était fortement dévalué.

En 2025, les investisseurs ont donc renoué avec la confiance dans l’économie israélienne, confiance qu’ils avaient perdue en 2023 et 2024.

L’incertitude engendrée par la guerre interminable à Gaza a laissé la place à une confiance retrouvée grâce à la combinaison de quatre facteurs :

  • la fin rapide de la guerre contre l’Iran,
  • une diminution du risque géopolitique,
  • une baisse de la probabilité d’une dégradation de la note de crédit,
  • un renforcement du shekel.

Autant de raisons pour que l’argent, qui avait fui Israël en octobre 2023, revienne en juin 2025 s’investir à la Bourse de Tel Aviv, dans les fonds d’investissements ou dans le shekel.

Shekel réévalué

Un exemple concret de déconnexion entre les deux économies (réelle et financière) est donné par le shekel qui se réévalue depuis le début 2025. Cette réévaluation rend les importations moins chères, c’est-à-dire que le consommateur israélien devrait bénéficier d’une baisse du prix des produits étrangers.

Or il n’en est rien : la réévaluation du shekel ne se répercute pas sur les prix affichés dans les supermarchés. Seuls les importateurs profitent de la baisse des prix des biens, qu’ils achètent à l’étranger moins chers mais qu’ils revendent plus chers.

Autrement dit, les prix à la consommation (économie réelle) sont déconnectés de la valeur du shekel (économie financière).

Il semble bien que l’économie financière en Israël ait pour objectif principal de spéculer et non pas de financer l’économie réelle, accentuant la déconnexion entre les deux sphères de l’économie israélienne.

À la question « comment va l’économie israélienne ? », la réponse sera différente si le répondant se réfère à l’économie réelle ou à l’économie financière. La méfiance s’impose avant de tirer des conclusions hâtives…

à propos de l’auteur

Jacques Bendelac est économiste et chercheur en sciences sociales à Jérusalem où il est installé depuis 1983. Il possède un doctorat en sciences économiques de l’Université de Paris. Il a enseigné l’économie à l’Institut supérieur de Technologie de Jérusalem de 1994 à 1998, à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 2002 à 2005 et au Collège universitaire de Netanya de 2012 à 2020. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles consacrés à Israël et aux relations israélo-palestiniennes. Il est notamment l’auteur de « Les Arabes d’Israël » (Autrement, 2008), « Israël-Palestine : demain, deux Etats partenaires ? » (Armand Colin, 2012), « Les Israéliens, hypercréatifs ! » (avec Mati Ben-Avraham, Ateliers Henry Dougier, 2015) et « Israël, mode d’emploi » (Editions Plein Jour, 2018). Dernier ouvrage paru : « Les Années Netanyahou, le grand virage d’Israël » (L’Harmattan, 2022). Régulièrement, il commente l’actualité économique au Proche-Orient dans les médias français et israéliens.

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