Emmanuel Macron perd la France : sans majorité au Parlement, un troisième Premier ministre renversé et un « jour de colère » imminent – et lui est occupé à New York à promouvoir la reconnaissance d’un État palestinien et des promesses d’une « force de paix », alors qu’à la maison tout grince.
JDN
La chambre basse du Parlement français a renversé ce soir (lundi) le Premier ministre François Bayrou lors d’un vote de défiance : 364 députés ont voté contre le gouvernement et 194 en sa faveur. Bayrou, nommé il y a moins de neuf mois, est le troisième chef de gouvernement renversé en un an, après Michel Barnier (qui a chuté après trois mois) et Gabriel Attal (qui a démissionné après huit mois). Depuis la dissolution manquée des élections anticipées de 2024, aucun bloc n’a de majorité et la France est gouvernée par des gouvernements minoritaires avec un Parlement paralysé.
Bayrou avait initié le vote dans le but de faire passer un budget d’austérité pour 2026, d’environ 44 milliards d’euros, comprenant notamment la suppression de deux jours fériés. L’opposition a rejeté cette initiative et provoqué la chute du gouvernement. Avant le vote, Bayrou avait déclaré : « Vous avez le pouvoir de renverser le gouvernement, mais vous n’avez pas le pouvoir d’échapper à la réalité… La question vitale, une question de vie ou de mort, est de savoir si nous pouvons contrôler les dépenses. » Conformément à la Constitution, il présentera sa démission au président.
Le président Emmanuel Macron a rejeté les appels à de nouvelles élections et semble se diriger vers la nomination d’un nouveau Premier ministre. Selon les estimations en France, une « transaction » avec le Parti socialiste est envisagée afin de former un gouvernement minoritaire soutenu de façon ponctuelle par l’opposition. En revanche, la droite nationale dirigée par Marine Le Pen et Jordan Bardella pousse à des élections anticipées ; le bloc de gauche radicale réclame lui aussi un retour aux urnes.
Sur fond d’impasse politique, la France fait aussi face à de lourds défis économiques : la dette publique atteint environ 3 300 milliards d’euros (114 % du PIB) et le déficit frôle les 6 %, au-dessus des objectifs de l’Union européenne. Mercredi est prévu le mouvement « Bloquons tout » – une vague de protestations comprenant blocages et actions de désobéissance civile. Police et renseignement intérieur se préparent à des manifestations d’ampleur, principalement à Paris.
Parallèlement à la paralysie interne, Macron continue d’agir sur la scène internationale. Son bureau a indiqué qu’à la prochaine Assemblée générale de l’ONU il mènera une initiative pour la reconnaissance d’un État palestinien, ainsi que la promotion de modèles de « force de paix » pour l’après-guerre en Ukraine. Ces déclarations interviennent alors que l’Élysée tente de stabiliser la situation politique intérieure et de réunir une majorité pour le budget.
La question de la gouvernabilité immédiate reste ouverte : le prochain Premier ministre devra lui aussi naviguer dans un Parlement sans majorité stable, avancer un budget sous les contraintes de la dette et du déficit, et gérer des protestations persistantes – tandis que le président cherche à marquer des points diplomatiques hors de France.
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