
Depuis jeudi et jusqu’à vendredi, Emmanuel Macron est en déplacement officiel en Chine. En plus de négociations importantes au sujet de la guerre en Ukraine, ou encore la concurrence de certains investissements chinois en France, le président a prévu une visite à Dujiangyan, afin d’y visiter un barrage extraordinaire. Voici ce qu’il faut savoir sur ce chef d’oeuvre historique de l’ingéniérie chinoise.
Une visite qui s’inscrit dans l’Histoire. En plus des traditionnelles discussions qui prendront place entre le chef d’Etat français et son homologue chinois, Xi Jinping, Emmanuel Macron a prévu de découvrir système d’irrigation de Dujiangyan, vieux de dix-sept siècles.
A plusieurs centaines de kilomètres de la capitale, Pékin, Emmanuel Macron va réaliser un déplacement singulier ce jeudi 4 décembre. Dès la fin de journée, le couple présidentiel est arrivé à Chengdu, ville de 26 millions d’habitants de la province du Sichuan. Ce vendredi, Emmanuel et Brigitte Macron visiteront le barrage de Dujiangyan, chef‑d’œuvre hydraulique historique du pays, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Ils seront accompagnés de Xi Jinping et de son épouse, Peng Liyuan. Un déjeuner en présence des deux couples est prévu à la suite de cette visite.
Un lieu touristique symbole du génie chinois
En plus d’être un symbole de l’ingénierie chinoise, le barrage de Dujiangyan est devenu un véritable site touristique ces dernières années. Le lieu profite de son attrait historique, ce système d’irrigation ayant été créé dès le IIIe siècle avant notre ère, par Li Bing et son fils, Er Lang. L’objectif initial de ce barrage était de protéger les habitants locaux contre les inondations provoquées par la rivière Min et faciliter l’irrigation de la plaine de Chengdu.
Depuis sa création, il a fonctionné sans interruption et continue de se développer. Il déverse sur plus de 668.700 hectares répartis sur plus de 30 comtés et villes de Chengdu. Ce système d’irrigation compte sur trois projets principaux : Yuzui, Feisahyan et Baopingkou. Ils remplissent tous un rôle fondamental du contrôle des eux. Le premier est une digue, le deuxième assure la décharge des crues, le dessablage et la régulation du débit d’eau et le troisième permet la dérivation, en agissant comme une soupape de commandes pour contrôler le débit d’eau de la rivière.
Dujiangyan, qui signifie littéralement en chinois «barrage du fleuve de la métropole», a donc d’abord permis de stabiliser le débit d’eau local, qui pouvait aller de 5.000 m3 par seconde à seulement 500 en période de basses eaux. Cette construction a été d’autant plus importante qu’elle a rendu stable une voie de communication maritime essentielle à la circulation des biens et des personnes de l’époque.
Li Bing et Er Lang, deux génies entrés à jamais dans la postérité chinoise
Pour ce faire, Li Bing a décidé de séparer la rivière en deux flux via une digue formant une île artificielle. Le projet exploite des dizaines de milliers de travailleurs pendant plusieurs années. Ce travail exceptionnel, qui aurait pris quatre années au total, est toujours à la base du fonctionnement actuel du barrage. D’énormes gabions faits de bambous continuent de servir à séparer en plusieurs flux les eaux du Min.
En outre, un canal d’irrigation nécessitant de creuser au sein de la montagne plus particulièrement le mont Qingcheng, était incontournable. Une nouvelle prouesse technique pour l’époque, compte tenu des moyens disponibles. Cette partie de la construction aurait pris huit années, notamment en chauffant et refroidissant la roche afin de la fracturer.
Les fondateurs du barrage, Li Bing et son fils, ont réalisé de telles prouesses avec si peu de moyens qu’ils sont aujourd’hui encore considérés comme parmi les savants les plus intelligents de la Chine antique. Pour célébrer leur apport remarquable à la communauté locale, de nombreux temples traditionnels aux alentours du site ont été construits.

