Embouteillages monstres en Israël. Comment lutter efficacement contre la congestion ?

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Un nouveau motif de division a surgi en Israël au sein de l’actuelle coalition gouvernementale : comment lutter efficacement contre la congestion ?

il ne s’agit pas d’une question médicale sur la meilleure façon de soulager une congestion nasale ou cérébrale. La discorde politique tourne autour d’un des problèmes cruciaux de la vie quotidienne des automobilistes israéliens : la congestion routière ou les embouteillages à répétition.

La congestion (godesh en hébreu) est devenue un motif de profond désaccord entre deux ministres de la coalition gouvernementale : rien ne va plus entre le ministre des Finances Bezalel Smotrich et la ministre des Transports Miri Reguev.

Saga routière.

Alors que des embouteillages monstres se multiplient sur les routes israéliennes, les deux membres de la coalition s’écharpent sur la question : faut-il imposer en Israël une taxe de congestion routière pour essayer de réduire les encombrements du réseau routier d’Israël, notamment aux heures de pointe ?

Une telle taxe existe déjà dans plusieurs grandes métropoles dans le monde (comme à Londres, Stockholm et New-York) ; elle a prouvé son efficacité pour décourager la circulation routière dans le centre de la ville, pour améliorer la qualité de l’air et pour collecter des fonds supplémentaires en faveur des transports publics.

En Israël, l’introduction d’une taxe de congestion à l’entrée de Tel Aviv a déjà été votée dans le cadre de la loi de Finances de 2021. Le ministère des Finances ne demande donc que l’application d’une loi approuvée il y a quatre ans et qui devrait rapporter 1,3 milliard de shekels au Trésor israélien (350 millions d’euros).

Seulement voilà : la ministre des Transports exige des contreparties pour donner son accord à la taxe de congestion. Miri Reguev réclame du Trésor public des budgets supplémentaires pour développer certaines infrastructures qu’elle a promis à ses électeurs.

Notamment, Miri Reguev voudrait lancer la construction d’une ligne ferroviaire qui relierait Kiriat Shmona au nord à Eilat au sud. Le Trésor israélien s’est toujours opposé à ce projet, trop coûteux selon lui : autour de 20 milliards de shekels (5 milliards d’euros).

Reste à savoir si un compromis pourra être trouvé entre les deux ministres pour mettre un terme à cette saga routière.

Péage privé.

Le désaccord politique n’a pas empêché le ministère des Finances de publier, le 18 février dernier, un appel d’offres pour l’exploitation du péage urbain dans la région métropolitaine de Tel-Aviv ; autrement dit, le péage est lancé et il sera géré par une société privée sous contrat d’exploitation avec l’État.

L’appel d’offres comprend la planification, la construction et l’exploitation d’un péage dans la région de Tel-Aviv et le recouvrement de la redevance pour une durée de 22 ans.

Les offres doivent être soumises d’ici le 5 août 2025, pour une mise en service du péage en 2026 conformément à la loi ; la situation de guerre actuelle n’empêche pas le ministre des Finances de poursuivre la privatisation des infrastructures.

Entretemps, Miri Reguev n’est pas restée inactive : pour lutter contre les encombrements et les accidents de la route, tous les moyens sont bons, ou presque. Depuis le 1er janvier 2025 par exemple, le ministère des Transports a relevé le prix du ticket de transport en commun de 33% ; oui, un bond de trente-trois pour cent !

Augmenter les tarifs des transports publics n’est pas forcément le meilleur moyen pour inciter l’Israélien à laisser sa voiture devant sa porte et à prendre le tram ou le bus ; c’est même le pire des moyens…

Avant d’introduire une nouvelle taxe, il serait bon de mener une politique cohérente et cesser de se disputer entre ministres ; la congestion (routière) ne peut attendre…

à propos de l’auteur

Jacques Bendelac est économiste et chercheur en sciences sociales à Jérusalem où il est installé depuis 1983. Il possède un doctorat en sciences économiques de l’Université de Paris. Il a enseigné l’économie à l’Institut supérieur de Technologie de Jérusalem de 1994 à 1998, à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 2002 à 2005 et au Collège universitaire de Netanya de 2012 à 2020. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles consacrés à Israël et aux relations israélo-palestiniennes. Il est notamment l’auteur de « Les Arabes d’Israël » (Autrement, 2008), « Israël-Palestine : demain, deux Etats partenaires ? » (Armand Colin, 2012), « Les Israéliens, hypercréatifs ! » (avec Mati Ben-Avraham, Ateliers Henry Dougier, 2015) et « Israël, mode d’emploi » (Editions Plein Jour, 2018).

TIMES OF ISRAEL.

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