La subtilité américaine n’est toujours pas au rendez-vous. Depuis le début de la campagne présidentielle américaine, le propriétaire du réseau social X, Elon Musk, n’a pas caché son total soutien au candidat et ancien président Donald Trump. Ce n’est ni le premier, ni le seul, mais cette collaboration en particulier pose question. Celle de la neutralité d’un tuyau d’information. « Elon Musk a la mainmise sur l’algorithme de X et met en avant le candidat Trump sans s’en cacher. Cela questionne sur le fonctionnement démocratique et de la liberté », analyse Nicole Bacharan, historienne et politologue, spécialiste de la politique et de la société américaine et des relations transatlantiques.
« X est une machine de guerre dans la présidentielle américaine. La campagne est extrêmement présente sur les réseaux sociaux », poursuit-elle. Au quotidien, les Américains sont en effet presque 100 millions à naviguer sur X. « Comme partout dans le monde, on s’informe en partie via ces plateformes », admet la spécialiste.
Depuis quelques mois, qu’on le veuille ou non, Elon Musk inonde les fils d’actus des utilisateurs de ses propres messages et de ceux de Donald Trump, lequel avait été banni de Twitter en 2021 avant d’être « réhabilité » l’année suivante. Fake news, promotion, opinion… tout y passe. Mais concrètement, Elon Musk en a-t-il le droit ? « Moralement, non… légalement oui. X n’est pas un média mais un tuyau d’information, rien ne l’empêche de faire ce qu’il veut avec. Et même s’il était un média, la loi américaine ne pourrait pas l’empêcher. Elle protège les données personnelles, les enfants, mais elle n’empêche pas les médias d’opinion. On le voit bien avec Fox News, par exemple »
L’intérêt de Musk derrière cette campagne
Le patron d’un site aussi influent que X fait donc campagne – financièrement et idéologiquement – pour Donald Trump en toute légalité, protégé par la liberté des propriétaires, d’expression. Tout simplement par la loi. Derrière ces tweets, l’intérêt du patron de SpaceX n’est pas caché. Celui qui rêve de la Lune veut étendre, sur Terre, son influence. « Un milliardaire qui cherche, comme partout dans le monde, son gain personnel », résume Nicole Bacharan. Et pour cause, le candidat a promis à Elon Musk, en cas de victoire, de lui confier une commission pour réformer « l’Etat en profondeur » et travailler sur « l’efficacité gouvernementale »… le tout en connaissant les pratiques managériales très particulières du milliardaire.
« Il pourrait être en charge des dérives budgétaires, des abus, de la fraude et des paiements indus… lui qui reçoit de l’argent de l’Etat pour ses entreprises. Il y aurait un véritable conflit d’intérêts qui arrangerait Elon Musk », décrypte la politologue. Les intérêts de l’un servent ceux de l’autre, l’un ne pouvant jamais rêver de la Maison Blanche à cause de son pays de naissance, l’autre dépendant de ses mécènes.
Une stratégie inefficace ?
Pourtant, si Musk tente de peser sur la campagne présidentielle via X, il ne fait pas forcément le poids… « Finalement, quand on regarde sur le fond, les intentions de vote ne changent pas », décrypte Nichole Bacharan. Chacun est renforcé dans ses opinions, qu’Elon Musk le veuille ou non.
« Malgré les événements incroyables qui ont lieu durant cette campagne, rien ne bouge. Les deux tentatives d’assassinat de Donald Trump, l’abandon de Joe Biden, la guerre au Proche-Orient… rien n’y fait, comme si tout était déjà joué. » La politologue l’admet tout de même : l’influence du patron de X ne pourra être analysée qu’après l’élection, le 5 novembre.
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