Elbit Systems et sa filiale Orion Advanced Systems font face à des graves accusations.

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La tempête qui secoue l’OTAN depuis le printemps 2025 vient de franchir un cap symbolique avec la suspension d’Elbit Systems et de sa filiale Orion Advanced Systems des futurs appels d’offres de la NSPA, l’Agence de soutien et d’acquisition de l’Alliance. Cette décision, officialisée par des documents internes datés du 31 juillet 2025, intervient dans le cadre d’une enquête de corruption d’ampleur internationale visant des actuels et anciens agents de la NSPA, soupçonnés d’avoir favorisé des entreprises privées en échange d’avantages financiers ou d’informations confidentielles.

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L’épisode prend une résonance particulière à mesure que la NSPA s’est imposée comme un acteur incontournable du réarmement occidental. Implantée au Luxembourg, l’agence orchestre des achats communs pour les 32 membres de l’OTAN, qu’il s’agisse de munitions, de drones, de soutien logistique ou de systèmes de défense. Or, la hausse rapide des budgets et la multiplication des besoins opérationnels ont mécaniquement accru les risques de dérives. La question n’est pas seulement juridique : elle touche au cœur de la crédibilité de l’Alliance, au moment où la transparence devient un argument stratégique autant qu’une obligation morale.

Selon les éléments dévoilés par plusieurs médias d’investigation européens, les soupçons portent sur des pratiques classiques de manipulation des marchés : transmission de documents internes, orientations discrètes des critères techniques, surfacturations et recours à des sociétés de conseil servant d’intermédiaires. Les perquisitions coordonnées des 12 et 13 mai 2025 dans plusieurs pays – dont la Belgique, l’Espagne, l’Italie, les Pays-Bas ou encore les États-Unis – ont illustré la dimension transfrontalière du dossier. Des arrestations ont eu lieu à différentes étapes de l’enquête, avec le soutien d’instances de coordination judiciaire européennes et une coopération affichée par l’OTAN.

Dans ce contexte, Elbit apparaît comme un acteur majeur rattrapé par la mécanique de précaution de la NSPA. Le groupe israélien est l’un des fournisseurs importants de systèmes d’armement et de munitions auprès de plusieurs armées alliées. La suspension des nouveaux contrats et le gel de programmes spécifiques liés au groupe entraînent donc un effet de choc industriel, même si toutes les activités d’Elbit avec des pays de l’OTAN ne seraient pas concernées. L’entreprise, de son côté, rejette toute irrégularité et affirme disposer d’un dispositif de conformité solide, tout en indiquant coopérer avec les autorités lorsqu’elle est sollicitée.

La dimension la plus sensible de l’affaire réside peut-être dans la figure du consultant italien recherché par la justice belge, présenté comme un intermédiaire clé entre une partie du réseau suspecté et des intérêts industriels. Ce type de profil – ancien de l’écosystème de défense, connecté aux cercles d’achats, opérant via plusieurs structures de conseil – rappelle une vulnérabilité structurelle des grands systèmes d’acquisition multinationaux : la zone grise entre expertise légitime, influence et captation d’informations.

Au-delà du cas Elbit, l’enquête met l’OTAN face à un dilemme simple : accélérer les capacités militaires sans sacrifier la rigueur des contrôles. L’Alliance a réaffirmé sa politique de tolérance zéro et a lancé des mécanismes internes pour renforcer la coopération entre le siège de l’OTAN et la NSPA. Reste à savoir si ces mesures suffiront à restaurer une confiance essentielle, non seulement pour l’image de l’Organisation, mais aussi pour la sécurité juridique et opérationnelle de ses États membres.

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