El Al; l’aile en feu, le pilote garde son sang-froid
À l’intérieur de la cabine, tout semblait routine : ceinture attachée, moteurs qui montent en puissance, avion qui accélère sur la piste. Puis, soudain, des éclairs sous l’aile, une odeur inquiétante, et ce silence un peu trop brutal quand les moteurs ralentissent d’un coup. Ce matin-là, en Géorgie, un vol charter affrété par El Al et opéré par la compagnie lituanienne Class Jet a vu son décollage interrompu à environ 100 nœuds, soit près de 185 km/h, après une collision avec un oiseau.
Sur une vidéo prise par un passager, on entend des voix en hébreu tenter de comprendre ce qui vient de se passer. Certains évoquent des « flammes » ou des « étincelles » visibles depuis le hublot, d’autres se plaignent d’une odeur nauséabonde dans la cabine. Très vite, le commandant de bord ramène l’appareil sous contrôle, freine, et le vol est interrompu avant la rotation. L’avion s’immobilise sur la piste, escorté par les véhicules de sécurité de l’aéroport.
Les passagers sont ensuite débarqués et invités à patienter dans le terminal, pendant qu’une équipe technique monte à bord pour inspecter l’appareil. La collision avec l’oiseau, un classique de la sécurité aérienne connu sous le nom de « bird strike », a visiblement provoqué des perturbations dans un des moteurs, à l’origine des éclairs aperçus par les voyageurs et de l’odeur désagréable.
Du point de vue des procédures, la décision du pilote de rejeter le décollage à cette vitesse s’inscrit dans la doctrine standard de l’aviation commerciale. Les constructeurs d’avions définissent en effet une plage de vitesse – généralement autour de 80 à 100 nœuds – où toute anomalie sérieuse (bruit inhabituel, vibration, alarme moteur) justifie l’interruption du décollage plutôt que la poursuite de la manœuvre. Au-delà d’une certaine vitesse dite « V1 », l’appareil est censé continuer le décollage, sauf situation critique rendant le vol manifestement impossible. Ici, l’incident survient dans la zone où la prudence commande de rester au sol.
Après inspection, les techniciens concluent à un dysfonctionnement mineur : pas de dommages structurels graves, pas d’éléments compromettant la sécurité du vol. Une fois les vérifications terminées et les procédures d’entretien appliquées, les passagers sont autorisés à remonter à bord. Le charter redécolle alors vers Israël et se pose sans encombre, plusieurs heures plus tard, à destination.
Un tel épisode peut paraître spectaculaire pour l’œil du passager, mais il n’a rien d’exceptionnel à l’échelle mondiale. Les collisions avec des oiseaux constituent un risque bien connu de l’aviation civile. Elles surviennent très majoritairement au décollage ou à l’atterrissage, lorsque l’appareil évolue à basse altitude à proximité des pistes. Les autorités de l’aviation civile recensent des dizaines de milliers de « bird strikes » chaque année à travers le monde ; la plupart causent peu ou pas de dommages, et seuls une minorité d’entre eux entraînent des dégâts importants ou des accidents graves.
Les chiffres compilés par les agences internationales montrent que ces impacts restent, statistiquement, un danger très rare au regard du nombre colossal de vols effectués chaque jour. La grande majorité des événements se conclut par une procédure semblable à celle vécue sur ce vol Géorgie–Israël : arrêt ou retour au sol, inspection, puis reprise du service si l’avion est jugé pleinement apte à voler.
Les aéroports, eux, multiplient les mesures pour limiter les risques : surveillance ornithologique, effarouchement sonore, gestion des points d’eau et des déchets autour des pistes pour éviter d’attirer les oiseaux, voire recours à des fauconniers sur certains sites. Malgré ces efforts, le risque ne peut être totalement éliminé, surtout lors des migrations saisonnières où le trafic d’oiseaux explose.
Pour les passagers de ce charter, l’épisode restera probablement une frayeur qu’on racontera longtemps aux dîners de famille : « On a freiné à fond, il y avait des éclairs sous l’aile ! ». Mais d’un point de vue aéronautique, c’est un cas d’école plutôt rassurant : un incident imprévu, une décision rapide du commandant de bord, des procédures respectées à la lettre et, au final, un atterrissage parfaitement normal à Tel-Aviv. Preuve que, face aux aléas de la nature, la première règle de l’aviation commerciale reste immuable : mieux vaut perdre une heure au sol que prendre un risque inutile en l’air.
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