Selon une enquête publiée lundi 25 août, l’indice du climat des affaires de l’institut Ifo, basé à Munich, est passé de 88,6 en juillet à 89,0 en août. Ce petit rebond dépasse les attentes des analystes (88,7) et s’explique par des prévisions plus optimistes que prévu concernant les revenus pour les six prochains mois, et ce en dépit de la situation économique actuelle.
Cette embellie surprend, alors que l’on craint que les entreprises allemandes soient plus optimistes que ne le justifient les données économiques. En effet, les droits de douane américains et la concurrence de plus en plus féroce de la Chine constituent une menace sérieuse pour les fabricants allemands, fortement dépendants des exportations, en particulier dans le secteur automobile.
La semaine dernière, l’office fédéral des statistiques a annoncé que le PIB allemand avait reculé de 0,3 % au deuxième trimestre de cette année. Il s’agit d’une révision à la baisse par rapport à l’estimation initiale du mois dernier, qui tablait sur une contraction de 0,1 %. La production du pays stagne largement depuis 2019 et devrait rester stable en 2025, ce qui ferait de l’Allemagne l’une des économies avancées les moins performantes au monde.
Pourtant, les enquêtes menées auprès des entreprises suggèrent que celles-ci sont plus optimistes que ne le justifient les données.
L’énigme de l’optimisme entrepreneurial
« On ne sait pas d’où vient cet optimisme », écrivait Carsten Brzeski, responsable macroéconomique chez ING Research, lundi. Et d’ajouter qu’il est « difficile de voir comment » l’Allemagne pourra sortir de cette « stagnation qui semble sans fin » avant la fin de l’année.
Selon Carsten Brzeski, la confiance « remarquable » des entreprises pourrait s’expliquer par le fait que celles-ci minimisent les effets des droits de douane imposés par Donald Trump ou surestiment l’impact des mesures de relance budgétaire promises par le chancelier Friedrich Merz.
La semaine dernière, le ministre des Finances Lars Klingbeil a exhorté les autres ministres à réduire de plus de 30 milliards d’euros le budget 2027, soit 1 % des dépenses fédérales totales du pays. Dans une lettre consultée par Reuters, il a suggéré que ces économies étaient nécessaires pour compenser la forte augmentation des dépenses en matière d’infrastructure et de défense dans le budget de l’année prochaine, qui devrait tripler les coûts d’emprunt du pays et porter les investissements à des niveaux records.
« Le débat politique actuel en Allemagne sur d’éventuelles mesures d’austérité pourrait compromettre l’impact, au moins psychologique, des mesures de relance budgétaire annoncées pour les infrastructures et la défense », explique Carsten Brzeski. Selon lui, toute coupe budgétaire risquerait d’inciter les ménages et les entreprises à « freiner » leurs dépenses et leurs investissements.
À ces inquiétudes budgétaires et commerciales s’ajoute un euro en hausse, qui aggrave les difficultés des exportateurs allemands en augmentant le prix des produits de l’UE par rapport à ceux de leurs concurrents chinois et américains. Depuis janvier, la valeur de l’euro a augmenté de 13 % par rapport au dollar américain et de 11 % par rapport au yuan.
L’automobile en première ligne
Le secteur automobile, colonne vertébrale de l’industrie allemande, reste le plus exposé. Les constructeurs attendent toujours la mise en œuvre du taux de droit de douane uniforme de 15 % convenu avec Washington pour la plupart des produits européens. Ce nouveau tarif doit remplacer le tarif de 27,5 % actuellement appliqué aux voitures européennes.
À titre de comparaison, les constructeurs automobiles européens étaient soumis à une taxe américaine de 2,5 % avant le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier.
Les États-Unis sont la première destination des exportations automobiles allemandes, avec 450 000 véhicules pour un montant de 21,5 milliards d’euros expédiés outre-Atlantique l’année dernière, selon les données du ministère américain du Commerce.
La semaine dernière, une déclaration commune UE-États-Unis sur l’accord-cadre conclu par Donald Trump et Ursula von der Leyen fin juillet, précise que les droits de douane américains sur les voitures seront abaissés « à compter du premier jour du mois » au cours duquel Bruxelles introduira une législation supprimant les droits de douane sur tous les produits industriels américains et une série de produits alimentaires américains.
L’association de l’industrie automobile allemande VDA a souligné qu’il était « impératif » que Bruxelles « agisse rapidement » pour réduire les droits de douane, tout reconnaissant qu’un taux de 15 % reste une « charge » pour l’industrie automobile allemande.
La Commission européenne, qui supervise la politique commerciale de l’Union, semble sensible aux préoccupations des constructeurs automobiles.
« Nous avons la ferme intention […] de présenter ces propositions législatives et de lancer le processus avant la fin du mois », affirmait la semaine dernière le commissaire européen au Commerce, Maroš Šefčovič, face à la presse. « Je pense que c’est une bonne nouvelle pour notre industrie automobile, qui a perdu beaucoup d’argent ces derniers mois. »
Un haut fonctionnaire de la Commission a précisé par la suite que la législation proposée n’aurait pas besoin d’être approuvée par les États membres de l’UE ou le Parlement européen avant que Washington ne diminue ses droits de douane sur les voitures.
« C’est uniquement la proposition [de texte] elle-même qui incitera les États-Unis à aller de l’avant. C’est donc notre contribution, et non notre résultat, qui importe ici », a-t-il expliqué.
La source de cet article se trouve sur ce site