Après les attaques terroristes du 7 octobre 2023, Israël a mobilisé des milliers de soldats à Gaza et au Sud-Liban et englouti des milliards de dollars dans la guerre. Son économie ne peut en sortir sans dommage. Pourtant, contre toute attente, le PIB a repris des couleurs dès le second semestre 2024, a terminé dans le vert, pour finalement afficher un filet de croissance en moyenne sur l’ensemble de l’année. Autre bon point, les Israéliens se sont remis à acheter, donnant une nouvelle impulsion à la consommation, témoignage d’un certain retour de la confiance des ménages.
Rebond de la bourse et du shekel
Pour compléter ce premier tableau, il faut faire un détour vers la bourse de Tel-Aviv. Son principal indice, regroupant les 35 plus importantes capitalisations, tutoie les 2 500 points, un record. En toile de fond, l’élection de Donald Trump, perçu comme un allié d’Israël, et l’anticipation d’un apaisement des tensions. Le shekel, lui aussi, a rebondi après une chute brutale face au dollar, bien que sa volatilité reste forte. Ces signaux positifs suffisent-ils à dire que l’économie israélienne a tourné la page ? Non. Loin de là.
Pertes économiques et inflation
Si l’économie avait simplement suivi sa trajectoire des cinq années précédant les attaques, le PIB aurait été supérieur de 5% fin 2024. La perte cumulée sur la période avoisine 24 milliards d’euros selon nos estimations à Xerfi. Autre ombre au tableau, les répercussions du conflit sur le niveau général des prix. Dans l’alimentaire, en raison de la pénurie de main-d’œuvre dans l’agriculture, mais aussi sur l’ensemble des produits, conséquence de l’augmentation de la TVA de 17 à 18% afin de contribuer au financement des dépenses de guerre. À près de 4%, l’inflation s’éloigne de la cible de la Banque centrale contrainte de maintenir des taux élevés.
Pénurie de personnel et baisse du tourisme
Les tensions sur les prix resteront d’autant plus fortes que la pression est mise sur les salaires. L’économie israélienne était proche du plein emploi avant le conflit. Avec un taux de chômage à peine supérieur à 3%, moins de 155 000 personnes se retrouvaient sans emploi. En d’autres termes, le réservoir de main-d’œuvre était déjà vide ou presque et s’aggrave. Les entreprises se retrouvent aujourd’hui en pénurie de personnel et c’est bien pourquoi le nombre d’emplois vacants est proche de son sommet. Le retour des jeunes mobilisés apportera un léger répit, mais ne suffira pas à compenser la perte massive des travailleurs immigrés venant des pays limitrophes. BTP et agriculture vont encore tourner au ralenti, tout comme l’important secteur touristique souffrant de l’assèchement du nombre de visiteurs étrangers.
Endettement public et défiance des entreprises étrangères
Reste enfin deux dégâts qui vont s’inscrire sur un temps long :
• celui des finances publiques avec un déficit qui s’est creusé et un endettement en hausse qui vont considérablement réduire les futures marges de manœuvre budgétaire ;
• ensuite aussi celui de la défiance des entreprises étrangères. Israël est devenu un marché à risque, exposé à des boycotts. Les investissements directs étrangers sont passés de 20-25 milliards de dollars par an à 16 en 2023 et certainement pas plus en 2024.
Construit comme une économie de guerre, Israël sait fonctionner lors des conflits et rebondir quand ils s’achèvent. Mais les plaies seront cette fois-ci plus longues à cicatriser.
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