Drone abattu ; qui a donné l’ordre ?

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Drone abattu au Liban par la FINUL ; qui a donné l’ordre ?

Un incident rarissime sur la frontière libano-israélienne a enflammé le débat diplomatique : un drone israélien a été abattu dimanche 26 octobre 2025 à proximité de Kfar Kila, dans le Sud-Liban. Selon une source diplomatique citée par la presse française, la décision aurait été validée côté français, les Casques bleus impliqués appartenant à un contingent hexagonal. Fait notable : il est exceptionnel que la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) neutralise un appareil israélien, alors même que les survols et brouillages sont devenus fréquents depuis la reprise des tensions au nord d’Israël.

Deux récits s’opposent. La FINUL affirme qu’un drone israélien s’est approché de façon agressive d’une de ses patrouilles, a largué une grenade, puis qu’un char israélien a tiré un coup en direction des Casques bleus — sans blessés ni dégâts. L’ONU évoque des « contre-mesures défensives » et invoque la résolution 1701 du Conseil de sécurité, qui encadre le cessez-le-feu et proscrit toute action de nature à mettre en péril ses personnels. Dans la même zone, un incident similaire aurait eu lieu plus tôt le même jour, ce qui, aux yeux de la mission onusienne, justifie l’emploi de moyens actifs pour écarter la menace.

L’armée israélienne, de son côté, conteste fermement. Selon Tsahal, le drone exécutait une mission de reconnaissance de routine, sans représenter de danger pour la FINUL. Les premiers éléments d’enquête évoqués par ses porte-parole soutiennent que les Casques bleus ont « délibérément » tiré sur l’appareil. Après la chute du drone, des soldats israéliens auraient lancé une grenade dans la zone d’impact afin de neutraliser tout capteur ou charge résiduelle, mais aucune munition n’aurait été dirigée contre les personnels onusiens. Israël annonce par ailleurs une enquête via les mécanismes de liaison militaire avec la FINUL, habituels en cas d’incident.

Au-delà du choc symbolique, l’épisode pose trois enjeux. D’abord, la chaîne de décision : si la validation de l’usage de la force par la composante française se confirme, cela soulève la question des règles d’engagement appliquées sur le terrain et de leur interprétation dans un contexte saturé de capteurs et de drones. Ensuite, la sécurité des patrouilles onusiennes : les survols, brouillages et chutes d’engins près des colonnes de la FINUL ont déjà été dénoncés ces derniers mois, sur fond de cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hezbollah. Enfin, la lisibilité de la mission : chaque incident nourrit les accusations croisées — d’un côté, la FINUL jugée trop passive face au Hezbollah ; de l’autre, Israël accusé d’entraver ses mouvements ou de la mettre en danger.

Le timing compte. Depuis la fin de la guerre ouverte avec le Hezbollah et l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu en novembre 2024, la frontière a connu une « basse intensité » instable. Des épisodes de harcèlement au drone, des tirs ponctuels et des reconnaissances musclées ont perduré. Dans ce paysage, un tir effectif sur un drone israélien par des Casques bleus français constitue un signal politique autant qu’opérationnel : il projette Paris et l’ONU au cœur d’un face-à-face où la moindre méprise peut dégénérer.

Pour Israël, l’essentiel demeure la liberté d’action destinée à dissuader et à surveiller l’arsenal du Hezbollah, organisation lourdement armée, retranchée dans le tissu civil sud-libanais et qui bénéficie d’un soutien iranien. Les vols ISR (renseignement, surveillance, reconnaissance) servent autant à documenter des violations qu’à anticiper des tirs ou infiltrations. La neutralisation d’un drone en mission de routine est donc perçue, à Jérusalem, comme un précédent dangereux s’il venait à se répéter sans coordination préalable.

Comment sortir par le haut ? Une enquête conjointe, transparente et rapide, devrait clarifier les trajectoires, altitudes, et télémétries, ainsi que la nature exacte de l’engin abattu. La mise à jour des procédures de « déconfliction » — avec géo-fencing temporaire, notification plus fine des couloirs aériens de drones, et protocole d’alerte gradué côté FINUL — peut réduire le risque de réactions à chaud. Le rappel mutuel à la résolution 1701 gagne à s’accompagner d’exigences concrètes envers le Hezbollah : retrait de ses capacités au sud du Litani, fin des provocations, et accès non entravé de la FINUL à toutes les zones d’intérêt.

La priorité doit rester la protection des civils israéliens et la neutralisation durable de la menace du Hezbollah, conformément à l’esprit de la 1701. Israël a intérêt — et droit — à des moyens ISR pour prévenir les attaques ; la FINUL a intérêt à une coordination resserrée pour éviter les méprises. En conjuguant transparence des enquêtes, couloirs aériens notifiés et pressions réelles sur le Hezbollah, on peut réduire les frictions sans affaiblir la sécurité d’Israël ni l’autorité des Casques bleus.

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