Dis-moi Mickael (le fils), tu peux ne pas t’assoir à ma place…

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Autour de la table de Chabbath, 520 Vayé’hi

Dis-moi Mickael (le fils), tu peux ne pas t’assoir à ma place…

Notre paracha traite de la fin des jours de notre saint patriarche Ya’acov Avinou. Nous le savons, après le dévoilement de Yossef à ses frères, Ya’akov descend rapidement en Egypte retrouver son fils aimé. Il s’installera dans le territoire de Goshen et passera les 17 dernières années de sa vie en compagnie de ses enfants. A l’approche de ses derniers jours (les sefarim hakedochim dévoilent qu’un mois avant leur départ, les Tsadikim ressentent la venue du grand jour), Ya’akov réunit ses enfants pour les bénir une dernière fois et leur indiquer la voie à suivre. Au début de la paracha il demanda expressément à Yossef, vice-roi d’Égypte, de l’enterrer en Terre sainte. C’était une tâche difficile car les Egyptiens vénéraient Ya’akov et ne voulaient certainement pas laisser partir son corps ; en effet la présence du Tsadik amenait la berakha au pays du Nil. Le Targoum Yonathan dit un grand ‘Hidouch (sur chapitre 50 verset 3) : la famine, au temps de Yossef, devait durer au total 42 années et c’est Ya’akov qui l’a fait cesser lors de son arrivée. D’après ce Targoum l’Egypte avait gagné 40 années par le mérite de notre patriarche. Cependant voir aussi sur (le chapitre 45 verset 11). A réfléchir… De plus il est marqué que le Nil sortait de ses berges lorsque Ya’akov s’approchait du fleuve, c’est-à-dire que toutes les plaines du pays arides furent abreuvées durant 17 années sans avoir besoin d’aucun système d’irrigation (made in Israël…).

Ya’akov fit jurer à Yossef qu’il sera enterré en Erets auprès de ses pères Avraham et Yitshak à Hévron dans la grotte de Makhpéla. Ya’akov expira et toute l’Egypte prit un deuil national de 70 jours. Puis Yossef et ses frères montèrent le saint corps jusqu’à ‘Hévron et enterrèrent le Tsadik. Seulement les choses ne s’arrêtent pas là : quand on est Tsadik, il y a toujours des difficultés à surmonter car juste au moment de son ensevelissement, Essav vint à ‘Hévron pour empêcher la cérémonie (voir Targuoum Yonathan Ben Ouziel 50,13). Essav, le racha’ (mécréant) revendiqua que la sépulture n’appartenait plus à son frère Yossef car Léa, la femme de Ya’akov, avait déjà été enterrée dans le caveau familial donc Ya’akov avait « épuisé » son droit d’ensevelissement (puisqu’ils étaient deux frères, chacun avait une part). Les fils de Ya’akov lui répondirent qu’il avait vendu son droit d’aînesse donc il avait renoncé à sa part. ‘Essav ne démordra pas et demanda de voir le papier officiel, or l’acte était resté en Egypte… Jusqu’à ce que le fils de Dan (‘Houchi) – qui était malentendant de naissance – prit connaissance que le corps de son grand-père restait sur le sol sans aucune marque d’honneurs et il comprit, subitement, que c’était ‘Essav qui empêchait l’enterrement. En deux temps trois mouvements il prit son épée et lui trancha la tête… Le Midrach enseigne que la tête d’Essav roula au sol, comme un ballon, et tomba profondément dans la grotte où était enterrée la sainte famille. Au final la tête d’Essav se trouve (jusqu’à nos jours) aux côtés d’Avraham, de Yitshak et de Ya’akov

Cet épisode assez folklorique -si l’on peut dire- est peut-être aussi une allusion au fait que les nations du monde (personnifiées par ‘Essav) ont de hautes aspirations morales mais cela reste du domaine de la pensée. Avec tout le bien que nous pouvons leur souhaiter, ils n’arrivent pas à créer une société où le droit et la morale s’accordent en harmonie. Et pour cause, ils n’ont pas accepté les règles provenant du Ciel (la Tora). Donc la tête peut être enterrée à côté des grands de notre nation mais son corps (d’Essav) n’a pas sa place (car il reste tamé).

Un autre point intéressant développé par le rav Elimelh Biderman chelita est de savoir que ‘Houchi était le fils unique de Dan. Donc même s’il était malentendant de naissance, il n’empêche que de lui descend toute une tribu d’Israël forte de plusieurs dizaines de milliers de personnes (62 700) à l’époque de la Sortie d’Egypte… Pour nous apprendre que même si l’on pense -dans la vie- que les dés sont jetés et qu’il n’y a plus rien à attendre de la partie, il faut savoir qu’il existe TOUJOURS  le Ribono chel ‘Olam : chacun a droit à son prodige ; il suffit d’espérer, de prier, de ne pas désespérer et de continuer à espérer. 

Cette semaine j’ai lu un très intéressant ‘Hidouch au nom d’un grand Talmid ‘Hakham : le Rogotchover zatsal (rapporté dans le Séfer Chaï LaThora). Cependant je dois prévenir mon public que c’est un sujet sensible qui est abordé et c’est surtout une grande innovation de la part du rav. Et après avoir écrit ce développement (comme vous le savez cela me demande beaucoup de travail car ce texte n’est pas le fruit du GPT, d’ailleurs comme tous les autres, j’en ai parlé au Collel du rav Uhlman (Elad) et les Avrékhim sont restés sceptiques (à la fin de mon développement je donnerai l’approche beaucoup plus traditionnelle).

Le Rogochever (un imminent rav d’il y a plus d’un siècle et demi) fait remarquer que le verset (ch 50.14) répète par deux fois que Yossef a enterré son père : « Yossef est revenu en Egypte… après avoir enterré son père, après avoir enterré son père… ». Pour expliquer cette redondance il donne son explication.

Pour la comprendre nous sommes obligés de faire une introduction sur les lois de la politesse (au détour de notre feuillet nous verrons que la civilité française n’a rien à nous apprendre…).

A l’époque du Talmud (au début de notre ère), il existait des lois de préséance lorsque l’on prenait son repas. Dans ces temps reculés les gens mangeaient allongés (sur leur côté gauche) sur des lits. La Guemara Berakhoth (46:) enseigne que s’il y avait deux personnes qui venaient à manger ensemble, la personne la plus importante (le rav ou le père, etc.) prenait la première place tandis que le second plaçait son lit en bas du premier du côté de ses pieds  ils ne se faisaient pas face l’un à l’autre… certainement afin que chacun n’observe pas son ami lorsqu’il mange. En conséquence, lorsque la personne importante venait à parler à la seconde, elle n’avait qu’à baisser sa tête en sa direction. Lorsqu’une troisième personne s’associait aux deux premières les choses se corsaient. La personne importante abandonnait son lit et se plaçait au milieu, la personne qui avait un niveau plus important prenait la place d’en haut tandis que la personne la moins importante se trouvait au bas de celui du milieu. C’est-à-dire que le rav/père était au milieu, la 2ème en haut et la 3ème en bas (cela veut dire que la place la plus honorifique était celle du centre, puis la place d’en haut et enfin celle d’en bas). Or le Talmud Yerouchalmi (Ta’anith chapitre 4 halakha 2) enseigne que cet ordre est respecté aussi dans les lois des enterrements.

A l’époque, les gens se faisaient enterrer dans des genres de grotte avec plusieurs compartiments. D’après cela lorsqu’il y avait deux personnes dans le caveau, la plus importante avait la position la plus haute dans la grotte et en dessous la personne la moins importante. Lorsque l’on venait à enterrer une troisième personne, la personne la plus importante passait en deuxième position au milieu tandis que la deuxième personne (par ordre d’importance) était placée au-dessus tandis que la troisième personne était en dessous. Or dans la grotte de ‘Hévron, il y avait déjà Avraham placé en haut et en contre-bas Yitshak puisque Avraham est le père et Yitshak, le fils. Lorsque Ya’akov a été enterré, Yossef a dû déplacer Yts’hak et Avraham car dorénavant Avraham devait être au milieu tandis que Ya’akov, le petit fils d’Avraham, a été placé en bas d’Avraham. Donc Yossef a dû opérer un changement de place pour chacun de nos saints Patriarches. Au final il y a Yits’hak au-dessus, au milieu Avraham et en contre-bas Ya’akov Avinou. D’après cette explication nous comprenons pourquoi le verset répète, par deux fois, que Yossef a enterré son père, une fois c’était pour Ya’akov et l’autre c’était vis-à-vis de ses aïeux qu’il a dû déplacer.

C’est un très grand ‘Hidouch je dois l’avouer comme je vous l’ai écrit en introduction. En effet la tradition nous apprend que la grotte s’appelle Ma’arath HaMakhpéla (la grotte double). Rachi (Beréchith 23;9) explique dans sa seconde explication qu’elle possédait deux niveaux. D’après cela, nos saints Patriarches étaient dans des pièces différentes à deux étages donc il n’y a pas lieu de penser que Yossef a dû les déplacer. Cependant si véritablement ils étaient dans des compartiments l’un au-dessus de l’autre, l’enseignement du Rogotchover reste valable.

Nous avons appris cette semaine de grandes nouveautés, en particulier dans les lois d’ensevelissement (donc on fera attention de prendre les choses au sérieux dans ce domaine et ne pas, à D’ ne plaise, opérer des incinérations dans les fours qui sont revenus à la mode alors qu’ils avaient cessé de fonctionner en février 1945, si je ne m’abuse… De plus, on aura compris qu’il faut faire en sorte que nos chers disparus ne soient pas transférés dans les fosses communes. Le sujet a longuement été soulevé par le rav Kahn Chlita, fondateur et rédacteur en chef de la fameuse revue Kountrass qui a fait de très importants travaux, bravo, pour dévoiler aux yeux du public français qu’après 30 années les autorités municipales se permettent de sortir des caveaux les restes des corps et les jeter dans les fosses communes, ce qui est formellement interdit par la Halakha. Donc là aussi il faut empêcher cette pratique interdite afin de veiller au Kavod du défunt).

De plus, si l’on doit faire si attention vis-à-vis de nos chers disparus, de leur donner ces dernières marques d’honneurs alors à plus forte raison on fera attention avec les gens vivants autour de soi, nos proches, amis, connaissances et ne pas entraîner toutes sortes de vexations, de mauvaises paroles, etc. Un vaste programme !

Chabbath Chalom et à la semaine prochaine, si D’ le veut.

David Gold

Tél : 00972 55 677 87 47

E-mail : [email protected]

Une berakha à mon Roch Collel le rav Elyahou Uhlman chelita pour son travail de diffusion du judaïsme en Erets auprès de ses Avrékhim (Elad).

Une bénédiction à Pascal Choukroun et son épouse (Lyon) dans ce qu’ils entreprennent et du na’hat des enfants.

Berakha à ma ‘havrouta le rav Yedidia Kravits chelita et à son épouse (Elad) pour l’éducation des enfants et leurs mariages et la parnassa.

Pour tous ceux qui veulent soutenir notre feuillet ou faire des dédicaces veuillez prendre contact par mail.

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