Deux soldats Israéliens arrêtés en Belgique

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Drapeau Givati au festival Tomorrowland en Belgique

Deux soldats Israéliens arrêtés en Belgique

Deux ressortissants israéliens en vacances à Boom, petite ville flamande qui accueille chaque été le festival électro Tomorrowland, ont vécu une parenthèse judiciaire inattendue. À la suite d’une plainte déposée par la Fondation Hind Rajab, organisation belge spécialisée dans les poursuites pour crimes internationaux, la police fédérale les a interpellés, interrogés, puis relâchés quelques heures plus tard. C’est, selon l’ONG, la première fois en Europe que des Israéliens présentés comme membres de Tsahal sont officiellement arrêtés dans le cadre d’allégations liées à la guerre à Gaza.

Une interpellation hautement symbolique
Les faits se sont déroulés le week‑end dernier. Les deux visiteurs auraient brandi un drapeau de la brigade Givati, unité de combat israélienne engagée à plusieurs reprises dans la bande de Gaza. Cette « démonstration de force », pour reprendre les mots de la fondation plaignante, a suffi à attirer l’attention de ses bénévoles, présents sur place pour repérer d’éventuels soldats. Moins de vingt‑quatre heures plus tard, une plainte urgente était déposée auprès du parquet fédéral, citant la compétence de la Belgique en matière de justice universelle.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a confirmé l’incident : « Un citoyen israélien et un soldat de Tsahal, actuellement démobilisé, ont été entendus, puis libérés. » L’armée, elle aussi, suit l’affaire de près mais rappelle que les intéressés « ne se trouvaient pas en mission » et voyagent à titre privé. Néanmoins, une enquête pénale a bien été ouverte par les autorités belges.

La justice universelle belge en action
La loi belge autorise les tribunaux à poursuivre certains crimes graves — génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre — même si les faits ont été commis à l’étranger et sans lien direct avec la Belgique. Ce principe, fondé sur les Conventions de Genève et intégré au droit national en 1993, confère au parquet fédéral le pouvoir d’instruire lorsque les victimes ou leurs représentants produisent des éléments jugés crédibles.

S’exprimant sur son site, la Fondation Hind Rajab a salué « une avancée significative ». Pour l’ONG, l’arrestation montre que « l’impunité n’est pas acquise » et qu’« à défaut de réponse politique, la justice peut agir ». Le Réseau mondial d’action juridique, partenaire de la plainte, voit dans ce court épisode « un message clair » adressé aux militaires israéliens voyageant en Europe : le risque d’une interpellation n’est plus théorique.

Les limites pratiques d’une poursuite
Si l’étape de l’interrogatoire marque un précédent, un long chemin reste à parcourir avant toute mise en examen. Les procureurs devront établir un lien direct entre les suspects et des actes constitutifs de crimes de guerre. Or, dans un théâtre d’opérations aussi complexe que Gaza, la chaîne de commandement et la preuve individuelle sont difficiles à documenter. Les deux hommes ont d’ores et déjà regagné leur hôtel et peuvent quitter le territoire, même si l’enquête continue.

Les autorités belges, conscientes du caractère politiquement sensible du dossier, avancent avec prudence. Bruxelles a déjà connu, dans les années 2000, un afflux de plaintes contre d’anciens dirigeants mondiaux, épisode qui avait provoqué des crispations diplomatiques et conduit à un réaménagement de la loi. Aujourd’hui, chaque affaire est filtrée pour s’assurer qu’elle repose sur des preuves solides et ne relève pas de l’instrumentalisation militantiste.

Réactions en Israël et en Europe
À Jérusalem, les premiers commentaires officiels soulignent le « manque de fondement » des accusations. Des voix s’inquiètent d’un « harcèlement judiciaire » destiné à délégitimer les soldats israéliens plutôt qu’à rechercher la vérité. D’autres estiment au contraire que l’État hébreu devra s’habituer à voir ses militaires exposés aux lois internationales, notamment depuis que la Cour pénale internationale a ouvert, en 2021, une enquête sur le conflit israélo‑palestinien.

En Europe, plusieurs ONG et partis politiques de gauche radicale saluent le pas franchi par la Belgique, tandis que certains observateurs redoutent une polarisation accrue. Les festivals d’été, espaces festifs par essence, pourraient devenir des lieux de traque et de confrontation, loin de leur vocation initiale.

Un signal plus qu’un aboutissement
Pour la Fondation Hind Rajab, l’objectif est clair : inciter d’autres États à suivre l’exemple belge et rappeler que la justice universelle est « une obligation, pas une option ». Que cette première interpellation aboutisse ou non à un procès, le précédent est posé. À l’avenir, militaires et ex‑militaires israéliens devront évaluer le risque judiciaire lors de leurs déplacements à l’étranger, surtout dans les pays où la mobilisation associative est forte.

En définitive, cette courte garde à vue ne saurait préjuger d’un verdict. Elle cristallise cependant une tendance : la mondialisation des conflits s’accompagne d’une mondialisation de la responsabilité pénale. Qu’on la considère comme un progrès ou comme une dérive, la scène de Boom rappelle que, sous les beats électroniques de Tomorrowland, le droit international n’est jamais bien loin.

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