Des secrets d’otages restés sous silence
Entre silence et survie : ce que l’on découvre des otages israéliens
Depuis la libération des derniers otages encore vivants, les récits de captivité se multiplient. Mais au-delà de la souffrance et de la terreur, ce sont maintenant des révélations soigneusement dissimulées qui émergent — des vérités que des familles ont préféré taire pour ne pas accroître le danger pesant sur leurs proches.
Pendant des mois, certains otages présentés comme des civils dissimulaient une réalité plus dangereuse : un lien direct ou récent avec les forces armées israéliennes. En effet, le Hamas exerce une cruauté renforcée contre quiconque est perçu comme un soldat. Ainsi, quatre hommes enlevés sous l’étiquette de civils étaient en fait des militaires — ou l’avaient été — au moment de leur capture ou peu avant. Avinatan Or avait servi dans un commando d’élite ; Yossef Haïm Ohana était officier dans la brigade Givati ; quant à Rom Braslavsky et Bar Kuperstein, ils se trouvaient en permission lorsqu’ils ont été enlevés au festival Nova.
Le père de Yossef Haïm a raconté qu’il n’a jamais révélé publiquement la carrière militaire de son fils tant que celui-ci était aux mains du Hamas. Il rapporte que son fils a feint d’occuper un poste non combattant, prétendant avoir été renvoyé de l’armée. Cette dissimulation, selon les proches, aurait sauvé sa vie.
Parmi les cas les plus frappants figure celui d’Emily Damari, sergente dans la police des frontières. Enlevée le 7 octobre 2023, elle est restée 471 jours captive sans jamais dévoiler son statut de militaire. Sa véritable identité a été occultée tant par ses proches que par les autorités, une précaution extrême dans un contexte où l’aveu d’appartenance à une unité d’élite peut conduire à un traitement pire encore.
Avant son enlèvement, Emily parlait publiquement avec fierté de sa vocation — formée dans une famille profondément engagée dans les forces de sécurité, elle souhaitait même former des femmes combattantes, soulignant que leur engagement était volontaire, pas imposé. Pourtant, en captivité, elle a dû neutraliser cette facette de sa vie pour survivre.
Ces censures n’étaient pas seulement individuelles. Des familles et les autorités israéliennes collaboraient, de façon discrète, pour que ces identités sensibles ne soient pas révélées. Dans certains cas, la simple diffusion d’un nom militaire aurait pu déclencher des interrogatoires plus brutaux ou des représailles.
Au-delà de ces cas individuels, les otages libérés racontent une captivité marquée par la privation, l’isolement et la menace permanente. Certains ont été isolés seuls pendant de longues périodes, d’autres ont survécu à des tortures, à la faim ou à des conditions de détention extrêmes. Dans des témoignages publics, des anciens captifs évoquent les ruses employées pour paraître plus vulnérables, pour dissimuler des blessures ou masquer des affiliations.
Dans le cadre de l’opération menée pour obtenir la libération — connue sous le nom d’« Opération Shavim Legvulam » — Israël a coordonné avec des médiateurs internationaux la remise des otages vivants et le rapatriement de certains corps. Durant cette procédure, la exigence a été forte : que chaque individu retourne sans que les révélations post-libération ne mettent en péril ceux qui restent captifs ou leurs proches.
Parmi les récents développements, on mentionne aussi l’affaire d’un corps remis par le Hamas qui n’appartenait pas à un otage israélien identifié, ce qui a ravivé la tension autour du respect des engagements dans les échanges de prisonniers et de dépouilles. Israël fait pression pour que les engagements soient intégralement respectés.
Un élément souvent oublié dans ces récits : l’otage Liri Albag, enlevée en 2023 et relâchée en 2025, a joué un rôle clé en persuadant ses ravisseurs de ne pas exécuter une autre captive qu’ils croyaient militaire. En mentant pour défendre une camarade, elle a sauvé une vie. Après sa libération elle-même, elle a exprimé sa volonté de reprendre le service militaire — symbole de résistance et de foi en Israël.
Ces histoires inédites éclaire la complexité du conflit dans lequel chaque parole, chaque vérité non dite pouvait peser sur la vie ou la mort. Les familles, dans leur détresse, ont dû parfois trancher entre le besoin d’exposition médiatique et la nécessité de préserver une vie. Ces stratégies de silence, jusqu’à présent méconnues, illustrent jusqu’à quel point la guerre est aussi une guerre de l’information et de l’image.
La révélation de ces secrets montre combien Israël a été confronté non seulement à un ennemi militaire, mais à un défi moral et humanitaire extrême. En préservant le silence, des familles ont contribué à sauver des vies. Ces efforts rappellent que l’État d’Israël, au-delà de ses opérations militaires, doit aussi protéger ses citoyens dans l’ombre — et que la libération des otages ne peut être considérée comme achevée tant que tous ne sont pas rentrés et que justice n’a pas été rendue envers ceux qui les ont enlevés.
Jforum.fr
Similaire
La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.
La source de cet article se trouve sur ce site