« Des moyens abjects » : Pour les musulmans de Paris, le choc après la découverte de têtes de cochon devant des mosquées

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A Montreuil, la rue des Sorins a retrouvé son calme ce 10 septembre. A l’heure de la prière du midi, une trentaine de fidèles arrivent au compte-goutte devant la mosquée Al-islah, où une tête de cochon a été découverte la veille, le 9 septembre au matin. Au total, neuf têtes de cochon ont été déposées dans la nuit par des individus cagoulés devant des mosquées de Paris et de banlieue comme à Malakoff ou Gentilly.

« On est sous le choc, traumatisé », explique Haider Rassool, vice-président du conseil musulman de Montreuil, association qui gère la mosquée ouverte depuis 2010. Il fait partie de ceux qui étaient là tôt hier matin. « Pour nous, c’est grave, il y avait une tête de cochon, là, devant la porte de la mosquée et du sang, un peu », se souvient-il. Les forces de l’ordre ont été appelées et la police scientifique est intervenue, prélevant aussi les images de vidéosurveillance. Une plainte va être déposée à la brigade criminelle de Paris, ajoute-t-il.

« C’est quand même l’islam qui est visé »

« Montreuil est relativement tranquille, on se sent en sécurité, on cohabite avec tout le monde », poursuit Haider Rassool pour expliquer le choc lié à cet acte de haine islamophobe. Considéré comme impur, le porc fait partie des interdits alimentaires pour les musulmans, comme pour les juifs. Il est explicitement interdit d’en consommer dans le Coran, mais tous ses usages ne sont pas proscrits, souligne l’Institut du monde arabe.

« Ici c’est un lieu de culte, spirituel, on vient pour la prière et on a toujours été bien, complète le vice-président. Quand on n’a pas d’argument pour convaincre les gens, on utilise des moyens abjects comme ça. » Entre indignation et inquiétude, certains acceptent de partager leur ressenti malgré des réticences. « C’est quand même l’islam qui est visé, estime Issa. Les musulmans sont de plus en plus inquiets. On ne sait pas ce qui va arriver plus tard. Aujourd’hui c’est une tête de cochon, demain, ça peut être un explosif », craint-il.

Il voit monter l’islamophobie, un sujet insuffisamment considéré et « moins traité » selon lui, évoquant le meurtre d’Aboubakar Cissé, assassiné dans une mosquée du Gard en avril dernier et pour lequel la qualification de terroriste n’a pas été retenue par le Parquet national antiterroriste. Un autre fidèle, qui souhaite rester anonyme, dit son écœurement, ne pas comprendre pourquoi on s’en prend aux musulmans.

Soutien politique

Sur la porte d’entrée de la mosquée, bâtiment de briques rouges de 1.500 m2, un mot du maire de Montreuil, Patrice Bessac (PCF) reste affiché. Dénonçant des « actes de haine islamophobe », il assure les fidèles de son soutien et de sa solidarité face à cet acte attaquant « la liberté de croyance » et touchant les croyants « dans leur foi » et « liberté de pratiquer leur culte en sécurité ».

Notre dossier sur l’islamophobie

La veille, le maire, ainsi qu’Alexis Corbière, député de la Seine-Saint-Denis (ex-LFI), s’étaient déplacés pour dénoncer la banalisation des discours de haine raciste et xénophobe de l’extrême droite. Et partager un thé de l’amitié, auquel ont aussi participé des voisins. Alors que les auteurs de ces actes ne sont pas encore connus, le préfet de police de Paris tient à rester prudent, évoquant aussi la possibilité d’une ingérence étrangère. Les responsables de la mosquée appellent, de leur côté, à renforcer les patrouilles policières au moment des prières pour assurer la sécurité des fidèles.

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