Des M113 transformés en bombes roulantes par Tsahal

Des M113 transformés en bombes roulantes par Tsahal

Dans le cadre des opérations au cœur de la bande de Gaza, l’armée israélienne (Tsahal) a radicalement repensé l’usage de ses véhicules blindés de transport de troupes (APC). Sous la responsabilité du général de division Yaniv Asor, à la tête du commandement Sud, l’utilisation de ces véhicules a triplé lors des manœuvres terrestres. Mais la véritable nouveauté tient à leur transformation en armes à explosif — une tactique redoutablement efficace et technologiquement sophistiquée.

Les anciens modèles M113, réputés vulnérables et désuets, ont été modifiés : désormais chargés de tonnes d’explosifs, ils peuvent être télécommandés jusqu’à une zone ciblée à l’intérieur de la ville, puis déclenchés à distance. Cette méthode permet de neutraliser des champs de mines, des postes de surveillance ou des groupes armés tapis dans les ruelles. Comme le décrit l’armée, cette approche « protège nos forces avant l’attaque au sol et accélère les manœuvres » — soulignant l’aspect préventif et sécuritaire de ce déploiement.

Rapports récents confirment que ces robots blindés explosifs ont été fréquemment utilisés dans des zones densément peuplées, comme le quartier d’Al Zeitoun à Gaza — où plus de 50 véhicules de ce type auraient été activés, provoquant des destructions massives sur un rayon de 100 mètres et des dégâts partiels jusqu’à 300 mètres. Les habitations ont été sérieusement endommagées ; les explosions ont forcé des évacuations massives et généré un climat de peur parmi les civils.

Des témoignages évoquent des secousses si puissantes qu’elles ont été entendues à plus de 100 km de distance. Dans certaines opérations, les blindés transportent leur charge jusqu’à proximité de la cible avant de larguer des barils explosifs le long des rues, accentuant leur efficacité destructrice tout en retardant le retour des véhicules à la base pour être réutilisés.

Cette stratégie s’inscrit dans une logique de robotisation croissante sur le champ de bataille. L’emploi de blindés télécommandés réduit le risque pour les soldats et permet une frappe chirurgicale contre les infrastructures militantes.

Pourtant, l’usage de ces dispositifs crée une onde de choc au sein des observateurs internationaux. Plusieurs experts rappellent les préoccupations humanitaires liées à l’emploi d’armes explosives dans des quartiers civils densément peuplés. À Gaza, l’emploi de munitions aériennes lourdes et d’engins explosifs non guidés a déjà fait des ravages considérables. Dans ce contexte, l’arrivée de blindés suicides téléguidés amplifie les risques pour la population et les équipements de base comme les hôpitaux ou les écoles.

Sur le plan technologique, les M113 modifiés coexistent avec des projets plus modernes comme le véhicule blindé Eitan et le Namer. Le Namer, plus lourd, mieux protégé, est progressivement déployé dans l’armée, mais les limitations budgétaires freinent sa généralisation. Quant au Eitan, APC à roues à haute vitesse, il est produit en série depuis 2022 et utilisé depuis 2023 sur le terrain. Malgré tout, Tsahal dépend encore largement des M113 — dont certains sont aujourd’hui sacrifiés dans ces frappes téléguidées.

En complément des blindés téléguidés, l’idéologie de Tsahal reste axée sur la mobilité, la sécurité des troupes et l’innovation tactique. L’ingénierie militaire s’illustre une fois encore par cette adaptation : transformer un véhicule de transport en engin offensif représente une réponse pragmatique aux contraintes opérationnelles et budgétaires.

En résumé, Tsahal a intégré une arme robotisée basée sur des blindés M113 chargés d’explosifs, télécommandables et déployés dans des zones urbaines. Cette stratégie offensive vise à dégager des corridors, neutraliser des positions ennemies et minimiser les pertes humaines dans les troupes, mais elle soulève des questions sérieuses quant à son impact sur les civils et l’environnement urbain.

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