Des Juifs Haredi protestent contre un chantier de construction
Construction contestée à Yehud : des ultra-orthodoxes manifestent contre un chantier sur un site funéraire présumé. Dans la ville israélienne de Yehud, située au centre du pays, un important projet immobilier est aujourd’hui au cœur d’une vive controverse. En cause : des soupçons selon lesquels les travaux en cours pourraient se dérouler sur un ancien cimetière juif, remontant potentiellement à l’époque du Second Temple. Ces suspicions ont provoqué une vague de protestations parmi les communautés juives ultra-orthodoxes (haredi), qui réclament la suspension immédiate du chantier.
Depuis plusieurs jours, des groupes de manifestants haredi se sont rassemblés sur le site, dénonçant la profanation de tombes supposées anciennes. Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des hommes vêtus de noir, allongés sur le sol du chantier, tentant de recouvrir des zones excavées avec de la terre. Leur action vise à bloquer la poursuite des travaux jusqu’à l’éclaircissement complet des faits.
Tensions sur le terrain et intervention policière
Face à l’agitation croissante, les forces de l’ordre israéliennes, notamment des agents de la police des frontières, sont intervenues mardi pour évacuer les manifestants. La municipalité de Yehud a, de son côté, publié un communiqué signalant qu’elle suivait la situation de près et qu’elle avait connaissance de l’opposition « d’un groupe ultra-orthodoxe aux travaux engagés sur le site ».
Le projet immobilier est mené par la société Aura Israel, spécialisée dans la promotion et le développement résidentiel. L’entreprise prévoit d’édifier six bâtiments de quatre à douze étages, totalisant environ 300 nouveaux logements. Mais ce programme est désormais sérieusement ralenti par la mobilisation des haredim, qui ont également menacé de boycotter la société. Des manifestants ont été filmés en train de se rassembler devant le domicile présumé du fondateur et PDG de l’entreprise, Yaacov Atrakchi.
Des vestiges confirmés, mais pas encore attribués
Les protestations ont été déclenchées à la suite de premières fouilles archéologiques révélant des structures souterraines. L’Autorité israélienne des antiquités (IAA), sollicitée sur place, a confirmé que des inspections préliminaires avaient mis au jour des tombes anciennes. Selon l’IAA, il s’agit de sépultures datant de la période romaine et de l’âge du bronze.
Néanmoins, l’autorité précise qu’il n’est à ce stade pas possible de relier ces tombes à une communauté précise, juive ou autre. « De telles conclusions ne pourront émerger que dans les phases plus avancées des analyses », indique l’IAA, qui mène actuellement des investigations commanditées par le promoteur Aura Israel lui-même.
Ce point est crucial : sans preuve formelle d’un ancien cimetière juif, les travaux ne sont pour l’instant pas légalement suspendus. Toutefois, dans un contexte où le respect des lieux de sépulture revêt une importance religieuse majeure, notamment pour les communautés haredi, la pression reste forte pour que le chantier soit stoppé à titre préventif.
Entre sensibilité religieuse et impératif de construction
Ce conflit illustre les tensions fréquentes en Israël entre les impératifs de développement urbain et le respect des sensibilités religieuses. Les groupes haredi, très attachés à la préservation des sites funéraires anciens, s’opposent régulièrement à ce qu’ils considèrent comme des profanations, même en l’absence de preuve catégorique. Pour eux, la simple possibilité que des restes humains juifs soient dérangés suffit à motiver une mobilisation immédiate.
De leur côté, les promoteurs et les municipalités font face à une pression croissante pour construire davantage de logements, dans un contexte de pénurie immobilière nationale. Le projet de Yehud répond à une demande réelle et bénéficie d’un soutien local, mais il se trouve aujourd’hui au centre d’un débat plus large sur les limites de l’urbanisation dans un pays riche en vestiges archéologiques et en mémoire religieuse.
À mesure que les fouilles se poursuivent, le sort du projet dépendra en grande partie des résultats rendus par l’IAA. Toute confirmation d’un site funéraire juif pourrait entraîner des modifications du plan de construction, voire son abandon pur et simple. En attendant, le chantier reste sous haute surveillance, au croisement de la foi, de l’histoire et des enjeux fonciers contemporains.
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