Depuis, chaque année, je viens à Ticha Béav avec cette image

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Depuis, chaque année, je viens à Ticha Béav avec cette image

À une époque, chaque année, le jeûne de Ticha Béav m’embarrassait. Comment pleurer sincèrement un Temple détruit il y a 2000 ans ? Alors, j’allais à la synagogue par devoir, écoutais distraitement la Méguila d’Eikha — un texte de lamentations écrit par Jérémie après la destruction de Jérusalem — l’esprit ailleurs.

Tout a basculé quand j’ai commencé à enseigner à de jeunes immigrants éthiopiens, en Israël. Ces milliers de Juifs, arrachés à notre peuple depuis des générations, gardaient le Chabbath avec une ferveur bouleversante… mais ignoraient notre histoire récente. Ma mission : leur apprendre l’hébreu et combler leurs lacunes religieuses pour faciliter leur intégration.
Un matin de Roch ‘Hodech Nissan, j’expliquais Pessa’h à ma classe de vingt élèves : « Autrefois, chaque Juif montait au Temple de Jérusalem pour les trois fêtes de pèlerinage. »
Soudain, un élève bondit :
— Rav, vous étiez au Temple ?
Je souris, pensant à une confusion d’enfant :
— Non, c’était il y a très longtemps, bien avant ma naissance.
Mais toute la classe insistait, interrogeait, s’animait :
— Votre père peut-être ? Votre grand-père ? Vous y êtes déjà allé ?
J’ai répondu calmement :
— Non. Le Temple a été détruit il y a deux mille ans. Il n’existe plus aujourd’hui.
Le silence laissa place à l’agitation. Chuchotements, regards inquiets… Les enfants sont repartis bouleversés.
Le lendemain, une foule de parents m’attendait devant l’école. En colère. À ma vue, le silence tomba.
Un homme s’avança :
— Vous êtes le Rav de nos enfants ?
— Oui, pourquoi ?
— Ils disent que vous leur avez affirmé… qu’il n’y a plus de Temple à Jérusalem. Qui peut dire une chose pareille ?
J’ai tenté d’expliquer, avec douceur, la destruction du Temple par les Romains il y a deux millénaires. L’homme a traduit à voix basse. Et soudain, les cris ont repris.
Un père m’a demandé d’une voix tremblante :
— Vous êtes sûr ?
Une femme s’est effondrée en larmes. Une autre sanglotait. Un homme me regardait, figé. Les enfants, eux, restaient en retrait, visiblement blessés. J’avais brisé quelque chose. Comme si j’avais annoncé un décès.
Pour ces Juifs éthiopiens, coupés du monde juif depuis des siècles, le Temple existait encore. Pas en ruines, pas en souvenir. Vivant. Dans leur cœur. Dans leurs prières. Et moi, en leur révélant la vérité, j’avais tout bouleversé.
L’année suivante, quand Ticha Béav est revenu, j’étais transformé. Assis par terre à la synagogue, je revivais cette scène. Les visages. La douleur. Le choc.
J’ai compris ce jour-là : le Temple n’est pas un bâtiment ancien. C’est le cœur vivant d’un peuple. Le centre de sa spiritualité. Son absence est une plaie béante. Une blessure ouverte depuis 2000 ans.
Depuis, chaque année, je viens à Ticha Béav avec cette image gravée en moi. Et je pleure. Je pleure l’unité perdue, la Présence Divine exilée. Car le Temple nous manque. Parce que Lui, Il nous manque.

B. B sur Meta

P.S – Chers amis, lorsque le roi Salomon a construit le Beth Hamikdach, la Présence divine remplissait les lieux. D.ieu résidait parmi nous. Une simple visite à Jérusalem transformait une vie. Le peuple entier était connecté à la spiritualité, à la vérité, à la joie. Nous avions le Sanhédrin, cette assemblée de 71 Sages d’où jaillissait toute la lumière de la Torah. Nous avions les Prophètes, ces messagers de D.ieu qui nous parlaient directement, nous remettaient sur le bon chemin. Trois fois par an, tout le peuple se rassemblait à Jérusalem pour servir D.ieu, dans la joie, la musique, les chants et la beauté. Les gens dansaient, mangeaient les sacrifices, ressentaient D.ieu. À Souccot, on dansait 7 jours et 7 nuits sans s’arrêter. Les fruits de la Terre d’Israël étaient splendides. Les Nations respectaient notre sagesse et nous consultaient. Le simple Juif qui se levait le matin était d’un niveau spirituel inimaginable aujourd’hui. Mais tout cela a été détruit. Le Temple a brûlé. Le lien direct avec D.ieu s’est brisé. Notre fierté a été profanée. Nous sommes devenus des cibles faciles, accusés de tous les maux, moqués, humiliés, persécutés.

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