Le canon Caesar français a encore fait mouche. Il vient d’engranger dans la même semaine deux grosses commandes à l’étranger, avec tout d’abord la Croatie qui a acheté le 8 décembre 18 systèmes d’artillerie Caesar MkII, ainsi que quinze véhicules blindés Serval, pour un total de 320 millions d’euros. La Lituanie a annoncé à son tour mercredi avoir commandé 30 nouveaux Caesar pour 252 millions d’euros, selon le ministère de la défense lituanien. Le pays balte avait déjà commandé 18 Caesar MkII en décembre 2022.
Avec ce dernier contrat, KNDS France a ainsi écoulé plus de 800 canons Caesar vers 15 pays, selon un décompte effectué par La Tribune. Les plus gros acheteurs à l’étranger sont l’Arabie saoudite (156 exemplaires), l’Ukraine (90 + 49 cédés), la République tchèque (62) et l’Indonésie (55). Plus de 470 exemplaires ont déjà été livrés.
« Capable de tirer six coups en une minute, puis de quitter la zone »
Voilà qui montre que la France ne vend pas que des Rafale ou des frégates à l’étranger, mais se distingue aussi dans l’armement terrestre, secteur où elle est, pourtant, souvent décriée. Le succès du canon Caesar s’explique notamment par sa « fiabilité », assure KNDS, éprouvée depuis le début de la guerre en Ukraine. Principal fournisseur d’armement terrestre à l’Ukraine, KNDS s’appuie en effet sur un retour d’expérience de terrain unique, puisque près de 120 Caesar sont présents dans le pays.
Le taux de destruction du Caesar, qui se déplace sur roues, « est d’environ 11 % en Ukraine alors qu’il va jusqu’à 50 % pour certains systèmes, plus lourds et souvent chenillés », assure KNDS. Le canon « a déjà prouvé sa robustesse, sa fiabilité, et la simplicité de sa maintenance aussi bien en contre-insurrection qu’en conflits de haute intensité, poursuit l’industriel. Le Caesar allie rapidité et précision, puisqu’il est capable de se positionner en batterie, de tirer six coups en une minute, puis de quitter la zone. »
Nouvelle cabine blindée et moteur plus puissant
Depuis l’entrée en service du premier Caesar (acronyme de « camion équipé d’un système d’artillerie ») en 2008, celui-ci a déjà fait ses preuves en Afghanistan, au Mali et en Irak, et ne cesse d’évoluer. La nouvelle version MkII apporte son lot d’améliorations, s’adaptant notamment aux nouvelles contraintes constatées en Ukraine, où il doit désormais faire face aux défis de la transparence du champ de bataille grâce aux satellites, et aux drones.
La nouvelle génération du système d’artillerie français, équipé d’un canon de 155 mm, offre « une protection renforcée contre les mines et les IED [Improvised Explosive Device, engins explosifs improvisés] grâce à sa nouvelle cabine blindée, un moteur plus puissant et une mobilité accrue, une architecture numérique entièrement revue, garantissant interopérabilité, cybersécurité ainsi qu’une intégration optimale des systèmes de conduite des feux d’artillerie Atlas et des systèmes de communication, développés et fournis par Thales ».
Mobilisation de 150 milliards d’euros par la commission européenne pour le réarmement des pays de l’UE
Pour répondre à ce nouvel afflux de commandes, l’usine KNDS de Bourges a triplé sa production du canon Caesar depuis le début de la guerre en Ukraine et se prépare à encore accélérer ses cadences. C’est dans cet immense atelier que sont usinés les canons de neuf mètres de long qui équipent les Caesar. Les engins sont ensuite assemblés sur le site KNDS de Roanne, où l’on est passé à six Caesar par mois en 2024, avant de monter progressivement à huit cette année, contre deux en moyenne avant 2022.
L’achat des Caesar par les pays membres de l’Union européenne (UE) est toutefois rendu, aussi, possible grâce au programme Safe (Security for action for Europe). Cet accord doté de 150 milliards d’euros doit permettre de faciliter les achats en commun d’armements des pays de l’UE, et encourager l’industrie de défense européenne. La Croatie bénéficie d’une enveloppe d’environ 1,7 milliard d’euros dans le cadre de ce dispositif, et la Lituanie de plus de 6,3 milliards.
Même si l’Allemagne, notamment avec le puissant industriel Rheinmetall, est bien décidée à devenir l’acteur central du mouvement de réarmement en Europe, la France s’affirme aussi « comme un acteur clé du réarmement européen » et « joue un rôle central dans le renforcement d’une base industrielle et technologique de défense européenne (BITDE) crédible, autonome et souveraine », assure le ministère des Armées, dans un communiqué du 1er octobre dernier. La France restait en 2024 le deuxième exportateur d’armement au monde, essentiellement grâce à l’aéronautique.
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